Améliorer le réseau pour mieux attirer la clientèle. Telle est la nouvelle stratégie des opérateurs de téléphonie mobile en République démocratique du Congo.
Le changement amorcé emprunte plusieurs voies, notamment la connexion à la fibre optique, le développement numérique, le déploiement des réseaux large bande ç haut débit. Orange a été le premier à accroître son investissement. Airtel vient à son tour d’augmenter son capital, qui passe de 400 à 550 millions de dollars supplémentaires, soit près de 30 % d’apport financier supplémentaire. L’objectif, d’après son directeur général, Louis Lubala, est de renforcer la qualité des services à fournir à ses dix millions d’abonnés. Selon les estimations de l’Union internationale des télécommunications, le nombre des abonnements au mobile pourrait atteindre 10 milliards de dollars d’ici la fin de cette décennie. Plus de 90 % du trafic international de données se fait désormais par câbles à fibre optique. L’organisme onusien poursuit au fait un double objectif : à appuyer le déploiement de la large bande fondée sur les télécommunications mobiles internationales (IMT) et l’expansion des technologies des lignes fixes. Dans cette optique, l’Afrique compte développer une stratégie des Techniques de l’information et de la communication (TIC) sur 10 ans. C’est à la 5ème rencontre des chefs d’unité TIC de la Commission de l’Union africaine (UA), organisée à Balaclava (île Maurice) qu’une stratégie continentale a été adoptée dans le but de développer ce secteur d’ici 2024. Cette rencontre a plus visé l’amélioration des infrastructures des postes et télécommunications, les applications numériques et les services, l’environnement, la gouvernance, la mobilisation des ressources, l’industrialisation, la recherche et le développement. Pour Guichard Tsangou, représentant du secrétaire général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), le déploiement de la fibre optique en Afrique centrale rencontre de nombreuses difficultés : réglementations nationales, coûts des services très élevés et énormes problèmes de sécurité. La grande inquiétude, selon Russell Southwood, le patron de la société Balancing Act basée au Royaume-Uni, est que 50 pays africains sur 54 manqueront la transition numérique de juin 2015, délai fixé par l’UIT. Ce constat amer a été fait lors du Congrès mondial des télécommunications rurales en Afrique (SatCom2014), qui s’est tenu du 19 au 21 mai à Johannesburg, en Afrique du Sud. Plus grave, 15 de ces 50 pays africains ne feront pas du tout la conversion numérique à cause du manque d’industrialisation. Seuls 2 pays sur 54 sont déjà prêts pour la télévision numérique terrestre. La 7ème conférence du Réseau des instances africaines de régulation de la communication (Riarc) l’a démontré. Il s’agit de la Tanzanie et de l’Ile Maurice.
RDC à l’heure de la fibre optique
En juillet 2013, le pays a inauguré la première phase de l’implantation de la fibre optique. Sa station d’atterrage de Muanda, réalisée par le consortium Wacs, est connectée à plus de 13 pays africains, place une large bande de diffusion de données permettant d’obtenir l’internet à haut débit. La construction et l’équipement de cette station a coûté 60 millions de dollars au trésor public et son réseau va s’étendre sur 40 000 km à travers le pays, avec un cout estimé à 600 millions de dollars. Ce marché est disputé entre les entreprises chinoises ZTE et Huawei. Cette somme, à débourser par la Banque chinoise d’investissement (Exim Bank), servira les territoires non encore connectés. L’étape de Kinshasa est déjà réalisée même si, huit mois après, peu de Kinois qui utilisent cette fibre optique numérique à haut débit. La troisième étape partira de Kinshasa à Lubumbashi, en passant par le Bandundu et les deux Kasaï, y compris le reste du pays. Selon les experts, la fibre optique apporte plusieurs avantages, notamment une meilleure fluidité dans les communications et une éventuelle baisse des coûts. Des donnes qui ne se ressentent pas encore à Kinshasa. Le numérique ouvre aussi de bonnes perspectives fiscales et économiques. En Afrique subsaharienne, l’industrie de la téléphonie mobile réalise déjà 32 milliards de dollars de chiffre d’affaire. « D’ici un futur proche, l’économie numérique va fournir à la région 15 millions de nouveaux emplois », selon les estimations du ministre des Postes et Télécommunications, Tryphon Kin-Kiey Mulumba. La RDC figure parmi les pays africains qui ne feront pas du tout la conversion numérique en 2015.