Le programme de renforcement des infrastructures de cette ville ouvre de belles perspectives à toute une région à 350 km de Brazzaville.
Dès qu’on pénètre dans le département de la Lékoumou, en venant de Loudima, pour se rendre à Sibiti, son chef-lieu, le paysage change peu à peu. On passe d’une zone de savanes, aux collines recouvertes de hautes herbes et aux formes arrondies, à une région de forêts d’altitude. Et pour cause. Pour atteindre Sibiti, il faut grimper, car la ville est perchée à quelque 900 mètres d’altitude. En saison sèche, il y fait frais, presque froid, surtout la nuit. Nappé dans les nuages, le massif forestier du Chaillu, célèbre pour son okoumé, une essence qui ne pousse que là-bas, n’est pas loin. Sa présence est attestée par les nombreux grumiers qui foncent à vive allure en direction de Dolisie ou de Pointe-Noire, malgré leurs lourdes cargaisons de grumes provenant des exploitations forestières départementales, et par les nombreux beaux arbres – dont les feuilles se sont teintées d’un rouge poussiéreux, en cette saison sèche -, qui encadrent la route, quasiment goudronnée sur tout le parcours. Au fur et à mesure que l’on approche de Sibiti, les villages, noyés dans les bananiers – dont les fruits font la réputation du département – et les manguiers, se succèdent à distance rapprochée.
La chance de Sibiti : avoir été choisie pour la fête nationale
En ce 15 août, fête de l’Assomption, le chef-lieu de la Lékoumou était à l’honneur. Pas pour des raisons religieuses, mais parce que c’est ici que se sont déroulées les festivités de la fête nationale. La raison ? C’est toujours dans le département qui bénéficie du programme de municipalisation accélérée qu’a lieu la fête. En 2014, le choix s’est porté sur la Lékoumou. C’est donc Sibiti, son chef-lieu, qui a accueilli les cérémonies. À la clé de la municipalisation, diverses infrastructures administratives et socio-économiques de base, qui profiteront au chef-lieu, bien évidemment, mais aussi à d’autres localités des cinq quartiers de la Lékoumou.
Sibiti en avait bien besoin. Jusque récemment, la ville ressemblait davantage à une bourgade endormie, perdue dans le massif du Chaillu, qu’à un chef-lieu de département. L’électricité n’y était disponible qu’entre 18 heures et 23 heures, et l’eau n’y coulait qu’au compte-gouttes. Et pourtant Brazzaville n’est qu’à 350 kilomètres, plus à l’Est. Avant les premières couches de bitume de la municipalisation accélérée, l’agglomération comptait peu de voies goudronnées. Aujourd’hui, quelques grands axes ont été bitumés, dont la place de la Concorde, où s’est déroulé le défilé et devant laquelle trône la nouvelle mairie. Avec le palais présidentiel, ce nouvel hôtel de ville inaugure une longue liste d’édifices publics – préfecture, hôtel départemental, poste de police, etc. – qui seront construits dans la ville et le département. Les autres équipements qui ont déjà été réalisés sont l’aéroport et la gare routière.
Les chantiers se multiplient et 450 milliards de francs CFA seront injectés
Le reste – bitumage de routes et de voiries urbaines, réhabilitation et construction de centres de santé, d’écoles, de stade et marchés modernes, de pistes rurales, de systèmes d’électrification et d’adduction d’eau, de logements sociaux et de fonction, etc. – suivra, au cours des cinq prochaines années. Au total, quelque 450 milliards de francs CFA seront ainsi injectés dans le département pour le désenclaver, le moderniser et l’équiper. À l’occasion de la fête du 15 août dans la ville, la Société nationale du pétrole du Congo (SNPC) a entrepris la réhabilitation de l’ex-Irho (Institut de recherche sur les huiles et oléagineux), dans le cadre de ses actions RSE (responsabilité sociale des entreprises). Sis à Indo, à quelque 4 kilomètres du chef-lieu, l’Institut a été transformé en «complexe scolaire agro-pastoral de Sibiti». Bientôt opérationnel, il comprendra un collège et un lycée et formera quelque 140 élèves, dont les plus méritants obtiendront un brevet ou un bac spécialisé. Pour la même occasion, des privés ont investi à Sibiti. Des hôteliers surtout, qui, au passage, ont doublé, voire triplé, le prix des chambres pendant les festivités. Bien que Sibiti ait vu son parc hôtelier s’étoffer, beaucoup reste à faire pour relever le standing des hôtels, offrir une restauration de qualité et renforcer le système de transport urbain. Difficile en effet de trouver un taxi dans la ville. Au mieux, on peut en louer un, à l’heure ou à la journée. Mais pour une simple course, il faut se rabattre sur les taxis-motos ou opter pour la marche…