L’IMPOSANT éléphant, symbole de la Banque Commerciale Du Congo, ne trône plus devant l’immeuble de 17 niveaux sur le Boulevard du 30 Juin à Kinshasa. Il a été rangé dans le hall du rez-de-chaussée. Pourtant, il fait partie du paysage et de l’histoire de la BCDC qui a commencé en 1909. Cette année, la banque célèbre donc 110 ans. C’est l’un des six faits marquants de 2019 pour ne pas être mentionné, a fait remarquer, le mercredi 13 novembre dernier, Yves Cuypers, le directeur général de la BCDC, au cours de la cérémonie de présentation du Rapport annuel 2018 au Fleuve Congo Hôtel.
Les buzz de 2019
À la BCDC, la transparence est bien plus qu’un devoir, c’est devenu même un culte, a dit Yves Cuypers. Au nom donc de cette transparence, il a révélé qu’un « grave incident » avait été découvert le 2 mai dernier à la banque, avec des complicités internes et externes, causant ainsi un préjudice de 5 millions de dollars à la BCDC. L’enquête se poursuit bien que les principaux auteurs soient encore en liberté.
Toutefois, la banque compte aller « jusqu’au bout » de l’affaire (faux et usage de faux, vol, détournement, abus de confiance…), promet le DG de la BCDC. Qui se veut rassurant : « Les fondamentaux de la banque (solvabilité) n’ont pas été mis en cause. » D’ailleurs, non seulement la police d’assurance de la banque a été reconduite avant l’échéance du 30 juin, mais aussi les auditeurs externes (internationaux) qui ont épluché les comptes au 30 juin, n’ont pas fait des remarques, ni émis des réserves. Par ailleurs, la banque a été notée par Moody’s en juillet dernier.
Autre « buzz » de l’année 2019 : l’ouverture des négociations avec Equity Group Holding au mois de juin. Transparence oblige, Yves Cuypers a indiqué que la recherche d’un partenaire de la BCDC n’est pas une histoire récente. Pour rappel, en 2005, Fortis avait décidé de se retirer d’Afrique, en vendant son réseau africain géré par sa filiale, la Belgolaise. En 2009, George Forrest prend la majorité de l’actionnariat de la BCDC. « Jamais il n’y a eu de l’ingérence dans la gestion de la banque. Monsieur Forrest a laissé l’autonomie de gestion au comité de direction et aux organes exécutifs de la banque. Cette position généreuse a été identiquement la même de l’État congolais dans la gérance, la prise de décisions… », a mis en exergue le DG de la BCDC, comme pour rendre un hommage mérité à George Forrest.
Depuis 2007 donc, il y a eu plusieurs opérations de prise de contrôle, et des discussions avec différents groupes financiers internationaux sans jamais franchir le seuil de la porte et aboutir à un accord. Car l’ambition de l’actionnaire majoritaire a toujours été « constante et permanente » : renforcer la banque, en recherchant librement un partenaire. Un partenaire qui ne soit pas « un concurrent mais avec lequel la banque va être complémentaire de manière à pouvoir développer des synergies, créer la valeur et de nouvelles opportunités ».
Opération amicale
« Avec Equity, c’est une opération amicale, très importante à souligner, voire souhaitée parce qu’il y a complémentarité. Nous pensons que Equity est pour nous le meilleur partenaire. Il n’y a pas encore d’accord en ce moment mais la philosophie qui sous-tend les discussions en cours. L’objectif, c’est de pouvoir intégrer la BCDC dans un ensemble internationalement reconnu, dans l’environnement d’Equity, mettre en évidence les valeurs avec les standards internationaux tout en conservant notre nom, BCDC, et les spécificités », précise Yves Cuypers.Pour lui, le rapprochement, « éventuel », entre les deux entités signifie « une grande capacité à intervenir, un développement accéléré et la mise en place de nouveaux produits et services ». En effet, fait remarquer le DG de la BCDC, Equity Group Holding est reconnu internationalement comme étant le champion de l’inclusion financière dans son pays d’origine. C’est aussi une puissance financière : 2è banque en importance du Kenya, 7 milliards de dollars de total bilan, plus de 200 millions de dollars de résultat net, plus d’1 milliard de dollars de fonds propres, mais aussi des acquisitions dans d’autres pays pour avoir un corridor et la notation B2 chez Moody’s…