Au terme d’un processus voulu « transparent et inclusif », les élections générales en République démocratique du Congo/RDC vont marquer un moment crucial pour la population congolaise. Il reste encore les sénatoriales et l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de province par les Assemblées provinciales pour que les institutions de la République affichent complet.
Pour l’heure, la formation du premier gouvernement du second mandat du président réélu fait débat. C’est dire que Judith Sumwina Tuluka, la Première ministre nommée, a du pain sur la planche. De la composition et de la taille de son gouvernement dépendra certainement sa réussite. En effet, le format de l’équipe gouvernementale revêt une importance significative dans la réalisation des résultats escomptés en termes de performances économiques et budgétaires.
Tenez : plusieurs analyses ont démontré que la taille de l’exécutif national a un impact sur les performances économiques et l’efficacité des dépenses gouvernementales. En scrutant la situation, on constate que la taille des gouvernements successifs en RDC, de 2007 à 2023, a varié de 37 membres sous le cabinet Augustin Matata Ponyo à 68 membres sous la primature de Samy Badibanga Ntita, soit une moyenne de 55 membres.
La taille idéale
Question : quelle a été l’incidence de chaque taille du gouvernement sur les performances économiques et les dépenses courantes dans le cadre budgétaire. Il ressort de l’analyse que la corrélation entre la taille du gouvernement et les performances économiques est négative quand le gouvernement a un grand nombre des membres, c’est-à-dire l’impact est négatif sur la croissance économique. Plus la taille du gouvernement est grande, plus les dépenses courantes augmentent, affectant ainsi les performances économiques et la création de richesses.
Quelle serait alors la taille idéale du gouvernement ? Autour de nous, on observe qu’un gouvernement composé de 30 membres est la taille idéale, en prenant en considération les normes internationales. Par exemple, la taille moyenne des gouvernements dans l’Union européenne/UE varie de 15 à 21 membres. Ramenée à la situation en RDC, la taille de 30 membres entraînerait une réduction des coûts de fonctionnement du gouvernement estimés à 221.182 millions de francs congolais, soit 81,6 millions de dollars. Une telle réduction est un gain parce qu’elle représente une opportunité d’économies substantielles par rapport aux gouvernements éléphantesques précédente.
Si la Première ministre gagne le pari d’une équipe réduite à 30 membres, il va rester celui de la composition de son cabinet. Le profil des membres du gouvernement est très important. Elle devra choisir les membres de son gouvernement en fonction de leur compétence, leur probité morale et de leurs valeurs éthiques, essentielles notamment à la lutte contre la corruption et pour relever les défis socio-économiques.
En conclusion, une taille stratégique du gouvernement équilibre l’efficacité, l’efficience et la prudence économique pour favoriser le développement durable et la bonne gouvernance en République démocratique du Congo. N’oublions pas que la formation d’un gouvernement éléphantesque avec 50 ministres dans un pays en guerre comme la République démocratique du Congo enverrait probablement plusieurs signaux négatifs dans l’opinion publique, quant à l’efficacité, la gestion des ressources, l’orientation politique et la priorisation des actions gouvernementales.
Mauvais signaux
Premièrement, le signal de dysfonctionnement : un gouvernement avec un nombre excessif des ministres peut être perçu comme inefficace, lourd et sujet à des problèmes de coordination et de gestion. Cela peut se traduire par le manque d’efficacité dans la prise de décision et dans l’administration des affaires publiques.
Deuxièmement, le signal du gaspillage des ressources : un gouvernement avec un grand nombre des ministres entraîne généralement des coûts plus élevés en termes de salaires, d’avantages et de fonctionnement. Dans un contexte de conflit et des besoins urgents de développement, cela pourrait être perçu comme un gaspillage des ressources publiques.
Troisièmement, le signal de clientélisme et de politisation excessive : une équipe gouvernementale surdimensionnée peut être interprétée comme le résultat d’un compromis politique (coalition) visant à satisfaire un grand nombre d’acteurs politiques plutôt que de répondre aux besoins réels du pays et de sa population.
Quatrièmement, le signal du manque de priorisation : un gouvernement avec trop de ministres peut sembler disperser ses efforts et ses ressources sur un large éventail de domaines, sans se concentrer sur les priorités essentielles pour répondre aux défis majeurs du pays, comme la situation de guerre dans la partie orientale.