DEUX raisons sont avancées : une raison de coût, mais aussi pour ne pas être pris dans la nasse de l’infox sur les « métaux rares ». À force d’avoir crié au loup sur des métaux tel le cobalt, la substitution s’est mise en marche. En attendant les batteries à lithium solide, est-ce la fin du cobalt dans les batteries ? Cette substitution évite des surcoûts financiers et cherche à protéger de l’image associée à l’exploitation du cobalt. Elle est surtout une déviation pour éviter autant que faire se peut les batteries Nickel-Cobalt-Manganèse et aborder le plus rapidement possible l’étape suivante, celle des batteries à lithium solide ; voire plus loin une autre destination les batteries sodium. Qui pâtira de ce mouvement d’éloignement du cobalt ? Il n’est pas certain que tous les constructeurs de batteries suivent cette voie sans cobalt.
Les premières victimes
Toutefois, que ce mouvement d’éloignement soit important ou pas, les producteurs de cobalt en souffriront, mais pas ceux auxquels on pense. En effet, les mines industrielles établies en République démocratique du Congo sont en deuxième ligne, car leur production primaire est le cuivre, le cobalt n’est qu’un produit secondaire qui améliore les marges sans pour autant les construire.
Les premières victimes seront donc les mineurs artisanaux de RDC spécialisés dans le cobalt. Entre Kolwezi et Lubumbashi, ils vivent grâce à des prix du cobalt élevés. Pour eux, la fake news des « métaux rares » aura provoqué la substitution et donc une calamité destructrice. Sans doute penseront-ils à ces amateurs de l’information colporteurs d’infox en répétant la phrase de Victor Hugo : « L’ignorance est une réalité dont on se nourrit ; la science est une réalité dont on jeûne. Être un savant et maigrir ; brouter, et être un âne. »
Les autorités de la province minière du Lualaba avaient annoncé le 17 décembre la délocalisation d’une cité construite sur une mine de cobalt dont les abondantes réserves estimées pourront soutenir le budget de l’État relevé à dix milliards de dollars. « Le plan de délocalisation de la cité de Kasulo existe déjà. Cette cité est construite sur une mine de cobalt. Le coût de la délocalisation est autour de 800 millions de dollars », avait déclaré Richard Muyej, le gouverneur de la province. « Si l’État découvre qu’il y a un intérêt pour toute la nation, il peut délocaliser et indemniser les habitants afin d’organiser l’activité d’exploitation du cobalt de manière à renflouer ses caisses », avait-il expliqué.
La cité de Kasulo à Kolwezi est habité par plus de dix mille familles composées en moyenne d’une dizaine de personnes chacune. Elle a été régulièrement lotie par l’État: des écoles, des églises, des habitations et plusieurs édifices y sont construits. « Avec la mine de Kasulo, le pays a la garantie de se doter d’un budget de 10 milliards de dollars pendant dix ans » (…) Les réserves de cobalt de Kasulo sont estimées à 100 milliards de dollars, a fait remarquer Richard Muyej, estimant que la remontée des cours du cobalt est envisageable dans un avenir proche.