AU SORTIR d’une séance écourtée, au lendemain de la fête de Thanksgiving aux Ètats-Unis, le baril américain de WTI pour janvier a cédé 0,4 % à 45,53 dollars. À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a gagné 0,8 % par rapport à la clôture de jeudi 26 novembre, à 48,18 dollars. Le Brent et le WTI ont par ailleurs atteint la semaine dernière leurs records en huit mois et demi, à respectivement 49,09 dollars et 46,26 dollars le baril. Depuis début novembre, ils affichent des gains de plus de 25 %.
Le pétrole « se maintient, les investisseurs s’accrochant à l’espoir que la réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (OPEP+) de cette semaine aura pour conséquence de repousser de trois mois » le niveau de coupe actuel de leur production d’or noir, a expliqué Eugen Weinberg, analyste de Commerzbank. Les membres de l’OPEP et leurs alliés se retrouvent le lundi 30 novembre et le mardi 1er décembre pour statuer sur l’accord de réduction de la production de brut qui les lie. Selon cet accord, le retrait actuel du marché de 7,7 millions de barils par jour doit être ramené à 5,8 millions à compter de janvier 2021.
Si une prorogation de six mois circulait chez les observateurs et acteurs de marchés ces derniers jours, « l’obligation d’en faire plus que trois mois a finalement diminué », estime Neil Wilson, de Markets.com. « Trois mois permet déjà de gagner du temps avec l’option de les prolonger si nécessaire », a-t-il continué. Mais « si le cartel ne change rien, cela constituerait un choc désastreux pour le pétrole », a prévenu Eugen Weinberg, qui rappelle les perspectives toujours fragiles du côté de la demande en raison de la pandémie de Covid-19 et de diverses restrictions de déplacement des biens et des personnes qu’elle entraîne à travers le monde.
L’or est délaissé
Les cours des métaux industriels cotés au London Metal Exchange (LME) étaient particulièrement bien orientés la semaine dernière, portés par les annonces de plusieurs laboratoires pharmaceutiques travaillant sur un vaccin contre le Covid-19, laissant entrevoir une reprise solide de la croissance mondiale. Les espoirs de campagnes de vaccination massives contre le Covid-19, qui devraient commencer avant la fin de l’année, ont été confortés dès le lundi matin 23 novembre par l’annonce du laboratoire britannique AstraZeneca.
« Soutenus par la bonne santé, le climat positif qui règne sur les marchés financiers, les prix des métaux de base continuent de progresser », a constaté Daniel Briesemann, analyste de Commerzbank. C’est le cas du cuivre, qui a atteint le vendredi 27 novembre 7 520 dollars la tonne métrique, un niveau de prix plus vu depuis mai 2013. L’évolution de son prix est d’ailleurs souvent considérée comme une bonne indication de la santé de l’économie mondiale, une utilisation qui lui vaut le sobriquet de « Dr Copper » (Dr Cuivre). L’aluminium, pour sa part, a touché un plus haut depuis octobre 2018, à 2 003,50 dollars la tonne. Le plomb et le nickel ont retrouvé eux des sommets depuis la fin de l’année dernière, l’étain et le zinc depuis l’été 2019. « Cela pourrait signifier que les prix des métaux se sont décorrélés des fondamentaux de leur marchés respectifs », s’inquiète cependant Daniel Briesemann, qui souligne que « la plupart sont en situation d’offre excédentaire significative ».
Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s’échangeait à 7 499,50 dollars vendredi dernier, contre 7 277,50 dollars le vendredi précédent à la clôture. L’aluminium valait dans le même temps 1 997,50 dollars la tonne, contre 1 993,00 dollars sept jours plus tôt. L’or a quant à lui poursuivi son plongeon et est passé le vendredi dernier sous le seuil des 1 800 dollars l’once, un seuil plus atteint depuis juillet. Le métal jaune avait profité depuis le début de l’année de l’aversion au risque des marchés provoqué par la pandémie de coronavirus, et était monté début juillet à son plus haut historique, à 2 075,47 dollars. Mais « le mois de novembre n’a pas été facile pour l’or, entre les espoirs sur des vaccins contre le Covid-19, et une situation politique aux États-Unis plus claire » avec la victoire de Joe Biden à la présidentielle, a résumé Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. Parmi les métaux précieux, le platine se démarque et s’est hissé le jeudi 26 novembre à son plus haut en plus de deux mois, à 971,17 dollars. « Le Conseil mondial de l’investissement dans le platine a estimé la semaine dernière que le marché était nettement moins bien fourni qu’on ne le pensait, cela laisse de la marge au prix du platine pour grimper », a commenté Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank. L’once d’or s’échangeait pour 1 784,50 dollars, contre 1 870,99 dollars le vendredi précédent, et le platine coûtait 969,00 dollars l’once, contre 950,40 dollars l’once le vendredi précédent.
Le coton se requinque
Les cours du coton ont touché la semaine des plus hauts annuels, effaçant la chute du début d’année lorsque la pandémie de Covid-19 est venue anéantir la demande et, par ricochet, les prix. Après un plus bas atteint début avril, le cours de la livre de coton à New York a entamé une longue mais régulière remontée jusqu’à dépasser le lundi 23 novembre d’un cheveu les 73,57 dollars, le prix du 13 janvier qui n’avait plus été revu depuis, avant de céder un peu de terrain le reste de la semaine. « L’espoir que la crise du coronavirus sera bientôt surmontée est probablement le facteur prédominant » qui a permis ce dernier coup d’accélérateur, juge Michaela Helbing-Kuhl, analyste de Commerzbank.
« La hausse des cours du brut, qui rend le coton plus compétitif par rapport aux fibres synthétique » selon Michaela Helbing-Kuhl, est également un facteur haussier. Les deux cours de référence, le Brent et le WTI, ont grimpé de 25 % depuis le début du mois de novembre. La livre de coton pour livraison en décembre à New York valait 72,99 cents le vendredi dernier, contre 72,96 cents la semaine précédente à la clôture.