GOMA (RDCongo), 21 fév 2013 (AFP) – Quelques jours avant la signature à Addis Abeba d’un accord international destiné à ramener la paix dans l’est de la République démocratique du Congo, la situation sécuritaire y est tendue, les groupes armés et les mouvements rebelles disputant le terrain à l’armée régulière sous le regard des Nations Unies.
Le mouvement rebelle M23 qui a occupé pendant 10 jours en novembre, Goma la capitale régionale du Nord Kivu, et s’en est retiré après une intervention des pays de la région, reste à quelques kilomètres de la ville alors qu’il s’était engagé à s’en éloigner de 20 kilomètres.
Ce mouvement constitué d’anciens rebelles intégrés dans l’armée qui se sont mutinés il y a prés d’un an occupe une partie du territoire au nord de Goma. Les discussions ouvertes depuis plus de 2 mois avec le gouvernement à Kampala piétinent.
Mercredi, la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Congo (Monusco), a qualifié la situation cette région de “tendue et imprévisible”. La Monusco, très critiquée pour son rôle passif lors de la prise de Goma, semble attendre avec impatience l’arrivée d’une brigade d’intervention dont le mandat ne serait plus le maintien de la paix mais son imposition, apprend-on de source diplomatique.
Un nouveau mandat et une résolution seront cependant nécessaires. En attendant, l’ONU renforce ses positions autour de l’aéroport.
A quelques centaines de mètres de la piste, le M23 a également récemment renforcé ses positions situées au nord de la ville et le long de la frontière rwandaise. Kinshasa et l’ONU affirment que ce mouvement est appuyé par le Rwanda et l’Ouganda, ce que ces deux pays récusent. Interrogés, les chefs rebelles ont nié toute volonté offensive mais à Goma, cette proximité est jugée inquiétante.
L’armée régulière, pour sa part, a massé ses troupes à l’ouest de la ville et le chef de l’armée de terre François Olenga au micro récemment de la radio Voix de l’Amérique a dit sa volonté d’en découdre. Selon lui “il n’y a pas d’analyse à faire, c’est la guerre”. “La bataille de Goma sera dure pour le M23 et le Rwanda” a-t-il dit.
Pendant ce temps au nord ouest de Goma, à Nyamilima, vers Kiwanja et Ishasha, les MaÏ Maï Shetani ont chassé leurs homologues du groupe Nyatura supposé proche du M23. Ces luttes de terrain entraînent rarement des combats meurtriers, les forces en position commençant par reculer et les assaillants repartant après avoir pillé.
Dans le Sud Kivu, la Monusco a mercredi qualifié la situation militaire de “volatile”, un terme militaire souvent utilisé pour dire qu’on ne peut rien prévoir. Les groupes armés prolifèrent, parfois instrumentalisés pour lutter contre le M23 mais surtout profitant de la focalisation de l’armée régulière contre ce mouvement pour se positionner. Ils se sont montrés actifs dans les territoires de Shabunda, de Walungu et de Mwenga au sud de Bukavu, apprend-on auprès des Nations unies.
Vers l’ouest, dans le Maniéma, la ville de Punya a été brièvement occupée le week end dernier par un autre groupe Maï Maï les Raya Mutombuki. L’armée régulière a repris le contrôle de la ville qu’avaient quittée la plupart des organisations humanitaires. La résidence de l’administrateur, les locaux de la commission électorale et une radio locale ont été pillés.
Ces groupes, armés souvent d’arcs, de flèches et de lances, parfois d’AK47, disparates et indisciplinés, pourraient également avoir des motivations indirectes, apprend-on de source militaire occidentale.
La campagne d’enrôlement dans l’armée lancée depuis plusieurs mois n’a pas eu les effets escomptés dans la population urbaine et les forces armées chercheraient dans ces rangs de nouveaux combattants, a affirmé un observateur attentif de l’armée congolaise.
A la suite de la défaite de l’armée congolaise en novembre dernier à Goma, le président Joseph Kabila avait annoncé qu’elle allait être renforcée. Le budget de la défense a été augmenté d’environ 30%, à 240 millions de dollars pour 2013. Mais selon différentes sources militaires et diplomatiques occidentales, aucune réforme n’est en cours et l’accord prévu à Addis Abeba évoque d’avbord cette indispensable réforme.
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