L’Afrique moins perméable aux affaires

Même si le continent est présenté positivement comme la «  prochaine  frontière » pour les investisseurs, il demeure néanmoins l’endroit le plus coûteux pour les entrepreneurs, d’après un rapport publié par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). En cause : le secteur du capital-investissement qui souffre encore de la  médiocrité des infrastructures, de la fragmentation géopolitique. Le défi le plus sérieux reste la levée des fonds.

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« Les investisseurs étrangers sont toujours plus rassurés lorsque de l’argent a d’abord été levé localement, mais il y a un manque généralisé d’investisseurs locaux dans le secteur du capital-investissement en Afrique. Seule l’Afrique du Sud s’y engage », indique le rapport de la CEA, qui signale que les gestionnaires des fonds sont à l’origine du déclenchement des circonstances favorables aux investissements. La moitié de tous les échanges financiers provient  principalement des  relations personnelles. Selon le rapport, la diaspora africaine joue un rôle primordial dans les échanges des capitaux qui sont à la base de la nouvelle donne constatée sur le continent.

On trouve dans le rapport une énumération d’un certain nombre d’obstacles que rencontrent  les investisseurs étrangers. C’est le cas, notamment, des restrictions imposées dans les échanges entre les pays africains et le reste du monde ; la réticence de nombreux pays à ouvrir le secteur financier par peur de l’illégalité ; le sous-développement de la majorité des messageries financières opérant sur le continent; le traitement tardif par les banques centrales africaines des dossiers et des procédures susceptibles d’approuver les échanges financiers; le coût élevé de l’emprunt estimé à 40% dans certains pays africains ; l’absence patent des cadres intensionnels et des gestionnaires confirmés et expérimentés ; le manque des débats des acteurs du secteur capital-investissement au sujet des questions qui ont un effet direct sur les activités liées à l’argent. Tous ces obstacles freinent la croissance  et le développement  du capital-investissement. Le secteur financier et ses activités ne sont pas connus dans plusieurs pays africains y compris ceux dans lesquels ils opèrent.

L’investissement en faveur de la transformation, de la croissance et du développement du continent ne sont possibles que si les pays africains  jouent un rôle essentiel pour la promotion du capital-investissement comme une source potentielle importante. Pour que les pays  africains attirent  les investisseurs du reste du monde, les décideurs politiques ont plusieurs leviers à actionner. Ils doivent, indique le rapport, disposer de plusieurs moyens à utiliser en vue de faire  du continent un pôle d’attraction  pour le capital-investissement vis-à-vis des continents concurrents, comme l’Amérique du Sud et l’Asie, qui cherchent eux aussi à se distinguer dans ce domaine. Pour ce faire, les décideurs politiques ont l’obligation de rendre attractif le continent pour inciter  beaucoup d’investisseurs à venir. Avant d’y arriver, les pays africains doivent chercher à appréhender le mécanisme du capital-investissement.

Mais le capital-investissement n’est pas seulement un levier de redressement ou de croissance économique. Il peut aussi jouer un rôle de catalyseur et de déclencheur pourvu qu’il y ait au préalable une dynamique de croissance acceptable. « Les États doivent améliorer le cadre juridique et réglementaire étant donné que l’industrie du capital-investissement a besoin de cadres réglementaires et de politiques favorables à son développement », insiste le rapport. Pour ses auteurs, les pays où les restrictions sont en vigueur à l’entrée comme à la sortie de capitaux, attirent moins les acteurs du capital-investissement pour implanter des holdings. À cet effet, les décideurs politiques doivent appliquer les protocoles de la libre circulation des capitaux et des personnes sur toute l’étendue du continent s’ils veulent le développement et la croissance de l’industrie du capital-investissement. Dans cette optique, le capital-investissement ne pourra être performant que si les gestionnaires sont éveillés et réfléchis en affectant les capitaux aux fins de la croissance durable des entreprises. Mais sur le terrain, d’après le rapport, le secteur en est encore à sa genèse et souffre d’un problème de gestionnaires qui ne sont guère expérimentés.

Les statistiques de ces quatre dernières années montrent que les investissements  ont été notables dans ce secteur. Ainsi, la Banque africaine de développement (BAD) note que le continent a connu une augmentation de 30 %, passant de 890 millions à 3 milliards de dollars entre 2010 et 2011. Pour sa part, African Private Equity and Venture Capital Association estime que 1,14 milliard a été levé auprès des investisseurs institutionnels en 2012 en faveur des fonds de capital-investissement focalisés essentiellement sur le continent. Selon cette institution, ces dernières années la répartition régionale des opérations se présente ainsi : l’Afrique australe est en tête avec des opérations estimées à 65% ; l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest ont respectivement 14 et 13%, alors que l’Afrique centrale est à la traîne avec 1%. Sur le continent, tous les domaines ne sont pas attractifs. C’est la raison pour laquelle les investisseurs ont misé sur la prudence en choisissant ceux dont les bénéfices sont possibles à court terme.