SELON l’analyste Edward Moya, de Oanda, les fondamentaux de l’or n’ont pas changé la semaine dernière, et la phase actuelle pourrait servir de base à de nouveaux records. « Les prix sont aidés principalement par les craintes d’une deuxième vague de coronavirus », estime-t-il. En effet, la pandémie de Covid-19 continue de progresser dans le monde, avec un nouveau record de contaminations sur 24Hrs battu le jeudi 16 juillet aux États-Unis et les caps symboliques des 1 et 2 millions de malades franchis en Inde et au Brésil à la fin de la semaine dernière. Comme autre facteur de hausse du métal jaune, les analystes pointent l’affaiblissement du dollar, qui a perdu plus de 2 % face à l’euro depuis le début du mois. Libellé en billet vert, une baisse de la devise américaine rend le métal précieux moins onéreux pour les acheteurs utilisant d’autres devises. Sur le London Bullion Market, l’once d’or a valu 1 810,28 dollars le vendredi 17 juillet, contre 1 798,70 dollars le vendredi précédent en fin de séance. Son record historique, à 1 921,18 dollars l’once, avait été atteint en septembre 2011.
Sur le London Platinum and Palladium Market, l’once de palladium a fait plusieurs incursions la semaine dernière au-dessus des 2 000 dollars, après une brève flèche le jeudi dernier. Elle valait 2 038,18 dollars, contre 1 969,31 dollars à la fin de la semaine précédente. Par ailleurs, le cours de l’aluminium a retrouvé son niveau de mi-mars le lundi 13 juillet sur le London Metal Exchange (LME), à 1 705,00 dollars la tonne, avant de reculer légèrement la semaine dernière.
Signes de reprise en Chine
La Chine, qui tire la demande en métaux industriels, a affiché la semaine écoulée des signes clairs de reprise économique avec un Produit intérieur brut (PIB) en hausse de 3,2 % au deuxième trimestre d’après le Bureau national des statistiques (BNS). Et cela, après avoir enregistré son plus mauvais résultat historique en début d’année au moment où l’épidémie de Covid-19 paralysait le pays. La production industrielle chinoise a augmenté de 4,8 % sur un an en juin, soit son plus fort rythme de progression depuis le début de l’année.
Daniel Briesemann, de Commerzbank, n’est cependant pas surpris par la petite correction subie par le cours la semaine écoulée. L’analyste, qui estime le prix de l’aluminium « trop élevé », le voit sous la menace « d’une surabondance sur le marché chinois, qui aura un impact sur le marché mondial ». Le cuivre valait dans le même temps 6 436,00 dollars la tonne, contre 6 412,00 dollars sept jours plus tôt, après avoir de nouveau atteint un plus haut en deux ans le lundi dernier, à 6 633,00 dollars.
Le coton consolide ses gains. Le cours du coton a cédé du terrain la semaine écoulée à New York mais a conservé des niveaux élevés par rapport au début de la pandémie de Covid-19, sur fond de reprise des cours du pétrole. « Après s’être effondré au début de la crise du coronavirus, le cours du coton s’est redressé en raison de la hausse des prix du brut », a estimé Michaela Helbing-Kuhl, de Commerzbank. Cette embellie des cours de l’or noir, effective depuis les tréfonds touchés à la fin du mois d’avril, rend en effet « la production des fibres synthétiques concurrentes plus coûteuse », toujours selon l’analyste, et fait revenir une partie de la demande vers le coton.
La livre de coton avait touché un plus bas à 50,18 cents la livre au début du mois d’avril, et a remonté la pente depuis jusqu’à atteindre 64,90 cents le 9 juillet. Les conditions climatiques « chaudes et sèches au Texas, le principal État producteur américain, ces dernières semaines ont fait grimper le prix encore plus », a ajouté Helbing-Kuhl. Le coton reste cependant moins cher qu’au début de l’année, lorsque les prix dépassaient 70 cents la livre. La livre de coton pour livraison en décembre à New York a valu 62,29 cents le vendredi dernier, contre 64,31 cents la semaine précédente à la clôture.
Diamants en baisse
Le groupe minier britannique Anglo American a annoncé le jeudi 16 juillet une chute annuelle de 54 % de sa production de diamants et de 41 % de celle de platine, des baisses attribuées à la crise sanitaire liée au Covid-19. « La production de diamants a baissé de 54 % à 3,5 millions de carats » au deuxième trimestre 2020, contre 7,7 millions de carats au deuxième trimestre 2019, selon un communiqué d’Anglo American qui possède le géant du diamant de Beers.
Le groupe minier a attribué cette chute « principalement aux confinements en Afrique australe », qui abrite parmi les plus importantes mines de diamants. « Les productions de platine et de palladium ont, elles, baissé de respectivement 41 % à 307 400 onces et de 34 % à 228,400 onces » sur un an, a ajouté Anglo American, l’un des principaux producteurs de platine au monde. Les mesures de confinement imposées fin mars dans plusieurs pays d’Afrique australe, dont l’Afrique du Sud et le Botswana, de gros producteurs de diamants, ont été depuis assouplies.
Les activités minières ont donc progressivement repris, mais la demande mondiale en diamants a chuté « à cause de la pandémie », selon Anglo American.
Le mois de juin est un mois de tous les records pour la Chine, qui n’a jamais autant importé de pétrole et de cuivre grâce à des prix avantageux et une reprise de son économie. L’or pourrait profiter d’un nouveau relais acheteur alors que le métal doré évolue à quelques pourcentages de son record historique.