LA FINTECH a été l’une des thématiques centrales de la 2è édition de Kinshasa Digital Week (KDW), qui a eu lieu les 12 et 13 avril au Pullman Hotel de Kinshasa. Trois grands enseignements sont à retenir de cet événement. Un : en matière de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), les Congolais bouillonnent de créativité et d’esprit d’innovation. À l’ère du numérique, les jeunes congolais rivalisent de génie en apportant des solutions appropriées aux problèmes locaux. Deux : les subventions de l’État font défaut pour encadrer toutes ces énergies et les startups qui évoluent dans ce créneau économique. Trois : nous sommes déjà en plein dans la révolution numérique, on n’a plus le droit de reculer. Au contraire, il faut faire avec.
Au KDW, la problématique été clairement posée : « Les Fintech peuvent-elles favoriser l’inclusion financière en République démocratique du Congo ? » En effet, il est aujourd’hui établi que les Fintech sont un moteur de croissance. Elles participent de l’éclosion de nouveaux métiers et favorisent l’inclusion financière des exclus du circuit bancaire traditionnel. Aujourd’hui, la Fintech est un défi majeur pour le secteur financier en RDC. C’est quasiment un défi de société et de civilisation, déclare Yves Cuypers, le directeur général de la Banque Commerciale Du Congo (BCDC), et président de l’Association congolaise des banques (ACB).
Quel avenir pour la RDC ?
« Nous n’avons pas d’autres choix que celui de l’adaptation. Nous entrons dans un monde dématérialisé qui porte des noms curieux : monnaie électronique, monnaie virtuelle, Bitcoin, smartphone, banque digitale, mobile paiement… », dit-il. Et de nouveaux acteurs qui ne sont pas des banques, font leur apparition dans ce monde. Ce sont particulièrement les sociétés des télécommunications qui se transforment en banques. « C’est un véritable défi à la mesure d’une société qui évolue de plus en plus vite et qui exigera des banques réactivité et souplesse de plus en plus grandes, tant au plan technologique qu’aux plans réglementaire et surtout sécuritaire », souligne Yves Cuypers, toujours prospectif.
On a compris : l’enjeu est celui de l’adaptation à la darwinienne (la théorie de la sélection naturelle). Celui qui ne s’adapte pas, disparaît. Donc, il ne sera pas étonnant de voir dans les prochains jours les opérateurs de téléphonie mobile devenir des banques et les banques qui se transforment en sociétés des télécoms. À la 2è édition du KDW, les participants ont aperçu que les acteurs de la Fintech (banques, messageries financières, sociétés des télécoms et autres) sont contraints et forcés. Ils ne se parlent pas ou alors pas assez pour réagir aux défis nouveaux du numérique. Tous sont à peu près d’accord pour reconnaître que c’est ensemble qu’on relèvera le défi de l’inclusion financière.
Actuellement, au pays et ailleurs en Afrique, la réflexion déborde. Elle est axée sur « Comment la Fintech contribue-t-elle à changer les circuits de paiement classiques » mais aussi sur l’avenir des startups africaines qui se débrouillent seules sans la subvention publique dans la plupart des États africains. Selon les spécialistes de la question, les débats actuels tournent autour de la digitalisation des moyens de payement à travers le continent et le développement entre startups et multinationales en Afrique.
C’est non sans raison que les spécialistes focalisent leur regard sur le meeting international de Paris entre multinationales, professionnels financiers, startups, journalistes, spécialistes, qui aura lieu le 21 juin. Depuis une vingtaine d’années, avec le développement d’internet, les modes de consommation sont profondément bouleversés, expliquent-ils. Le digital a créé un environnement dans lequel l’innovation est la norme, et cette évolution suscite de nouvelles idées basées sur la technologie. Ces idées permettent de contourner les barrières traditionnelles du commerce, mais surtout les entreprises traditionnelles, souvent engluées dans un mode de fonctionnement ancien. Si cette révolution numérique a touché tous les secteurs du commerce, certains secteurs ont cependant été touchés plus récemment, protégés jusque-là par un environnement réglementaire spécifique, formant une sorte de « barrière à l’entrée ». Tel est le cas du secteur financier, de celui de la banque, de l’assurance et de la gestion qui est à son tour touché par cette révolution digitale. Tous sont d’accord que la crise financière de 2008 a sonné comme un révélateur brisant la confiance des citoyens dans le système financier. Cette crise a révélé un énorme fossé entre les attentes des consommateurs et l’industrie financière.