LA CRÉATION de cette agence fait suite à l’annonce du Parti communiste chinois de consacrer 60 milliards de dollars au financement de l’Afrique, fait comprendre David Bohigian, le président directeur général par intérim d’Overseas Private Investiment Corporation (OPIC). C’est, d’ailleurs, poursuit-il, le même montant qui sera consacré à la nouvelle agence par le gouvernement américain. La Development Finance Corporation (DFC) découle, en effet, de la Build, la loi américaine promulguée fin 2018 par Donald Trump, le président des États-Unis, et présentée comme « une meilleure utilisation des investissements au service du développement ».
Le président américain ne s’en est point caché : « La DFC est un outil de diplomatie économique destiné à contrecarrer l’influence de Pékin en Afrique. » Auteur de « La guerre économique » et chef du département de communication institutionnelle et veille stratégique d’Afriland First Bank, Maurice Simo Djom, interrogé par des médias en ligne, estime : « La DFC est une nouvelle qui ne doit ni réjouir ni attrister l’Afrique ». La Chine avance ses pions sur ce jeu d’échecs, les États-Unis aussi. Il appartient à l’Afrique de revoir son rôle dans ce jeu. »
Réintégrer l’AGOA
Pour la République démocratique du Congo, il va falloir avant tout réintégrer l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), estime le directeur exécutif de la Haute académie de la société civile congolaise, Hasco Richie Lontulungu. Le déficit de la démocratie, les atteintes répétées aux droits humains et autres raisons avancées en 2010 par Washington pour exclure la RDC ne tiennent plus, selon lui. La RDC a enregistré d’énormes progrès sur le plan politique après la tenue des élections du 30 décembre 2018. Il y a encore quelques semaines, Élodie Ntamuzinda W’igulu, membre de la plénière de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), déléguée de la RDC à la 5è conférence annuelle d’AGOA, qui s’est tenue à Washington, du 10 au 11 avril 2019, a imploré les décideurs étasuniens de bien vouloir réintégrer la RDC dans cette structure américaine, dans un délai raisonnable.
L’AGOA est une loi américaine sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique, votée et promulguée en mai 2000 par le Congrès américain, sous l’égide du président Bill Clinton. Elle permet aux pays de l’Afrique subsaharienne d’exporter sur le marché américain sans droit de douane et prévoit des programmes pour créer d’importantes opportunités pour les pays remplissant les conditions et pour changer fondamentalement la structure des économies bénéficiaires.
L’AGOA vise, entre autres, à promouvoir le commerce et les investissements entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne en accordant aux pays admis un accès exceptionnel au marché américain, encourager le développement économique et les réformes en Afrique subsaharienne ainsi qu’à favoriser un accès et des possibilités accrues pour les investisseurs et entreprises en Afrique subsaharienne.
Il sied cependant de relever que Trump a remis en cause certaines clauses de l’AGOA, notamment celle qui supprimait les contingentements au textile et aux vêtements en provenance d’Afrique subsaharienne. Toutefois, aucune source contactée par Business et Finances n’a confirmé ni infirmé si les États-Unis conditionnaient l’accès au financement de la DFC à l’adhésion à l’AGOA. Les USA ont, on le sait, annoncé leur ferme volonté d’investir derechef dans l’ancien Zaïre.
Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain (ministre des Affaires étrangères), en a donné l’assurance à Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le chef de l’État, lors de son séjour étasunien, début avril. À travers l’USAID, Washington s’est déjà engagé à accorder à la RDC près de 140 millions de dollars de dons-projets.