Les fonds attendus pour la réhabilitation des infrastructures routières dans le cadre du Programme d’actions prioritaires (PAP) 2012-2016 n’arrivent toujours pas dans leur totalité. En même temps, le réseau national continue à se délabrer.
Sur les 9 443 milliards de francs proposés cette année pour la réalisation du Programme d’actions prioritaires (PAP) 2012-2016 dans le secteur des infrastructures et particulièrement les routes, il est constaté un écart de financement de 1, 879 milliard. Ces chiffres ont été annoncés par le ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction, Fridolin Kasweshi, qui s’exprimait le 19 novembre au Sénat. En 2012, seulement 88, 3 millions de dollars sur les 178,5 millions prévus ont été décaissés pour des routes d’intérêt général. En 2013, c’était 178,5 millions sur des prévisions de 530, 5 millions de dollars. « Cette situation explique le niveau de délabrement du réseau routier congolais et la non-prise en compte de plusieurs projets initiés par le gouvernement dans le cadre du Programme d’actions prioritaires », a indiqué Fridolin Kasweshi.
Le PAP est un programme créé pour accompagner la mise en œuvre du Document de la stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté de seconde génération (DSCRP 2) adopté en 2011. Il concrétise les politiques sectorielles du DSCRP 2 « en identifiant les actions et mesures susceptibles d’atteindre les résultats tangibles sur la croissance, l’emploi et la réduction de la pauvreté ». Le PAP concerne donc tous les secteurs sociaux ; production et commerce ; gouvernance économique et administrative ; infrastructures ainsi que la souveraineté, la défense et la sécurité.
L’évaluation des coûts des différentes interventions et actions nécessaires pour la mise en œuvre de ce programme exige globalement un montant de 42,86 mille milliards de francs, soit 46,33 milliards de dollars, pour la période allant de 2012 à 2016. Les financements prévus sont évalués à 25,76 milliards de dollars, soit 55,6 % du coût total. La contribution de l’État représente 29,9 % et celle des partenaires extérieurs 25,7 %. Ce qui dégage un besoin de financement de 20,58 milliards de dollars, soit environ 44,4 % du coût total. Le secteur des infrastructures absorbe, à lui seul, 51,5 % des besoins. Il est suivi des secteurs sociaux (20,8 %), de la souveraineté, de la défense et de la sécurité (14,3 %), de la gouvernance (8,3 %) et de la production et du commerce (5,6 %).
Selon le gouvernement, 66, 67 % du total du financement du secteur des infrastructures sont acquis. Le financement intérieur représente 26,36 % du financement total contre 40,31 % pour le financement extérieur. Les infrastructures concernent cinq ministères : l’Aménagement du territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction avec 44,17 % des besoins ; Ressources hydrauliques et Électricité (34 %) ; Transports et Voies de communication (20,32 %) ; Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication (PTNTIC) (1,40 %) ; Affaires Foncières (0,10 %). Selon ce programme, la modernisation des infrastructures vise à soutenir notamment les activités de production, à aménager le territoire national et particulièrement les villes, à renforcer le secteur des transports, à accroître la production électrique et améliorer l’accès des populations à l’électricité.
Mais le grand problème reste, depuis la mise en œuvre de ce programme, la mobilisation des fonds, alors que le gouvernement avait pris des dispositions pour faire face à cette contrainte majeure. Il comptait sur l’accroissement de l’épargne intérieure afin de réaliser les investissements productifs, de l’efficacité de l’aide publique au développement et l’amélioration des ressources intérieures. Il fallait aussi « attirer les flux de capitaux privés, encourager l’investissement direct étranger, accroître les ressources issues des partenariats public-privé, signer des contrats de construction d’infrastructures contre échange des ressources naturelles et améliorer la mobilisation des ressources provenant des partenariats avec les institutions multilatérales (Fonds monétaire international, Banque mondiale, Banque africaine de développement…) et des ressources additionnelles ». Dans l’élaboration de ce programme, le gouvernement avait reconnu que « l’environnement économique et social de la RDC offre des atouts qui peuvent aider à atteindre les objectifs assignés ». En même temps, il s’est dit « conscient des contraintes et risques qui pourraient également remettre en cause les performances attendues ». Au regard de cet écart de financement dans le secteur des infrastructures, ces risques sont loin d’être maîtrisés.
INFO BOX
Les objectifs du PAP :
- Garantir la souveraineté du pays en toutes circonstances ;
- Ramener l’incidence de la pauvreté d’environ 70 % en 2010 à moins de 60 % à l’horizon 2016 ;
- Assurer un taux de croissance moyen du PIB à deux chiffres d’ici à 2016;
- Créer environ 1 million d’emplois décents par an et réduire le taux de sous – emploi global à moins de 60 %, contre 73 % actuellement ;
- Stabiliser les prix intérieurs des biens et services pour atteindre un taux d’inflation moyen annuel inférieur à 4 % ;
- Contenir le solde budgétaire intérieur déficitaire à moins de 1,5 % du PIB pour éviter de recourir massivement aux modes de financement inflationnistes ;
- Poursuivre et finaliser les réformes institutionnelles ;
- Accroître le PIB par habitant de 193,1 dollars en 2010 à 317,2 dollars d’ici à 2016, tout en portant le taux d’investissement moyen annuel à 23,2 %, contre 11,2 % en 2010.