INDÉNIABLEMENT, la Chine a sauvé beaucoup d’économies nationales de la banqueroute, surtout celles de l’Afrique tournées essentiellement vers l’exportation des produits de base comme les minerais. Les changements intervenus, à la suite de la survenance de la pandémie de Covid-19, continuent d’exercer, un an après, une influence croissante sur le vécu quotidien des populations. Et la crise sanitaire a, et aura certainement, un impact significatif sur la trajectoire du développement des pays en développement, comme la République démocratique du Congo.
Comme une hydre, le coronavirus continue de faire des vagues malgré la riposte internationale, notamment à travers la vaccination. Au contraire, le virus est loin d’être vaincu. L’ampleur du Covid-19, en termes de vitesse de propagation et de ses conséquences sur les plans économique et social, constitue une véritable préoccupation majeure pour la communauté internationale et les différents gouvernements nationaux.
Les trois grands pôles de l’économie mondiale (États-Unis d’Amérique, Chine et Union européenne) ont été durement touchés au premier trimestre 2020. Cette année, heureusement, les perspectives de l’évolution de l’économie mondiale prévoient une reprise plus ou moins généralisée.
Cependant, ce scenario n’est pas écrit à l’avance. Tout peut donc arriver. Pour les États dont les économies dépendent économiquement et financièrement des pôles économiques mondiaux, les effets de la baisse des exportations (plus de 60 %) de l’industrie extractive enregistrés en janvier et février 2020 peuvent toujours resurgir. C’est pourquoi, les spécialistes insistent sur la nécessité de la diversification économique afin d’anticiper les effets néfastes de la crise sanitaire.
Les défis de sortie de crise, étant de plus en plus complexe et de nature pluridisciplinaire, l’embellie des cours mondiaux des produits de base tirés vers le haut par la demande chinoise aura été une sorte de baraka qui permet aujourd’hui aux économies des pays fragiles, comme la RDC, d’amortir le choc. Mais pour combien de temps ? Le spectre de la chute des cours des matières premières de 2015 étend encore son ombre sur les économies nationales. C’est encore la Chine qui aida à l’époque les économies fragiles à se relever.
Chine : marché important
La Chine est aujourd’hui un marché trop important pour être ignoré. Selon toute vraisemblance, elle devrait devenir la première économie mondiale d’ici 2030 et ses marchés d’actions et d’obligations pourraient suivre la même voie. Depuis le début de l’année 2020, notent des analystes économiques, la Chine est plus que jamais sous les feux des projecteurs. Pour rappel, la Chine a été le premier pays à être touché officiellement par la pandémie de Covid-19, et c’est la première économie à être touchée par le confinement de sa population, puisque le PIB chinois a enregistré une contraction historique de -6,8 % au premier trimestre 2020.
Cependant, la Chine a fait une démonstration extraordinaire de résilience face à l’adversité de la pandémie de coronavirus. Tenez : la Chine a rapidement repris le contrôle de sa situation sanitaire et économique. Elle a ainsi été l’une des rares économies à afficher une croissance positive en 2020, malgré le peu de mesures de relance budgétaire, moins de 5 % de son PIB, alors que nombre de pays ont largement dépassé les 10 %.
Cette retenue a été également observée sur le plan monétaire. En effet, la People’s Bank of China a vu la taille de son bilan diminuer en 2020 alors que la plupart des autres principales Banques centrales mondiales ont vu les leurs augmenter significativement à la suite de l’intensification des programmes d’assouplissements quantitatifs.
Citation
« Le 14è plan quinquennal 2021-2025, publié début mars, rappelle la nécessité de poursuivre les réformes pour assurer à la Chine une croissance de qualité, c’est-à-dire une croissance davantage soutenue par la consommation et l’innovation… »
Contrairement à beaucoup de pays des trois grands pôles de l’économie mondiale, la Chine n’a pas encore connu de 2è vague de contaminations. Cela devrait lui permettre, selon le Fonds monétaire international (FMI), d’afficher une croissance de plus de 8 % en 2021, contre 5,5 % pour l’économie mondiale. Les autorités chinoises ne visent cependant pas la croissance à tout prix. En effet, le 14è plan quinquennal, publié début mars, rappelle la nécessité de poursuivre les réformes pour assurer à la Chine une croissance de qualité, c’est-à-dire une croissance davantage soutenue par la consommation et l’innovation, et une croissance notamment plus respectueuse du climat, puisque le pays s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2060.
Dans ce contexte, selon les prévisions, la croissance économique chinoise devrait ralentir autour de 4,4 % par an en moyenne au cours des 10-15 prochaines années. Bien que ce rythme de croissance puisse sembler faible pour la Chine, estiment des analystes économiques, il devrait néanmoins lui permettre de devenir la première économie mondiale avant 2030.
Pour atteindre cet objectif et financer son développement, estiment les mêmes analystes, la Chine devra néanmoins continuer à ouvrir ses marchés de capitaux aux investisseurs étrangers. Cela constitue une opportunité, tant pour les investisseurs en actions que pour les investisseurs obligataires. En effet, les marchés d’actions et d’obligations domestiques chinois sont les deuxièmes plus importants au monde en matière de capitalisation et pourtant les investisseurs étrangers n’en détiennent que moins de 1 %.
Cette situation est toutefois en train de changer. Grâce à ses engagements en matière de gouvernance et ses garanties apportées aux investisseurs étrangers, la Chine est parvenue à convaincre plusieurs fournisseurs d’indices actions et obligataires d’y ajouter graduellement les actions et obligations domestiques chinoises.
Ainsi, les actions A chinoises pourraient voir leur poids au sein des indices MSCI EM et MSCI AC World multiplié par 4 au cours des prochaines années pour atteindre respectivement 17,24 % et 2,3 %. Selon des projections, en ce qui concerne les indices obligataires, la tendance est la même. Les obligations chinoises sont passées ces derniers mois d’un poids quasi nul à une pondération de respectivement 6 % et 10 % au sein des indices Bloomberg Barclays Global Aggregate et JPM GBI EM.
L’ouverture des indices actions et obligataires devrait attirer plusieurs centaines de milliards de dollars de flux passifs vers les marchés chinois. Cette tendance devrait se renforcer grâce à l’arrivée croissante d’investisseurs actifs souhaitant profiter des opportunités que ceux-ci offrent.
En effet, sur les marchés actions, au-delà des géants de l’e-commerce et des fabricants de smartphones, les entreprises chinoises sont à la pointe dans de nombreux domaines porteurs comme le cloud computing, les énergies renouvelables et les soins de santé. En 2020, l’indice phare de la bourse chinoise a ainsi largement surperformé la plupart des grands indices boursiers avec une performance de plus de 27 %. Bien que 2021 ait commencé de manière plus difficile, ce marché n’en recèle pas moins nombre d’atouts pour les investisseurs à long terme, à commencer par une valorisation relativement plus attractive.
Sur les marchés obligataires, la Chine, notée Investment Grade/A+, affiche actuellement un rendement de plus de 3 % sur ses obligations souveraines à 10 ans, ce qui se compare favorablement aux obligations souveraines des pays développés, et ce d’autant plus que le renminbi devrait continuer à s’apprécier. Somme toute, les marchés chinois sont trop importants et attractifs pour être ignorés par les investisseurs à long terme.
Imaginons nos économies, aujourd’hui, sans la Chine