SI CE NOM ou son visage ne vous dit rien, tournez-vous vers ceux qui le connaissent, eux vous diront qui est Arthur Katalayi surnommé « The Katalyst ». Sans doute commenceront-ils par son étiquette de jeune entrepreneur. Ils vous diront ensuite que cet homme est à la fois expert minier, homme d’affaires, entrepreneur, consultant et podcasteur basé en République démocratique du Congo depuis 2014.
Ils ajouteront qu’Arthur Katalayi mène ses interviews économiques dans le secteur minier à la manière d’un journaliste de salon, au sens propre, version podcast. Et il lui arrive même de poser des questions dérangeantes ! Ils vous diront également qu’Arthur Kalala Katalayi fait partie des 100 personnes nominées par l’initiative new yorkaise MIPAD Global Top 100 (2017), une liste rigoureuse de jeunes afro-descendants de moins de 40 ans parmi les plus influents de la planète, établie en collaboration avec les Nations unies.
Discret mais efficace
Son parcours professionnel est exceptionnel, et mondial. Pour fourbir ses armes et avoir de l’épaisseur (expérience) dans le conseil, il débarque à Wall Street dans la plus grande place boursière au monde au New York Stock Exchange et ensuite Bloomberg L.P. aux États-Unis, puis rejoint le cabinet de conseil parisien Altran Group. Par après, il a été déniché par l’iconique et tout-puissant président national de la Fédération des Entreprises du Congo/FEC, principal syndicat patronal du pays, qui en fait son conseiller économique ; et en même temps son conseiller exécutif au moment où il était le président du conseil d’administration de la Générale des Carrières et des Mines/GECAMINES.
Entreprenant et homme à la générosité immense, Arthur Katalayi a été, entre 2008 et 2022, ambassadeur mondial pour Giving Back to Africa (GBA) ; une ASBL américaine dont le siège se trouve dans l’État d’Indiana (États-Unis) et qui investit dans l’éducation des jeunes congolais à travers plusieurs programmes sur le leadership, l’agriculture, les énergies renouvelables, l’entreprenariat et la recherche d’alternatives. L’objectif est d’aider les jeunes à trouver par eux-mêmes les solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés au Congo. Fort de son expérience à l’international, Katalayi a su nouer des partenariats et lever des fonds afin d’accomplir une mission personnelle mais aussi importante : permettre l’accès à l’éducation à un grand nombre de jeunes congolais.
Ce qui lui a valu la reconnaissance, en 2016, d’intégrer comme membre l’African Leadership Network/ALN (Ile Maurice) ; un réseau de plus de 400 jeunes leaders africains, hommes d’affaires, artistes, entrepreneurs et autres, animateurs et promoteurs de la prospérité économique du continent africain à travers les échanges économiques et commerciaux panafricains. D’origine congolaise, né à Lyon et élevé à Paris, scolarisé au Royaume-Uni et aux États-Unis, Katalayi, 41 ans, est diplômé de l’Université Internationale de Salem en Virginie-Occidentale où il était boursier en soccer, et est titulaire d’un MA de l’Université de Rider dans le New Jersey.
Les investissements saoudiens à venir au Congo constituent, sans doute, le plus gros déversement des liquidités et nouveaux capitaux d’un État sur le Congo depuis l’indépendance. Géologiquement parlant, pays le plus riche du monde, la RDC possède 35 000 milliards de dollars de ressources naturelles non exploitées et 1 100 métaux précieux répertoriés selon la Banque Mondiale. Et ça, le prince héritier Mohammed Ben Salmane, 38 ans, qui cherche à diversifier l’économie de son pays, l’a parfaitement compris.
Archétype de l’élite congolaise mondialisée, la réputation impeccable d’Arthur Katalayi dans le monde des affaires et sa capacité à constamment délivrer des résultats, font de ce jeune homme pragmatique et discret dans la vie le joker idéal pour jouer le VRP de luxe auprès des Saoudiens afin de les influencer à investir massivement en RDC qui est une terre d’opportunités économiques sans pareil. Il leur en parle déjà bien depuis un certain temps ; et ils connaissent maintenant sa passion pour le développement économique de la RDC.
