« QUAND tu parles, tu ne fais que répéter ce que tu sais. Mais quand tu écoutes, tu peux apprendre quelque chose de nouveau », conseille Dalaï Lama, le chef spirituel du Tibet. Trois heures d’entretien avec Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, ce n’est pas rien et ce n’est pas donné à tout le monde ! James Mwangi, CBS, le Chief Executive Officer & Managing Director d’Equity, nous confie avoir été particulièrement impressionné par la capacité d’écoute du chef de l’État. « C’est un homme qui écoute beaucoup. Il était très attentif à tous les sujets débattus. J’ai eu l’impression de parler beaucoup tellement que je devais répondre à toutes ses questions. Il voulait vraiment tout savoir, et cela m’a semblé comme une coïncidence exceptionnelle avec son entretien auparavant avec le président de la Banque africaine de développement (BAD). J’ai senti en lui quelqu’un à la recherche du juste milieu à travers les questions qu’il me posait. Beaucoup de questions… », ainsi résume-t-il l’impression que le président de la République a laissée sur lui.
Quoi de plus normal donc que son entretien avec Félix Antoine Tshisekedi puisse durer. Normal aussi parce que James Mwangi n’est pas n’importe qui, et qu’Equity Bank fait aujourd’hui partie des Big Four dans le secteur bancaire en République démocratique du Congo, en si peu de temps seulement. « C’est tout simplement phénoménal. Jamais cela ne s’est produit ailleurs dans les pays où nous sommes présents », lance James Mwangi. Qui se félicite : « Nous avons été bien accueillis dans les milieux d’affaires en RDC. Le gouvernement a toujours été à l’écoute… Voilà pourquoi je profite de l’occasion que vous m’offrez de remercier le peuple congolais pour l’accueil et la confiance à notre égard. »
Il y fait bon d’investir
Le patron d’Equity a, par ailleurs, adressé un message profond en direction des investisseurs, surtout étrangers. Celui de considérer positivement la RDC. C’est une bonne destination pour les affaires, parce que lui-même est un témoignage vivant. « Beaucoup de choses peuvent être faites en République démocratique du Congo, et cela dans tous les domaines », déclare le patron d’Equity. Fondée en 2005, ProCredit Bank Congo SA est passée sous le contrôle d’Equity Group Holdings Limited du Kenya en 2015, au terme d’un accord de rachat des parts (79 %) de KGaA (PCH), Belgische Investeringsmaatschappij voor Ontwikkelingslanden NV (BIO) et Stichting DOEN (DOEN). L’accord a été conclu avec ProCredit Holding AG & Co, le 26 mai 2015, et a été approuvé par les Banques centrales de la RDC et du Kenya par la suite. Equity Group est devenu le plus grand actionnaire de la banque aux côtés de la Société financière internationale (SFI) et de la Banque de développement KfW (pour le compte du gouvernement allemand).
Les chiffres en hausse
La migration aboutira trois ans plus tard, en 2018, échéance à laquelle la « banque des PME » devait afficher l’enseigne de son nouvel actionnaire majoritaire dont le plan stratégique de développement avait été approuvé par les autorités financières et politiques. En novembre 2015, James Mwangi déclarait à Kinshasa que l’opération avait été finalisée avec « succès ». Ce qui permettait à son groupe d’accélérer ainsi son développement sur le continent africain. L’arrivée d’Equity en RDC a été saluée comme « un nouveau développement sensationnel » pour le secteur bancaire congolais.
En effet, Equity Group est l’un des groupes bancaires les plus solides en Afrique de l’Est et centrale (plus de 5 milliards de dollars et plus de 10 millions de clients), avec des plans d’expansion extrêmement intéressants. L’acquisition de ProCredit Bank correspondait à sa stratégie de croissance d’Equity Group dans le cadre de son engagement à étendre les services bancaires et à améliorer l’inclusion financière en Afrique. Equity prévoyait d’investir dans une technologie de pointe à même de conduire la banque à offrir à ses clients un service facile et plus efficace. C’est pourquoi, l’objectif demeure celui de donner accès aux services financiers à toutes les personnes qui sont encore non bancarisées dans ce vaste pays. Equity Bank mise sur la bancarisation de masse et la fourniture de services bancaires aux particuliers et PME. De septembre 2015 à juin 2019, les chiffres ont explosé : le nombre des effectifs du personnel est passé de 404 à 1 075 (166 %), le total prêt est passé de 130.2 millions de dollars à 269.8 millions (107 %). Le total actif a vu sa courbe monter de 238.1 millions de dollars à 704.2 millions (196 %) et le total dépôt de 167.9 millions de dollars à 530.4 millions (216 %). Le nombre de ses clients, lui, est passé de 128 977 à 558 168 (333 %) ; celui des comptes de 196 083 à 663 538 (238 %). Le nombre des branches est passé de 13 à 44 (plus de 300 %), tandis que le nombre des agences est monté à 2 653.
Célestin Mukeba Muntuabu, le directeur général d’Equity Bank Congo SA, et tout son staff peuvent être fiers des résultats réalisés en un temps record. Cet homme a 12 ans d’expérience dans le secteur bancaire et a occupé divers postes de grande responsabilité au sein de Procredit Bank Congo dont celui de directeur général adjoint en 2008. En octobre 2014, il est nommé administrateur directeur général de cette banque. Il mène avec compétence et succès le modèle de la banque inclusive intégrant tous les segments de clients (micro PME, corporate et private, grand public). Il est aussi vice-président d’UN Global Compact et est l’un des rares Congolais classés dans le top 100 des leaders africains du Club Choiseul. En 2015, le voilà reconduit à son poste de directeur général par le nouveau patron de la banque, Equity Group. Il expliquait que ce dernier avait des plans d’expansion extrêmement intéressants et attractifs. Le plan stratégique visait à créer un millier d’emplois dans les cinq prochaines années, mettre en place un réseau de 3 000 agents, implanter de nouvelles agences à travers le pays. Ce changement, promettait-il, allait apporter des « avantages significatifs » pour la banque et pour sa clientèle sur le long terme. L’ambition de l’actionnaire majoritaire était alors de participer à la réalisation du « rêve congolais » à travers le financement qu’il apporte. Cette ambition tient toujours, car la vision d’Equity est d’être le champion de la prospérité socio-économique des peuples d’Afrique.
James Mwangi assure que rien ne se fera sans le soutien des populations. C’est ainsi qu’Equity met l’accent sur le financement de l’agriculture, du secteur des transports et des actifs (crédits maison, véhicule, etc.), ainsi que sur l’inclusion financière. En innovant, par exemple, avec Agency Banking qui a l’avantage de la rapidité, de la proximité et de la flexibilité, Equity veut booster le taux de bancarisation qui est encore trop faible en RDC, pour approcher celui du Kenya, qui a franchi le seuil de 50 % de la population. « C’est un service de proximité car il peut être réalisé partout grâce à nos agents agréés appelés Equity Cash Express. Ils peuvent être des commerçants, des alimentations, des pharmacies et d’autres formes de commerces à travers le pays », assure-t-il. Le patron d’Equity avoue que beaucoup reste encore à faire mais il reste optimiste. Par exemple, dit-il, le cadre réglementaire continue à s’améliorer. Pour lui, la loi bancaire devrait évoluer, sinon elle va constituer un blocage au bon fonctionnement des banques, notamment en matière de prêt.