L’AFRIQUE subsaharienne est confrontée à une crise sanitaire et économique sans précédent qui menace de freiner la dynamique de la région, en annulant les progrès accomplis ces dernières années sur le plan du développement, et d’assombrir les perspectives de croissance régionale dans les années à venir. C’est l’argumentaire de Philippe Egoumé, le représentant-résident du Fonds monétaire international (FMI) en RDC. D’après lui, la pandémie de Covid-19 s’est propagée dans presque tous les pays.
Mesures décisives
Et, comme dans le reste du monde, la crise sanitaire a provoqué une crise économique en Afrique subsaharienne sous l’effet de trois chocs violents : perturbation de la production et forte baisse de la demande ; retombées du ralentissement brutal de la croissance mondiale et du durcissement des conditions financières ; et recul prononcé des cours des produits de base. Par conséquent, « cette partie de l’Afrique devrait enregistrer une contraction de 1,6 % cette année, le pire résultat jamais enregistré. La crise économique exacerbera les conditions sociales et aggravera les vulnérabilités économiques existantes, tandis que les mesures d’endiguement et de distanciation sociale compromettront inévitablement les moyens d’existence d’innombrables personnes », fait-il remarquer. Convaincu qu’« il est urgent de prendre des mesures décisives et d’obtenir l’aide de la communauté internationale pour limiter les pertes humaines et économiques, et protéger les sociétés les plus vulnérables ».
En effet, selon le FMI, la décroissance pourrait toucher le creux de 2,2 % en 2020. La RDC devrait connaître, entre 2019 et 2021, une trajectoire de croissance en forme V, c’est-à-dire si, en 2019, la croissance a été de 4,4 %, cette année pourrait probablement se terminer avec une décroissance de 2,2 % alors que l’hypothèse de la reprise prévoit en 2021 une croissance à 3,2 %. Toutefois, le FMI se tient prêt, si jamais la crise sanitaire venait à s’aggraver et que les besoins de financement augmenter au-delà de nos prévisions, à revenir à la charge pour apporter des financements supplémentaires.
En clair, explique Philippe Egoumé, le gouvernement se doit de déployer de « gros efforts » dans l’assainissement des finances publiques, tout en maintenant le cap des engagements souscrits dans le cadre du Programme de référence avec le FMI, conclu pour la période de décembre 2020 à mai 2021. Comme d’autres économies du monde, frappées de plein fouet par la pandémie de coronavirus, la RDC est déjà en récession. « Si le FMI croit en la capacité de la RDC de rebondir en une année, après la sortie de crise de Covid-19, les autorités congolaises devraient rester néanmoins prudentes, tout en intensifiant des réformes pour renforcer davantage la gestion des finances publiques », a recommandé le représentant du Fonds en RDC.
D’ores et déjà, le FMI a posé un geste louable pour aider la RDC à équilibrer ses comptes, à la suite de l’assèchement des recettes qu’impose la pandémie de Covid-19. Ainsi, après avoir effacé plus de 20 millions de dollars de service de la dette due au FMI, la RDC vient de bénéficier également d’un apport de plus de 363 millions de dollars de soutien à la balance des paiements au titre de la Facilité de crédit rapide (FCR). En fait, il s’agit d’aider la RDC à satisfaire les besoins de financement de la balance des paiements qui découlent de la pandémie de Covid-19.
Un choc violent
Le FMI est d’avis que la RDC subit un grave choc avec l’impact économique de la pandémie de COVID-19 qui se fait progressivement sentir et les perspectives économiques à court terme se dégradent rapidement. Il se félicite néanmoins de la réaction du gouvernement qui a augmenté les dépenses de santé, tout en adoptant une série de mesures d’endiguement et d’atténuation. Pour l’instant, le FMI croit que la RDC a la maîtrise de la situation. Ce n’est pas le moment, estime le FMI, de ne pas lâcher prise. Le gouvernement doit intensifier les réformes.