Pour rappel, coutumier du fait, ce n’est pas la première fois qu’Arthur Katalayi décide de mettre la main sur un pays/continent ou une région et tous les 5/10 ans il semble à chaque fois nous jouer le même tour. Comme Arthur en Angleterre, comme Arthur en Amérique, comme Arthur en Afrique et maintenant Arthur en Arabie. C’est dans son ADN depuis qu’il est monté dans l’Eurostar, direction Londres, à 16 ans ce fameux été 1998. Un homme qui a toujours su extraire de la valeur – et en apporter partout où il est passé, et est maintenant un aviseur incontournable pour les intérêts saoudiens en RDC. Il brûle la rétine ! Quelle vie !
Quelques faits : en janvier 2023, le Fonds Souverain Public d’Arabie Saoudite (Public Investment Fund/PIF ; 750 milliards de dollars sous management) et la société d’État Saudi Arabian Mining Company/MA’ADEN ont créé une co-entreprise dénommée « Manara Minerals », avec un portefeuille de 15 milliards de dollars immédiats pour investir exclusivement dans des projets miniers à l’international. En février 2023, dans le cadre de ses activités d’expertise minière avec A2k Advisory, Arthur Katalayi s’était rendu à Riyad sur invitation des Saoudiens.
Début septembre 2023, The Wall Street Journal publie (en exclusivité) que l’Arabie Saoudite et les États-Unis travaillent sur une offensive minière de grande envergure avec une cible précise : la République démocratique du Congo. Les deux pays, et surtout les États-Unis, se sont lancés dans une course effrénée pour rattraper leur retard face à la Chine en matière d’approvisionnement en cobalt, cuivre, lithium et autres métaux congolais utilisés dans la fabrication des batteries des voitures électriques ainsi que dans le domaine des nouvelles technologies.
Le 25 septembre 2023, le (Arthur Katalayi) voilà parmi les convives de marque de l’ambassadeur du royaume d’Arabie saoudite en RDC à la réception qu’il avait offerte lors de la célébration du 93è anniversaire de la journée nationale de ce pays, chaque le 23 septembre. Et, depuis, en plus d’être tout juste revenu du Qatar et d’Indonésie, Arthur Katalayi fait la navette entre Kinshasa et Riyad. Peut-on déjà parler du management Katalayi ?
Business et Finances : Comment expliquez-vous que vos contacts (voyages et invitations) avec les Saoudiens sont devenus fréquents ?
Arthur Katalayi : Riyad veut réduire sa dépendance à l’or noir (pétrole) et diversifier son économie ainsi que ses revenus en investissant massivement dans divers secteurs dans le monde mais aussi dans l’industrie minière congolaise. En effet, cette industrie qui est très loin d’avoir atteint sa pleine maturité, suscite un fort intérêt surtout que nous sommes en pleine transition énergétique. L’Arabie saoudite veut utiliser ses revenus tirés du pétrole durant ces 50 dernières années pour préparer un autre avenir, un autre futur, plus durable et davantage pris en charge par le secteur privé.
BEF : Que savez-vous de ce pays ?
AK : C’est l’ogre de la région (Moyen-Orient). C’est un pays similaire à la République démocratique du Congo de par sa superficie, ses richesses naturelles et la jeunesse de sa démographie. Évidemment, sa puissance économique est inouïe car là où en Europe on parle de pays avec des milliards de dollars de déficit budgétaire, l’Arabie saoudite possède, elle, des centaines de milliards de dollars d’excédent budgétaire. Quand on ajoute à cela les profits astronomiques de la Saudi Aramco (161 milliards de dollars en 2022) qui sont supérieurs à ceux de Google, Amazon, Microsoft et Tesla combinés, ce pays n’a clairement aucune limite. L’Arabie saoudite est désormais le modèle de comment parfaitement gérer ses ressources naturelles et, au-delà des partenariats à venir, le Congo a énormément à apprendre d’elle.
