ENVIRON quelque 230 millions d’emplois exigeront des compétences numériques en Afrique subsaharienne d’ici 2030. C’est ce qu’a indiqué, la Société financière internationale (SFI) dans un rapport publié récemment. D’après l’institution, cette forte demande sera alimentée par la croissance économique rapide de l’Afrique, ainsi que par la numérisation et l’automatisation de ses secteurs agricoles, manufacturier et des services.
Le rapport indique également que cette demande représente un marché de formation potentiel de plus de 130 milliards de dollars, pouvant profiter aux investisseurs et opérateurs du secteur de l’éducation. En s’appuyant sur la formation aux compétences numériques de sa future main-d’œuvre, estime la SFI, l’Afrique pourrait bénéficier d’une croissance économique plus soutenue, tout en réduisant le niveau de chômage du continent.
Près de 80 % des acteurs du secteur de l’industrie interrogés par les auteurs du rapport ont indiqué que la croissance économique africaine pourrait être négativement affectée, si les offres de compétences numériques se révélaient insuffisantes au cours des prochaines années. « Les approches de l’apprentissage devraient être reconsidérées afin que les gens des marchés émergents puissent travailler et bien vivre dans une ère de changements technologiques rapides », déclare Sergio Pimenta, le vice-président de la SFI pour le Moyen-Orient et l’Afrique. Et d’ajouter : « Le secteur des compétences numériques en Afrique subsaharienne est mûr pour l’investissement et la participation du secteur privé ».
Usages sur les outils
Ailleurs, la problématique est prise très au sérieux. Des stratégies sont en train d’être mises en œuvre pour surmonter les difficultés rencontrées quand on utilise des outils informatiques et numériques. Selon une étude du centre de recherche Alter, généralement, face aux difficultés à utiliser les outils numériques, les proches constituent le premier recours. En cas de difficultés avec l’utilisation des outils numériques, souligne cette étude réalisée à Kinshasa, 43 % des adultes cherchent de l’aide dont 36 % d’entre eux auprès de leurs proches.
A contrario, 39 % des personnes interrogées déclarent se débrouiller seuls (31 %) ou ne jamais rencontrer de difficultés (8 %). Finalement 10 % des sondés n’utilisent jamais d’outils informatiques et numériques et 8 % sont contraints à abandonner dès qu’ils rencontrent une difficulté.
En creux, ces éléments montrent qu’une très faible fraction de la population dépasse son cercle proche lorsqu’il s’agit de chercher de l’aide en cas de difficultés. Ainsi, seuls 5 % de la population se tournent vers des professionnels (vendeurs, associations, structures spécialisés, entreprises, assistance informatique).
Les hommes affirment se débrouiller seuls plus souvent que les femmes, qui elles sont plutôt enclines à chercher de l’aide. L’âge joue également un rôle important, les jeunes ne rencontrant pas de difficultés ou se débrouillant tout seuls, alors que les personnes plus âgées préfèrent demander de l’aide ou abandonner (particulièrement passé 60 ans). Seuls 14 % des plus âgés se disent autonomes dans l’utilisation des outils numériques.
Le niveau de diplôme et de revenus est déterminant : plus celui-ci est élevé, plus les individus interrogés affirment se débrouiller seuls ou ne pas avoir de problèmes. Il est vraisemblable que les diplômés du supérieur ont bénéficié d’une meilleure initiation et formation à l’informatique au cours de leurs études initiales et que les personnes ayant un revenu élevé ont plus de chances d’être confrontées au quotidien dans leur travail à des outils informatiques, ce qui induit soit une formation préalable pendant les études, soit un apprentissage au cours de la carrière professionnelle.
Apprentissage gratuit
Face aux difficultés à utiliser les outils numériques, une personne sur trois est prête à suivre une petite formation gratuite ; 6 % opteraient pour une formation payante plus complète. Parmi les 92 % des Kinois qui rencontrent des difficultés en utilisant des outils informatiques et numériques (on exclut ici ceux qui déclarent ne rencontrer aucune difficulté particulière), près de 40 % d’entre eux souhaitent pouvoir être formés soit sous forme d’une petite formation gratuite pour être autonome sur ces outils (33 %), soit sous la forme d’une formation payante (maximum 50 dollars) plus complète (6 %).
A contrario, cela signifie que 60 % de la population ne souhaite pas être formé, notamment les personnes qui n’utilisent pas d’outils informatique (82 %), ceux qui demandent de l’aide à des collègues (69 %) et ceux qui se débrouillent seuls (64 %). Les individus qui payent déjà quelqu’un pour les assister sont les plus enclins à payer une formation (12 %), de même, dans une moindre mesure, que les personnes qui abandonnent ou s’adressent à des professionnels.
Sur les critères socio-démographiques, on observe une certaine homogénéité des comportements. Ainsi, ce sont à la fois les plus jeunes et les plus âgés qui souhaitent le moins souvent être formés. Les raisons en sont probablement différentes : les plus jeunes préfèrent se débrouiller seuls, tandis que les plus âgés (moindre utilisateurs des outils informatiques) ressentent moins le besoin de formations.
Parmi les possibles lieux ressources, les médiathèques sont, de loin, les établissements les plus connus (63%) ; près d’une personne sur quatre dit connaître un EPN près de chez elle
Sur le territoire, il existe des lieux ressources où des accompagnements aux démarches en ligne sont proposés, tout comme un apprentissage numérique.
Concrètement, ce sont les médiathèques qui sont citées le plus souvent : 63% des répondants en connaissent une près de chez eux. 22% connaissent, toujours près de chez eux, un espace public numérique, 14% une maison de service public et 12% une cyber base.
Dans tous les groupes de population, ce sont les médiathèques qui sont le plus fréquemment citées (de 47% pour les non diplômés à 80% pour les communes des villes moyennes de 20.000 à 100.000 habitants).
Les écarts principaux, sur ces questions, sont liés au niveau de diplôme et au lieu de résidence. • Plus l’enquêté est diplômé et plus il connaît (parce qu’il les fréquente ?) les lieux qui sont proposés. Un diplômé du supérieur a deux fois plus de chance de connaître un espace public près de chez lui qu’un non diplômé (25% vs 13%). • Ce sont dans les villes moyennes que les médiathèques sont le mieux identifiées et connues des résidents (presque 20 points de plus que sur le reste du territoire)
Finalement, 7 personnes sur 10 connaissent au moins un de ces lieux, 3 sur 10 n’en connaissant aucun près de chez elles. 52% des non diplômés en connaissent un, contre 80% des diplômés du supérieur. Les individus adultes qui sont prêt à suivre une formation payante sont plus nombreux à connaitre un lieu d’accompagnement dans les démarches en ligne et d’apprentissage du numérique (Tableau 103). Ainsi, 21% d’entre eux connaissent près de chez eux une maison de service au public, 18% une cyber base et 15% un autre lieu tel qu’un fablab ou une ressourcerie. En revanche, pour les espaces publics numériques et les médiathèques, cette catégorie de population est alignée avec la moyenne. Pour ces lieux, ce sont plutôt les personnes qui veulent suivre de petites formations gratuites qui en ont une meilleure connaissance. Cela peut s’expliquer par le fait que ces lieux sont plutôt orientés « grand public », ce qui correspond à la cible des individus cherchant à réaliser de petites formations gratuites.