DEPUIS plusieurs semaines, « le cadre macroéconomique reste stable dans l’ensemble ». Le constat est encourageant pour les membres du comité de conjoncture économique du gouvernement élargi au patronat (Fédération des entreprises du Congo/FEC et Association nationale des entreprises publiques/ANEP), en l’absence de véritable plan de relance économique au pays depuis que la pandémie de Covid-19 y a été déclarée « crise sanitaire » en mars dernier. Pour contenir les effets de cette crise sanitaire sur l’économie et le social dans les proportions raisonnables, le 1ER Ministre donne régulièrement des instructions aux membres de son gouvernement pour la stabilité du cadre macroéconomique. Et les efforts de l’exécutif sont heureusement soutenus par des partenaires financiers, comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque africaine de développement (BAD).
Mardi 15 décembre à la Primature autour de Sylvestre Ilunga Ilunkamba les membres du comité de conjoncture économique ont examiné la note de conjoncture économique et la note d’information du secteur minier. Il ressort de cette réunion hebdomadaire que le taux de change est relativement stable : 1 968,58 CDF pour 1 dollar à l’indicatif et 2 018,83 au parallèle. Cette stabilité est à mettre sur le compte du Pacte de stabilité économique entre le gouvernement (Budget et Finances) et la Banque centrale du Congo (BCC).
Cependant, il est constaté une « légère accélération » du rythme de formation des prix au cours de la deuxième semaine du mois de décembre. Le taux d’inflation est passé de 0,120 % à 0,127 % la semaine dernière à cause de la hausse des prix des céréales, viandes, huiles, légumes, vêtements, chaussures, mais aussi du paiement des frais scolaires. Les accélérations du rythme de formation des prix des produits sur le marché des biens et services sont la conséquence des mouvements spéculatifs qui accompagnent souvent les fêtes de fin d’année. C’est pour cette raison d’ailleurs que Sylvestre Ilunga Ilunkamba recommande aux membres du comité de conjoncture économique d’éviter justement que les conséquences de la spéculation en cette période des fêtes ne viennent perturber le cadre macroéconomique.
Bilan de santé monétaire
Heureusement, pour les membres du comité de conjoncture économique, le taux de change demeure relativement stable, même s’il a connu en novembre quelques fluctuations à l’officiel à moins de 10 %. Un bilan de santé que confirme le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale du Congo à l’issue de sa 11è réunion de l’année du 11 décembre dernier. Cette réunion a été consacrée aux développements économiques récents au pays et dans le monde, ainsi qu’aux facteurs de risque à court terme et à la conduite de la politique monétaire au cours des prochains mois.
Le CPM exhorte donc le gouvernement à poursuivre sans désemparer les efforts de mobilisation des ressources intérieures et à préserver le cadre macroéconomique à l’approche des festivités, lesquelles se traduisent par une hausse de la demande de biens et services, particulièrement par les dépenses des ménages. En effet, le CPM note que globalement, pour le moment, la stabilité du cadre macroéconomique est attestée par l’absence de tensions sur le marché de change et celui des biens et services.
Un bémol toutefois : les chefs d’entreprises ont été moins optimistes en novembre sur l’évolution de la conjoncture économique à court terme : solde global brut d’opinions (+4,3 %) après un +5,4 % en octobre. Cela est dû au repli de la confiance dans le secteur de la construction et dans celui de l’industrie extractive.
Sur le marché des changes, le franc congolais est demeuré stable en novembre sur les deux segments du marché : à 1 965,98 CDF à l’indicatif et 2 015,50 CDF au parallèle/le dollar américain.
Soit des légères dépréciations du franc congolais de 0,05 % et de 0,18 %. Sur le marché des biens et services, le ralentissement du rythme de formation des prix s’est poursuivi en novembre. En rythme annuel, le taux d’inflation s’est situé à 16,18 %, contre 17,31 % le mois précédent, tandis qu’en rythme mensuel, le taux d’inflation est de 0,34 %, contre 0,46 % en octobre. En cumul annuel, l’inflation est ressortie en novembre à 14,8 % pour un objectif de l’inflation mensuelle fixée à 7,0 % à moyen terme.
Les opérations financières de l’État, quant à elles, se sont clôturées en novembre par un déficit mensuel de 107,1 milliards de nos francs (53,5 millions de dollars) alors que le Trésor le tablait à 24,7 milliards. Les recettes, 698,4 milliards, ont été réalisées en dépassement de leur programmation mensuelle sur fond des efforts de mobilisation par les régies financières (DGI, DGDA et DGRAD) tandis que les dépenses, 806,0 milliards, ont été exécutées au-delà de leurs prévisions mensuelles. Le CPM indique que ce déficit a été essentiellement financé par les appuis budgétaires du FMI et de la BAD. Pour rappel, le FMI a accordé en avril dernier un appui financier au titre de facilité de crédit rapide (FCR) de 363 millions de dollars à l’économie suite aux effets de la crise sanitaire. La BAD, elle, a accordé un appui financier de 142 millions de dollars en novembre pour faire face aux mêmes effets de la pandémie de Covid-19.
Pour le même mois de novembre, les réserves de change se sont établies à 670,32 millions de dollars correspondant à deux semaines d’importations des biens et services. En rythme annuel, indique le CPM, elles ont baissé de 3,9 millions de dollars. Produit de la vente des matières premières (cuivre, cobalt, pétrole, étain, etc.), les réserves internationales permettent généralement de soutenir la monnaie nationale et encouragent l’afflux de capitaux étrangers vers le pays (rapatriement des devises par les producteurs miniers). Selon la norme SADC, les réserves de change doivent couvrir au moins trois mois d’importations.
Politique monétaire
L’encours global du Bon BCC s’est établi à 17,5 milliards en novembre, soit une injection mensuelle de 3,0 milliards, souligne le CPM. Qui relève que cette situation résulte du niveau bas de la liquidité bancaire. L’autre instrument de politique monétaire : la réserve obligatoire. Elle a ponctionné près de 75,6 milliards, contribuant ainsi à l’assèchement de la surliquidité bancaire. Compte tenu de l’évolution récente de l’économie nationale et de l’absence de risques majeurs à court terme, attestés par des perspectives globalement stables, le CPM a décidé de maintenir inchangé son dispositif de la politique monétaire. Le taux directeur demeure à 18,5 %. Les coefficients de la réserve obligatoire sur les dépôts en devises à vue et à terme sont maintenus respectivement à 13,0 % et 12,0 %, et ceux pour les dépôts en monnaie nationale à vue et à terme à 0 %. Le Bon BCC assurera la régulation de la liquidité. La Banque centrale recommande au gouvernement de faire « tout ce qui est possible pour qu’il n’y ait pas retournement de situation d’ici la fin de l’année ». Il s’agit de maintenir les efforts de stabilisation, les amplifier s’il le faut face aux spéculations sur les prix lors des festivités de fin d’année. C’est clair, il faut être sur ses gardes, poursuivre l’ajustement budgétaire au niveau du gouvernement et une politique monétaire prudente au niveau de la Banque centrale pour préserver le pouvoir d’achat de la population.