L’ÉGYPTE voudrait vraiment partager son expérience enrichissante de partenariat public-privé avec la République démocratique du Congo. C’est dans cette perspective qu’une délégation égyptienne composée de responsables de l’Autorité de l’ingénierie militaire des Forces armées égyptiennes et de chefs d’entreprise, séjourne en République démocratique du Congo. Pour Hamdy Shaaban, l’ambassadeur d’Égypte en RDC, cette visite s’inscrit dans le cadre du renforcement des liens politiques et économiques entre les deux pays.
À la tête de cette délégation, le général Mahmoud Shain, responsable de l’Autorité de l’ingénierie militaire des Forces armées égyptiennes, est venu présenter à Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre, un grand projet jamais imaginé de navigabilité du fleuve Congo entre Kinshasa et Boma ainsi que de construction d’un barrage hydroélectrique. Le projet est piloté par un consortium composé de génie militaire égyptien et de six entreprises égyptiennes dont Arab Contractor et Hassan Allan, déjà présentes en RDC.
Le général Mahmoud Shain a surtout annoncé au chef du gouvernement le début de l’étude de faisabilité du projet. L’équipe technique procède déjà à la reconnaissance aérienne du site. Puis il est prévu une visite de terrain afin de localiser l’endroit où sera érigé le barrage hydroélectrique. Le grand projet de navigabilité du fleuve Congo dans la partie de son cours compris entre Kinshasa et Boma dans le Kongo-Central est un projet révolutionnaire, s’il venait à être concrétiser.
Ce projet d’envergure est soutenu par le président égyptien qui s’est engagé à aider la RDC dans la réalisation de son développement. C’est d’ailleurs à son initiative que cette délégation est venue au Congo. Après l’étude de faisabilité par le génie militaire et à laquelle sont associées six entreprises, interviendra l’exécution du projet avec les mêmes entreprises.
Des opportunités à saisir
Le général Mahmoud Shain a indiqué que l’Égypte et la RDC veulent construire ensemble « une nouvelle dynamique de coopération » et renforcer leurs liens dans le domaine des investissements. L’ambassadeur de l’Égypte en RDC a, quant à lui, apprécié « l’approche participative » du 1ER Ministre dans la construction de cette coopération Sud-Sud dynamique.
Pour rappel, en janvier dernier, le ministre des Poste, des Télécommunications et des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (PT&NTIC) et celui de l’Industrie avaient conduit une mission économique gouvernementale dans la capitale égyptienne à l’invitation du ministère égyptien des Affaires étrangères. La mission était constituée d’experts du Front de promotion de l’industrie (FPI), de l’Agence des Zones économiques spéciales (ZES) et de la Fédération des entreprises du Congo (FEC).
Des investisseurs égyptiens sont intéressés par la construction du réseau national de fibre optique. La société Fiber Misr, par exemple, apporte des solutions techniques et informatiques aux grands projets gouvernementaux, industriels et commerciaux en Afrique. Avec son modèle intégré innovant, cette société a aidé l’Égypte dans sa transformation digitale. Fiber Misr est donc prête à faire profiter à la RDC ce modèle intégré fondé sur deux axes : le financement et les opérations (ingénierie et exécution). L’entreprise Hassan Allan compte explorer le potentiel d’investissements de la RDC dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie et des télécommunications. En effet, l’Égypte possède une expertise sûre dans ces secteurs, et des entreprises égyptiennes sont prêtes à venir au Congo. C’est le cas de la société SAMCRETE, spécialisée dans la construction (ponts, hôpitaux, routes, etc.), l’industrialisation et la commercialisation…
Par ailleurs, la RDC et l’Égypte ont signé en mars 2012 un protocole d’accord de coopération bilatérale en matière d’eau. C’est un projet d’environ 10.5 millions de dollars, apportés par l’Égypte. Le projet a démarré en 2014 et va se poursuivre jusqu’en 2022. Ce projet accorde une grande importance à la mise en place d’un centre régional de prévision des pluies et du changement climatique.
Des experts expliquent que ce laboratoire est un enjeu majeur pour la gestion des ressources en eau et la maîtrise des mesures d’atténuation des impacts du changement climatique. C’est également un outil indispensable pour la prévision des catastrophes (inondations, sécheresses…) dues à l’eau en Afrique centrale, mais aussi pour la certification des ressources en eau de la RDC.
Le projet prévoit également une étude de faisabilité d’un barrage hydroélectrique à construire sur la rivière Semuliki afin de fournir de l’électricité aux populations riveraines. Il prévoit aussi le forage de 30 puits initialement au Nord-Kivu et en Ituri. Mais suite à l’insécurité dans l’Est du pays, 12 puits seront forés autour de Kinshasa et les 18 autres dans l’Est quand la stabilité sera rétablie. L’entreprise égyptienne qui a gagné le marché, travailleraen collaboration avec le Service national de l’hydraulique rural (SNHR). En ce qui concerne le renforcement des capacités, une vingtaine d’agents congolais ont été formés en Égypte sur la gestion intégrée des ressources en eau en 2015. D’autres attendent pour y aller en formation…