Combien un parent doit-il débourser chaque année pour assurer les études d’un enfant dans une université ou institut supérieur de la ville de Kinshasa ? La question mérite bien d’être posée face à la multiplicité des frais et taxes exigés aux étudiants tout au long d’une année académique. Notre mini- enquête se limite à la ville de Kinshasa dont la population estudiantine est estimée à 500.000 âmes réparties entre une cinquantaine d’établissements d’enseignement supérieur et universitaire tant public que privé.
35$ comme frais d’inscription
Glady Loali, étudiante en 2è Graduat/Economie à l’Université de Kinshasa retrace un véritable parcours de combattant auquel elle était soumise, l’année passée à son premier contact avec cette institution d’enseignement universitaire qui exige à tout nouvel inscrit 35 USD de frais d’inscription qui couvrent notamment l’achat de formulaire, le retrait, la légalisation des diplômes, l’acquisition du certificat d’aptitude physique qui, au passage, ne repose sur aucun acte médical posé sur le requérant. Simple formalité, commente-t-elle. Il suffit de se présenter devant un infirmier qui vous demande votre nom et post nom pour se voir délivré un certificat d’aptitude physique contre 10$.
Entre 250 à 600$ comme frais académiques
Quand tout cela est fait, il faut attendre la publication des listes officielles des étudiants régulièrement inscrits pour se voir exigé le payement total ou partiel des frais académiques qui oscillent entre 250 et 600 USD, selon les établissements publics ou privés. Les frais sont relativement moins chers pour les établissements publics et plus chers pour les établissements privés. Ils peuvent donc aller de 280 USD à l’université de Kinshasa, Upn, Inbt, Ifasic, etc. Alors qu’ils peuvent atteindre les 600 USD à l’Université catholique du Congo et autres.
Les frais de routine: une mafia tolérée qui coûte une moyenne de 600$/an aux étudiants
Au-delà de tout, il y a ce qu’on appelle en République Démocratique du Congo, les réalités académiques, une sorte de maffia qui donne la possibilité à chaque professeur de vendre ses services auprès des étudiants : support d’enseignement obligatoire (entre 15 et 30USD, selon les cours et les établissements), frais d’interrogation et travaux pratiques (entre 15 et 30USD), droit de branchement (qui permet au professeur de toucher à votre feuille d’examen)…Même l’accès aux installations hygiéniques est aussi payant. Tout cela multiplier par le nombre de cours et d’interrogations par an, vous ramène facilement à une moyenne de 600USD, avoue Eric, étudiant à l’Inbtp. En outre, au sortir de ses études, poursuit un parent interrogé, l’acquisition de son titre académique, le diplôme, est aussi soumis au payement de 80USD auprès du ministère de l’Enseignement universitaire. Quand on connait le nombre d’étudiants qui sortent, chaque année, de toutes les universités congolaises et instituts supérieurs, on se demande comment le ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire ne compte pas parmi les régies génératrices de recettes de l’Etat. «Où va cet argent, puisque les professeurs de nos universités se plaignent toujours d’être mal traités?», se demande enfin, Ngoy Kabongo, un étudiant finaliste à l’Isc. Quand il faut comptabiliser aussi le transport au quotidien, l’alimentation, les soins de santé …, on se rend vite compte que les parents congolais doivent débourser annuellement une moyenne de 3.000 USD pour assurer les études universitaires de leurs enfants. Même quand on a payé tout ceci, le niveau de l’enseignement congolais ne s’est guère amélioré.
Aucune Université Congolaise ne se situe dans le top 20 africains.