BEF : On parle depuis quelques années de la Vision 2030 sous l’impulsion du jeune prince héritier MBS. Quels sont les scénarios au cœur de cette vision ?
AK : Continuer à enrichir l’État pour son développement mais aussi gagner en influence mondialement. D’où leurs investissements massifs dans le sport, et particulièrement le football, le golf ; et maintenant les mines. La plus grande des commodités est la capacité à utiliser le sport ou autre secteur comme levier pour des objectifs commerciaux et d’accès à des relations que vous n’aurez pas autrement ni ailleurs. Le but ultime est donc d’augmenter son influence ; le soft-power est justement d’avoir de l’influence que personne ne voit, ni même parfois ne comprend…
BEF : D’après vous, l’Arabie saoudite sera-t-elle l’une des superpuissances d’après 2030 ?
AK : Superpuissance ! C’est un grand mot, donc je ne suis pas certain. Les États-Unis et la Chine restent dans le peloton de tête et on ne devient pas une superpuissance comme ça, juste parce qu’on a des ressources économiques quasi illimitées. Cependant, les Saoudiens ont les moyens de leurs ambitions et ils sont clairement montés en puissance dans le concert des nations au cours des dernières années.
BEF : Quelles sont justement les ambitions de l’Arabie saoudite en intégrant les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ?
AK : Le royaume est le plus grand partenaire commercial des BRICS, et le volume des investissements saoudiens avec les pays BRICS a dépassé les 160 milliards de dollars. L’objectif étant de continuer à développer sa coopération avec ces pays avec un axe sur les échanges économiques et commerciaux.
BEF : Pensez-vous que les Saoudiens vont investir rapidement en RDC ? Après l’affaire Rankeen, on peut dire que la confiance s’installe ou c’est encore la méfiance et la prudence de leur part ?
AK : L’intérêt est là et la création de Manara Minerals par la hiérarchie à Riyad va dans ce sens-là. Donc l’heure n’est plus aux questions mais à l’action, particulièrement en identifiant les projets porteurs à fort rendement sur le long terme. Il faut comprendre que Riyad, et par ricochet Washington, a l’intention de s’impliquer au Congo pour le très long terme et il y a donc une vision stratégique sur le Congo qui s’inscrit dans le temps long. L’affaire Rankeen, c’est une alerte mais c’est du passé. Le contexte d’aujourd’hui et les enjeux à venir sont d’un tout autre ordre.
BEF : La relation de l’Arabie saoudite à l’Afrique date de plusieurs années déjà. Dans quels domaines, l’Afrique, et la RDC en particulier, peuvent tirer profit des investissements de ce pays ?
AK : La République démocratique du Congo a énormément d’actifs extraordinaires à développer, et ce dans tous les secteurs. Mais souvent, le manque de bonne gouvernance, la culture de l’instant congolaise, et le manque de liquidités et de capitaux frais limitent la possibilité de valoriser ces actifs à leur maximum pour transformer le pays. L’option saoudienne est donc une opportunité rare en ce sens que les capitaux recherchés s’y trouvent en immense quantité. La volonté du Congo de rendre son économie et son industrie minière moins dépendante de la Chine est aussi une donnée capitale à prendre en compte. Les États-Unis souhaitent également revenir en force en République démocratique du Congo dans le secteur minier. Et prendre l’avenue saoudienne en ce moment précis sera une victoire pour le Congo, une victoire pour l’Arabie saoudite, une victoire pour les États-Unis et à terme une victoire pour le chef de l’État qui, en plus de donner au Congo accès à de nouveaux capitaux, y gagnera en capital politique sur la scène internationale : là où le pain est beurré et là où le lait est versé. En somme, l’Arabie saoudite au Congo c’est une victoire pour tout le monde !