RDC : Kinshasa n’attend pas grand chose de l’accord d’Addis Abeba

KINSHASA, 22 fév 2013 (AFP) – L’accord international qui doit être signé dimanche à Addis Abeba pour ramener la paix dans l’est de La République du congo (RDC) soulève peu d’espoir à Kinshasa aussi bien dans l’opposition politique que dans les milieux diplomatiques.

Cet accord doit être paraphé par les neuf chefs d’Etat voisins et celui d’Afrique du sud en présence du secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon. Outre les Nations unies, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), la communauté d’afrique australe (SADC) et l’Union africaine (UA) le signeront également.

Selon la presse congolaise, ce texte, assez bref, prévoit, notamment coté congolais, la poursuite des réformes de l’armée et de la police ainsi que la consolidation de l’Etat particulièrement dans l’est du pays. Les pays de la région s’engagent de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des voisins et à ne pas aider ni soutenir de groupes armés.

L’ONU, très critiquée pour la passivité de ses 17.000 représentants lors de la crise de Goma en novembre dernier, s’engage à une révision “stratégique” de sa mission sur place et à nommer un envoyé spécial.

Selon un diplomate européen, une nouvelle résolution du Conseil de sécurité devrait être adoptée pour permettre à une brigade d’intervention d”imposer” la paix. L’actuelle résolution parle de la “maintenir” ce qui faisait dire à certains contingents, indien notamment, qu’ils n’avaient pas mandat pour se battre contre quiconque.

Cette brigade de 2.500 casques bleus sera constituée de troupes africaines et dirigée par un Africain. C’est ce projet qui explique le retard dans l’adoption de cet accord qui aurait dû être signé à Addis il y a quelques semaines. Envisagé en juillet dernier lors d’un sommet de l’Union africaine, il a été repris par New York. Des drones non armés vont être mis en place afin de surveiller l’étancheité des frontières.

 

Un contexte “déliquescent”

 

Malgré ces signes de bonne volonté, “le contexte est déliquescent” a expliqué à l’AFP ce diplomate occidental en tentant de se remémorer le nombre d’accords signés depuis 20 ans pour tenter de rétablir la paix dans cette région. “Tout dépendra du mécanisme de suivi” et s’il saura contraindre Kinshasa à des réformes profondes, a-t-il ajouté.

Les chefs de guerre et les petits groupes armés locaux se sont en effet multipliés pour piller les richesses minières de la région et maltraiter la population. L’Etat ne semble plus exister à l’est de la RDC. Les mouvements insurrectionnels s’y perpétuent pour déstabiliser Kinshasa comme le père de l’actuel président l’avait fait avant d’être assassiné en 2001 après avoir pris le pouvoir.

Depuis la fin du génocide au Rwanda en 1994, les organisations humanitaires comme les organisations Internationales ont pris racine à Goma pour tenter d’aider une population civile principale victime de cette crise qui dure. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) plus de 2,5 millions de personnes habitant dans cette région ont dû se déplacer.

A Kinshasa, où la situation politique est instable depuis les élections contestées de 2011, une partie de l’opposition parlementaire a vu cet accord comme “une mise sous tutelle formelle qui ne dit pas son nom”. “L’avenir et le devenir de notre pays se joue malheureusement en dehors de nos frontières”, a ajouté le coordonnateur des Forces acquises au changement (FAC).

Le Potentiel, important quotidien local, estime qu’il y a “anguille sous roche” et y voit “une ingérence flagrante dans les affaires internes d’un pays en voie de désintégration avancée”.

Pour tenter de reprendre les choses en main le président Joseph Kabila a annoncé à la fin de l’année dernière l’organisation d’un “dialogue national”. Mais chacun en a sa propre vision : apaisante selon la majorité, bouleversante pour l’opposition, qu’elle soit ou non représentée à l’Assemblée.

La signature du Rwanda dans le texte du prochain accord semble d’ores et déjà une tache indélébile pour les congolais car le seul sujet sur lequel s’accordent les forces politiques congolaises est la dénonciation du Rwanda comme principal fauteur de troubles à l’Est, ce qu’il nie catégoriquement, même si les Nations unies ont apporté des preuves de son engagement aux côtés du M23.

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