Après des négociations avec le gouvernement, les conducteurs ont décidé de suspendre le mouvement de grève déclenché fin septembre. Ils espèrent que leurs revendications trouveront, cette fois-ci, des réponses adéquates. Sinon, ce sera le retour à la case départ et le risque d’asphyxie de la capitale.
Leur guerre a duré une dizaine de jours. Le 11 octobre, les conducteurs des gros camions opérant sur la nationale 1, entre Kinshasa, Matadi et Boma, ont repris le service. Cette reprise est intervenue au terme d’une série de négociations entre les syndicalistes et les délégués des ministères du Travail et de la Prévoyance sociale ainsi que des Transports et Voies de communication, à Matadi, dans la province du Bas-Congo. Ces conducteurs réclamaient à leurs employeurs des meilleures conditions de travail et des salaires décents. En janvier 2013, un barème salarial de base de 300 000 francs pour le chauffeur et 150 000 pour le convoyeur d’un véhicule poids lourd avait pourtant été accepté, en plus des frais de mission par voyage qui devaient s’élever à 45 000 francs pour les chauffeurs et 22 500 pour les convoyeurs. C’était après la signature d’un protocole d’accord, à Kinshasa, entre le syndicat des transporteurs, les patrons des entreprises de transport et le ministère du Travail et de la Prévoyance sociale. Cet accord avait permis de mettre fin à deux semaines d’une grève ayant entraîné une flambée des prix sur les marchés. Mais toutes ces mesures n’ont pu être appliquées par la plupart des propriétaires des remorques. Les participants aux négociations leur ont demandés de respecter les accords conclus avec leurs employés. Le gouvernement s’est senti particulièrement concerné par cette crise à cause de son impact négatif sur l’économie nationale. Le Trésor public a connu, depuis le début de la grève, un manque à gagner énorme. Les conducteurs opèrent sur un axe routier important, qui facilite le ravitaillement en produits de consommation, provenant des ports de Matadi et de Muanda, au Bas-Congo, des grands centres dont la capitale, Kinshasa. Le plus grand danger aurait été la rareté des produits en question. Ce qui aurait provoqué automatiquement une surchauffe des prix à la veille des festivités de fin d’année. Dans les ports, l’on redoutait déjà un engorgement, faute d’évacuation des marchandises. Cet encombrement du port dû au fait que des bateaux ne pouvaient plus décharger leurs cargaisons à cause de l’entassement des marchandises, paralysait déjà les activités douanières, source importante de revenus pour l’Etat. Au poste de péage de Kasangulu, l’interruption du trafic a réduit sensiblement les recettes du Fonds national d’entretien routier
(FONER). Chaque véhicule poids lourd paye autour de 280 000 francs à ce point de passage. Même les activités informelles qui tournent grâce à la présence de routiers étaient pénalisées. En cas de non prise en compte des engagements, les routiers n’écartent pas l’idée de relancer la grève. Ils comptent sur le gouvernement pour exercer une pression sur leurs employeurs. Les chauffeurs et convoyeurs des véhicules poids lourds opérant sur la route Kinshasa-Matadi-Boma sont régulièrement en grève. En avril 2013, ils avaient arrêté le travail pour la même raison : le non-respect, par leurs employeurs, des engagements pris.