LES valeurs bancaires et les cycliques, jusqu’à présent délaissées, ont nettement contribué à l’embellie des marchés, même si tous les secteurs ont globalement progressé. Le contexte s’améliore grâce à des indicateurs sanitaires et économiques orientés positivement. Après des achats très sélectifs pendant la période cinglante de la crise, les investisseurs se sont orientés tout au long de la séquence hebdomadaire vers une allocation sectorielle plus neutre. Les arbitrages ont, en effet, profité aux valeurs et secteurs délaissés qui se devaient de participer un jour ou l’autre au rallye haussier. De plus, le concept du TINA (There In No Alternative), qui met en avant le peu de supports rémunérateurs, constitue un atout technique pour les actions.
Indices : appel d’air
La réouverture de l’économie se voit dopée par des plans de relance pharaoniques, outils de politiques économiques proactives, et sur le plan monétaire, par des mesures accommodantes de la part des Banques centrales. Cette coordination planétaire constitue un véritable appel d’air à la hausse pour les indices. Les trajectoires ascendantes des actions attestent du pari pris par les opérateurs sur un rebond économique synchronisé. Il ne faudrait pas que certains freins à la reprise s’activent, comme la résurgence des tensions entre la Chine et les États-Unis ou une nette détérioration du marché de l’emploi américain, auquel cas la volatilité pourrait gagner quelques points.
Sur la semaine écoulée, en Asie, le Nikkei a engrangé 7.3 %, le Shanghai Composite 1.3 % tandis que le Hang Seng a grappillé seulement 0.2 % (-3.7 % la semaine d’avant), toujours alourdi par les nouvelles lois de sécurité nationale à Hong Kong. En Europe, le CAC40 a enregistré une performance hebdomadaire de 6.1 %, le Dax a performé de 5.1 % et le Footsie de 2.2 %. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal a gagné 2.4 %, l’Espagne 6.2 % et l’Italie 5.6 %. À New-York, le Dow Jones s’est adjugé 3.5 %, le S&P500 a progressé de 2.5 % et une fois n’est pas coutume, le Nasdaq100 a sous-performé, grappillant seulement 0.5 % sur la semaine.
Matières premières. Du côté des métaux de base, le zinc a évolué une nouvelle fois à la baisse à 1 918 dollars, tandis que l’étain, le cuivre et l’aluminium ont avancé à respectivement 15 590, 5 300 et 1 500 dollars. Marché actions. La société Swedish Match est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de produits de tabacs : tabac à priser (50 %), cigares (38 %), allumettes et briquets (8 %). Grâce à de fortes marques nationales, les États-Unis représentent 57 % de son chiffre d’affaires, contre 35 % en Scandinavie. La compagnie basée à Stockholm possède un excellent rating surperformance qui met en exergue des qualités fondamentales telles une forte rentabilité avec des marges nettes élevées (29 %) et des révisions positives d’estimation de chiffres d’affaires.
2019 aura été une année de changement pour Swedish Match. En plus des records de ventes (1,5 milliard de dollars) et de bénéfice d’exploitation, la compagnie est devenue leader incontesté du marché des produits de nicotine aux États-Unis. La société crée de la valeur pour les actionnaires en offrant aux consommateurs des produits de haute qualité et de manière responsable, des alternatives plus sûres que les cigarettes classiques, dans un but de favoriser la santé publique. L’action suédoise se positionne à la première place des performances de l’indice scandinave (Danemark-Suède-Finlande), l’OMX Nordic 40, avec 31.7 % de hausse depuis le début d’année, ce qui met en lumière la résilience de son activité.
Le marché obligataire a affiché une tendance relativement mitigée tout au long de la séquence hebdomadaire. La tendance moins rémunératrice du Bund a réduit les spreads face aux titres émis par la périphérie sud de la zone euro. Le 10 ans allemand voit son taux de rendement remonter à -0.44 % alors que celui de l’Italie chute de 16 points de base, à 1.43 %, tout comme celui de l’Espagne à 0.56 %. Ces trajectoires divergentes trouvent leur source dans le plan de relance présenté par la Commission européenne avec un fonds de 750 milliards d’euros.
En France, l’OAT s’est stabilisé à -0.07 %. Le trésor est venu sur le marché obligataire pour une levée de fonds sur 20 ans. Les investisseurs anxieux, dans le contexte de marché actuel, se sont rués sur cette nouvelle adjudication. Par conséquent, l’offre de 7 milliards s’est trouvée sursouscrite grâce à une demande globale de 58 milliards d’euros. Aux États-Unis, le T-Bond s’est trouvé peu impacté par les tensions ascensionnelles du conflit sino-américain et s’est stabilisé sur 0.65 %. C’est toujours du côté de la Suisse que les investisseurs trouvent les emprunts à dix ans les plus rassurants mais aussi les moins rémunérateurs (-0.54 %).
Marché des changes
En Europe, l’annonce d’un plan de relance de 750 milliards d’euros a dopé la monnaie unique, même si ce projet trouve de l’opposition dans les pays du Nord, plus partisans de sobriété budgétaire et donc de maîtrise des déficits. La parité majeure (EUR/USD à 1 1140) progresse pour se rapprocher d’une zone de résistance. Cette embellie se vérifie également contre les autres devises refuges, notamment face au franc suisse à 1.07 CHF. Une pause qui doit satisfaire la Banque nationale suisse (BNS).
L’équilibre entre les valeurs monétaires fortes se vérifie, à l’image de l’USD/JPY à 107.80 ainsi que l’USD/CHF à 0.965. Malgré tout, le « dollar index » s’est replié significativement sur la semaine dernière, parcours négatif entraîné par les monnaies secondaires comme en atteste l’USD/RUB qui se traite à 71 unités russes pour un dollar alors qu’au pire moment de la crise pétrolière le billet vert s’échangeait à 81 RUB. Dans l’hémisphère sud, l’AUD (dollar australien) et le NZD (dollar néo-zélandais) continuent leur avancée, avec la réouverture des économies. Le premier se traite à 0.66 USD et l’autre 0.62 USD (+200 points de base pour chacune des paires).
Statistiques économiques. Peu nombreuses la semaine dernière, les statistiques européennes étaient contrastées. En Allemagne, l’IFO (79.5) et les ventes au détail (-5.3 %, contre -12 % anticipé) ont battu le consensus alors que les prix à l’importation ont reculé légèrement plus que prévu, à -1.8 %. Pour la France, l’indice CPI était stable, la consommation des ménages a chuté de 20.2 % (consensus -14.5 %) et le PIB a reculé de 5.3 %. Concernant la zone euro, l’indice CPI était conforme aux attentes à 0.1 %. En Asie, dans l’attente de nouvelles mesures de soutien à l’économie, la production industrielle japonaise a reculé de 9.1 %, les ventes au détail de 13.7 % tandis que les mises en chantier ont chuté de 12.9 %. Le taux de chômage est ressorti à 2.6 %. Outre-Atlantique, le PIB a chuté de 5 % au premier trimestre, les commandes de biens durables de 17.2 % et les promesses de ventes de logements ont dégringolé de 21.8 %. Les dépenses des ménages ont reculé de 13.6 % tandis que les revenus des ménages ont progressé de 10.5 (consensus -7 %). Cette semaine sera tournée vers les indices PMI manufacturier et services des deux côtés de l’Atlantique, mais aussi vers les données concernant l’emploi aux États-Unis, avec l’enquête ADP et le rapport mensuel vendredi prochain.