TOUT porte à croire que l’on s’achemine vers l’épilogue de l’affaire qui a déclenché la guerre entre les États-Unis et le géant chinois des télécommunications, Huawei. En tout cas, l’élection américaine du 3 novembre dernier aurait accéléré les négociations pour la libération de Meng Wanzhou, la fille du fondateur du géant chinois des télécommunications et en même temps directrice financière de la société. La question de la culpabilité de la fille de Ren Zhenfei serait au cœur des négociations avec les procureurs américains, selon des sources de Wall Street Journal.
Cependant, les contours exacts de ces discussions sont encore inconnus. Tout ce que l’on sait est qu’elles se sont largement accélérées en novembre dernier. La justice américaine souhaiterait obtenir un certain nombre d’aveux de Meng Wanzhou contre un abandon progressif des charges. En attendant, et depuis décembre 2018, Meng Wanzhou, toujours confinée dans son domicile de Vancouver au Canada, bataille via ses avocats pour éviter l’extradition du Canada vers les États-Unis. Elle serait par ailleurs réticente à l’accord, estimant toujours les accusations infondées. L’administration Trump espère régler ce dossier d’ici la fin du mandat. De son côté, le Global Times, le quotidien très proche du pouvoir chinois, voit dans le cas Wanzhou, un biais par lequel la future administration Biden pourrait détendre les relations entre la Chine et les États-Unis.
On s’en souvient, Meng Wanzhou, la fille du fondateur de Huawei et directrice financière de la société, avait été arrêtée le 1er décembre 2018 lors d’un transit à Vancouver au Canada, par les autorités canadiennes, sur demande du département de la justice américaine. La guerre commerciale lancée par Donald Trump, le président américain, contre la Chine avait alors déjà commencé, mais l’arrestation de Meng Wanzhou en a tout de suite démultiplié son ampleur. Depuis, Huawei est accusé de tous les maux, ciblé partout par les États-Unis qui l’accusent de vouloir espionner le monde à travers sa technologie 5G.
En 2018, la directrice financière de Huawei a été accusée d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran, pour continuer à vendre dans ce pays. Précisément, la justice lui reproche d’avoir menti aux banques de l’entreprise sur ses liens avec l’Iran et d’avoir, ainsi, participé au blanchiment de centaines de millions de dollars. La Chine, Huawei, et Meng Wanzhou, ont toujours nié ces accusations et reproché aux Américains une « décision politique motivée par une guerre commerciale et technologique ».
Coup de massue
Entretemps, les réseaux 4G/5G de Huawei ne seront plus installés au Royaume-Uni. Cela fait quelque temps que le gouvernement du Royaume-Uni envisageait de ralentir l’avancée de Huawei sur son territoire pour développer son propre réseau de communication. Le gouvernement britannique a décidé de stopper et de supprimer l’installation des antennes Huawei dans le territoire dès septembre 2021. Le constructeur chinois est dorénavant dans l’incapacité d’installer des antennes pour les réseaux 4G et 5G au Royaume-Uni. Le géant chinois avait bataillé pendant de longues semaines pour garder les parts du marché 5G dans le territoire britannique mais cela n’a pas empêché les Britanniques de prendre une décision.
Celle-ci intervient peu de temps après que l’Amérique ait mis la pression sur Boris Johnson, le 1ER Ministre du Royaume-Uni, alors qu’il avait plafonné l’utilisation des réseaux de Huawei à 35 %. Samsung a d’ailleurs stoppé toute collaboration depuis le 15 septembre avec Huawei afin de suivre les décisions prises par les États-Unis. « Cela est un coup de massue pour la population qui possède des téléphones. Cela menace de faire passer la Grande-Bretagne sur une avancée beaucoup plus lente, d’augmenter les factures… », a déclaré Edward Brewster, le porte-parole de Huawei UK dans un communiqué.
Le Royaume-Uni devra donc compter sur lui-même. Néanmoins, le gouvernement britannique se penche aussi sur des constructeurs tels que Samsung, Ericsson, Nokia et NEC pour les accompagner dans cette transition. Les antennes de communication de Huawei seront supprimées en 2027. Cela va coûter au gouvernement britannique près de deux milliards de livres, soit 2.235 milliards d’euros. D’ailleurs, la 5G sera automatiquement retardée de quelques mois.
En ce qui concerne Ericsson, le constructeur a déjà deux contrats avec BT, un opérateur très connu au Royaume-Uni qui fournit les divers réseaux téléphoniques 4G/5G. Cette collaboration permettra de propager la 5G à Londres, Édimbourg, Belfast et Cardiff dans les mois à venir. Nokia devrait quant à lui participer à la propagation de la 5G en Grande-Bretagne, toujours avec British Telecom. Ainsi, Ericsson aurait installé 37 % des antennes tandis que Nokia en posséderait 63 %. À la base, les constructeurs devaient se partager de moitié la part des antennes 5 G. « Nous souhaitons le retrait complet des fournisseurs à haut risque de nos réseaux 5G équipés de la technologie Huawei. Nous identifierons les équipements des télécommunications qui constituent une menace pour notre sécurité nationale et les supprimerons », a déclaré Oliver Dowden, le secrétaire au Numérique, dans un communiqué.
Cela laisse le champ libre aux autres fournisseurs, ainsi ils pourront proposer de nouvelles technologies pour la population du Royaume-Uni. Cette annonce va permettre de créer de l’emploi et de travailler avec des fournisseurs qui sont moins à risque comme Huawei. Des technologies anglaises pourraient même voir le jour dans quelque temps grâce aux 278 millions d’euros débloqués par le gouvernement. Un moyen pour la Grande-Bretagne de gagner en indépendance. Cette action du gouvernement est notamment applaudie par Scott Petty (Vodafone) et Hamish MacLeod (Mobile UK).
« Les ingénieurs du Royaume-Uni pourront ainsi développer le futur système de communication du pays. Cela permettra de favoriser l’innovation et de créer plus d’emplois », a déclaré MacLeod dans un communiqué. De son côté, Scott Petty a déclaré que les petites comme les moyennes entreprises de la Grande-Bretagne pourront ainsi se développer afin d’apporter un réseau sécurisé et dernier cri au pays.
Si les télécoms ne respectent pas les requêtes du gouvernement, ils pourraient recevoir une amende de 112 000 euros par jour ou 10 % de leur chiffre d’affaires. Le géant chinois s’inquiète pour l’économie du Royaume-Uni soulignant que le Covid-19 a laissé beaucoup de marques sur le pays. Cette collaboration aurait permis de renflouer les caisses, mais le gouvernement en a décidé autrement. D’ailleurs, la Suède a également interdit Huawei de son territoire et prévoit de se débarrasser de ses technologies d’ici 2025.