La mutation vers la production minière industrielle passe pour une priorité gouvernementale. Mais, ce changement nécessite un financement extérieur qui ne vient toujours pas.
Le ministère des Mines recense plus de 300.000 exploitants artisanaux et occasionnels disséminés dans le pays. Ils livrent leur produit aux grands exploitants, qui eux, vendent au centre de négoce ou aux comptoirs.
La RDC cherche à apporter une révolution dans le secteur des mines en quittant l’exploitation artisanale pour l’industriel. La raison est simple : l’exploitation minière artisanale est une activité qui ne contribue pas à l’économie du pays, mieux à la croissance. Seules, les provinces et les entités décentralisées tirent profit de maigres recettes à travers des taxes qu’elles perçoivent auprès des creuseurs. Telles sont les motivations qui poussent à procéder rapidement à cette mutation.
Lors de la 5ème édition du colloque organisé par le ministère des Mines, à la Foire Internationale de Kinshasa (FIKIN), le coordonnateur de la Cellule technique de coordination des projets miniers en RDC, Donat Kapata, a indiqué que le gouvernement travaille sur le dossier.
Plus de 300.000 exploitants artisanaux et occasionnels disséminés dans le pays. Ils livrent leur produit aux grands exploitants qui, eux, vendent au centre de négoce ou aux comptoirs
Ministère des Mines
A travers le thème « RDC : croissance inclusive », le professeur Kapata a rassuré que le passage de la phase d’exploitation artisanale à celle de l’industrielle est possible mais nécessite de gros moyens, pour mener des recherches et des études. Le ministère des Mines, par le biais des géologues et experts du Cadastre minier, avait retenu 19 blocs et une localité dans chacune des provinces de la RDC, prise comme échantillon pour mener des recherches approfondies. Mais, ce projet s’est estompé, faute des moyens, car les 42 millions de dollars attendus de la Banque mondiale, pour financer ce projet, ne sont jamais arrivés. De son côté, le gouvernement, qui tient à mettre en œuvre ledit projet, a mobilisé 8 millions de dollars, pour que des experts débutent leurs recherches dans la province du Katanga, en collaboration avec des scientifiques de l’Université de Lubumbashi.
Sur le terrain, le phénomène de l’exploitation minière artisanale qui n’était, autrefois enregistrée que dans la province du Kasaï avec le diamant, prend de l’ampleur en se propageant dans toutes les provinces. Faute d’emploi et sous le poids de la pauvreté, les exploitants artisanaux affirment mener cette activité, pour subvenir aux besoins de ménage et pour scolariser les enfants qui se recrutent, eux aussi, parmi les creuseurs. Face à cette réalité, le pouvoir public se sentant dépassé, se retrouve en position de faiblesse et semble libéraliser le secteur.
Si au Kasaï, le phénomène a vu le jour dans le périmètre du polygone minier de la riche Minière de Bakwanga, au Katanga, toutes les anciennes carrières de la Gécamines sont prises d’assaut par les creuseurs qui exploitent, de façon artisanale, le cuivre, le cobalt et autres minerais. Dans la Province Orientale, hommes, femmes et enfants se livrent à la quête de l’or. C’est au Nord-Kivu, en particulier et dans la partie Est, en général, qu’on retrouve la forte concentration des exploitants artisanaux, selon une étude menée par l’Eglise catholique. Le phénomène a été amplifié par la présence des groupes armés qui opèrent paisiblement dans les espaces conquis.
Pour mettre de l’ordre dans le secteur, l’Eglise catholique a fait un certain nombre de recommandations, au terme de son étude. Il s’agit notamment de l’apprentissage aux creuseurs des techniques appropriées pour éviter des éboulements mortels, l’identification de tous les creuseurs pour un contrôle rationnel, la réglementation des prix des minerais pour éviter l’arbitraire, la lutte contre l’utilisation des enfants dans les sites miniers, le contrôle de la traçabilité des minerais, la dotation des creuseurs des matériels adéquats pour leur travail, la formation de la Police des mines et autres agents de l’Etat, pour éviter les tracasseries et l’établissement d’un mécanisme d’intégration dans la vie sociale.