LES TECHNICIENS dépêchés à Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental, travaillent sous la supervision de Bonnard Nsumbu, chef du service d’aide à la navigation. La station en réhabilitation joue un rôle important dans la mesure où elle émet des signaux que l’avion pris en charge capte pour s’assurer qu’il est dans la bonne direction durant sa navigation, et éviter ainsi de s’égarer.
L’aéroport Bipemba de Mbuji-Mayi a connu une fermeture, fin 2018, suite aux travaux de colmatage de sa piste dont une partie s’est envolée lors du décollage d’un cargo de la compagnie Gomair. De l’aveu même des agents de la Régie des voies aériennes (RVA), Bipemba aurait dû être fermé depuis des lustres pour une réhabilitation efficiente.
La RVA dispose, en effet, depuis les années 1990, d’un projet de modernisation de Bipemba mais qui exige, au préalable, la fermeture de l’aéroport.
La dernière fois que l’aéroport de Mbuji-Mayi a connu des travaux de viabilité remonte à mi-août 2017, à la faveur du déploiement du matériel militaire (autos blindées, engins automoteurs et autres véhicules de transport) d’un contingent sud-africain de la MONUSCO dans la ville chef-lieu du Kasaï-Oriental. Du temps de Mobutu, le projet de modernisation de Bipemba s’était toujours heurté à un refus autant de l’élite que de l’opinion estimant que le pouvoir de Kinshasa voulait, en réalité, étouffer économiquement une province réputée réfractaire et bastion de l’opposition.
Depuis, le projet a crashé. Et pourtant, au jour le jour, la piste de Bipemba se détériore sous l’effet des têtes d’érosions et du poids de l’âge.
Avions de gros tonnage
Principale voie d’accès aux provinces enclavées de l’espace kasaïen, l’aéroport de Bipemba rapporte gros. Ici, tout ou presque, est acheminé par voie aérienne : produits manufacturiers, ciment et même du carburant. Dans le souci d’aménager Bipemba d’une exploitation qui pousserait à sa fermeture sur une longue durée, des compagnies de transport auraient convenu de ne plus aligner de gros porteurs sur cette piste.
Fin décembre 2015, du temps du directeur général Claude Kirongozi, Congo Airways avait dû suspendre ses vols à destination de Mbuji-Mayi, à la suite d’un atterrissage mouvementé de son Airbus A320. Des pierres se détachaient, en effet, de la piste et heurtaient violemment la carlingue de l’avion. Mais hélas, cette consigne n’est pas toujours respectée par des compagnies aériennes. Des observateurs incriminent la passivité sinon la complicité de l’Autorité de l’Aviation Civile (AAC) et de la RVA qui donnent leur quitus à l’atterrissage et au décollage des avions cargos.
À Mbuji-Mayi, le projet d’un nouvel aéroport domine l’opinion. Le gouvernorat local a déjà rassuré de la matérialisation de ce projet. Mi-novembre 2017, une délégation grecque des entrepreneurs et financiers du consortium regroupant les sociétés DCA/Africa Construction SARL et Fidelity SARL a convenu avec les experts de la RVA du projet de construction d’un nouvel aéroport de la province du Kasaï-Oriental, dans la localité de Tshipuka dans la chefferie de Bakwa Kalonji, en territoire de Tshilenge, à quelque 20 km au sud de Mbuji-Mayi. Dourkas Anastasios, le chef de la délégation du consortium grec, avait d’ailleurs, officiellement, présenté le projet aux autorités de la province. Il sied toutefois de noter qu’aucun aéroport de la RDC ne figure sur la liste actualisée des 20 aéroports les plus dangereux du monde, publiée par l’agence canadienne Espresso.