DANS UN TWEET, Donald Trump, le président américain, a indiqué que leurs équipes respectives allaient commencer à négocier à partir de mercredi19 juin. C’est donc parti pour la reprise du dialogue au plus haut niveau. Mais les observateurs s’interrogent : une parenthèse ou la fin de la guerre commerciale ? Dans son tweet, Donald Trump a révélé avoir eu une « très bonne conversation téléphonique avec le président chinois Xi Jinping ». Et d’ajouter : « Nous aurons une longue rencontre la semaine prochaine (cette semaine, ndlr) au G20 au Japon… »
De son côté, Xi Jinping, le président chinois, a plaidé en faveur de la coopération. « La Chine et les États-Unis gagneront tous deux à coopérer, et perdront en s’affrontant », a-t-il déclaré lors de son entretien avec son homologue américain, selon un compte-rendu diffusé par la télévision d’État chinoise CCTV. Cette rencontre pourrait non seulement relancer le processus de négociations, mais encore arrêter l’escalade de taxes douanières punitives réciproques. Larry Kudlow, le conseiller économique de la Maison Blanche a toutefois invité à la prudence, soulignant qu’il était difficile de présager du résultat de cette rencontre.
Prudence, prudence…
Il n’y a «pas de garantie de progrès notables », a-t-il déclaré à des journalistes. « Je ne veux pas spéculer » sur la possibilité d’une avancée dans les négociations, a-t-il ajouté. Larry Kudlow a en outre insisté sur le fait que les objectifs de l’administration Trump restaient inchangés. « Nous souhaitons toujours des changements structurels », a-t-il martelé, déplorant une nouvelle fois le non respect par la Chine des règles du commerce international.
« Je pense que nous avons une chance. La Chine veut un accord. Ils n’aiment pas les tarifs douaniers », a commenté Donald Trump. Cette annonce intervient au moment même où l’administration Trump mène à Washington des auditions publiques d’entrepreneurs américains qui redoutent une nouvelle vague de droits de douane sur environ 300 milliards de dollars de biens chinois supplémentaires. Il y a quelques semaines, Donald Trump a chargé Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce (USTR), de mener des investigations sur l’opportunité d’imposer plus de taxes douanières faute d’accord avec Pékin. Il avait accusé en mai les autorités chinoises d’être revenues sur l’ensemble de leurs engagements pour faire cesser des pratiques commerciales déloyales, dont le transfert forcé de technologie, le vol de propriété intellectuelle et les subventions d’État massives.
Si ces taxes entraient en vigueur, la totalité des plus de 500 milliards de dollars de biens achetés par les États-Unis à la Chine chaque année serait alors surtaxée. Le président républicain a déjà imposé des droits de douane de 25 % sur 250 milliards de dollars de biens chinois. Pour l’heure, l’économie américaine reste solide, relativement épargnée par les représailles chinoises, a récemment constaté le Fonds monétaire international (FMI). Pour absorber la hausse des droits de douane, les entreprises chinoises ont probablement baissé les prix de leurs produits. Ce qui fait dire à Larry Kudlow que les entreprises chinoises « perdent de l’argent » et « des parts de marché ».
« Situation intenable »
Si, pour l’heure, la Chine pâtit davantage de cette guerre commerciale, de nombreux économistes estiment qu’à long terme, celle-ci aura un impact important sur la première économie du monde, en érodant notamment la confiance des consommateurs et du monde des affaires. Dans une lettre adressée au président américain, des centaines d’entreprises américaines, dont les géants de la distribution Target et Walmart, ont averti que cette nouvelle salve pourrait coûter deux millions d’emplois et réduire la croissance du PIB américain d’un point de pourcentage.
La dernière tranche de droits de douane vise des produits très prisés des consommateurs, tels que les téléphones et les ordinateurs portables qui avaient été « jusqu’alors épargnés » par les taxes supplémentaires, a reconnu Robert Lighthizer, le représentant au Commerce, lors d’une audition devant le Sénat. Pour justifier les droits de douane punitifs, il a invité l’opinion à se poser une seule question: « Est-ce que la Chine pose un problème? » Interpellé sur le fait que ces nouvelles taxes sont susceptibles d’affecter les étudiants américains déjà surendettés, Lighthizer a rétorqué: « Je dirais à ces étudiants que si la Chine ne respecte pas votre propriété intellectuelle, vous n’aurez plus d’emplois à l’avenir et, pire encore, vos enfants n’en auront pas ».