Le Fonds monétaire international a publié le 14 avril ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale, en très légère hausse par rapport à ses prévisions du mois de janvier à 3,5% pour 2015.
Un mouvement de balancier s’opère sur l’économie mondiale, les uns profitent du recul des prix du pétrole et des principales matières premières, d’où le rebond noté pour les économies avancées, tandis que les autres, émergents et pays en développement subissent le contrecoup de cette baisse.
L’économie russe devrait se contracter fortement (- 3,8%) alors qu’en Chine l’essoufflement se confirme. En 2015, la croissance devrait être de 6,8%, soit la plus faible depuis un quart de siècle. Les Etats-Unis paient, eux, la force du dollar, mais résistent bien. La croissance américaine à 3,6% cette année est qualifiée de robuste par le FMI, mais l’institution prévient que le rythme devrait ralentir l’an prochain.
Frémissement confirmé en zone euro
La zone euro, elle, poursuit son redressement. Le FMI prévoit une croissance d’1,5 % pour 2015, de 1,6% pour l’an prochain. L’Allemagne, la France et l’Espagne ont le mieux profité des effets combinés de la baisse de l’euro et du pétrole moins cher. Les prévisions pour la France sont revues à la hausse, le FMI table sur une croissance de 1,2 % cette année, plus optimiste que le gouvernement français qui a construit son budget sur une hypothèse de 1 % de croissance cette année.
L’Inde: bon élève des émergents
L’Inde devrait connaître deux années de forte croissance: 7,5% en 2015 et en 2016, plus fort que la Chine donc. New Delhi, grand importateur de pétrole, profite largement de la baisse des cours, baisse qui lui a déjà permis d’endiguer une très forte inflation et qui devrait permettre d’augmenter les revenus disponibles, particulièrement ceux des plus pauvres.
L’Inde va également récolter les fruits des réformes engagées par NarendraModi pour relancer l’investissement et la croissance. Le Premier ministre indien a notamment permis aux groupes étrangers de participer plus amplement au capital d’entreprises du secteur de la défense, de l’assurance et de la construction. Lors d’un déplacement en Inde le mois dernier, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, avait vu en l’Inde « un moteur clé de la croissance mondiale » dans un contexte plus général de reprise lente et fragile.
FMI, banque mondiale: se réformer pour laisser enfin leur place aux émergents
Depuis la création des institutions jumelles en 1944, les forces économiques mondiales ont évolué, les émergents se sont renforcés, alimentant les frustrations des Brics (Brésil, Russie, Chine, Inde, Afrique du Sud) quant à leurs poids au sein de la Banque mondiale et du FMI (La Chine – première puissance économique du monde n’a au FMI que 3,81% des droits de vote).
En 2010, la réforme du FMI était adoptée, mais quatre ans et demi plus tard, elle est encore dans les cartons, toujours bloquée par les Etats-Unis. Plutôt par les républicains, majoritaires au Sénat, qui renâclent à ratifier un projet dont le but est précisément de donner plus de place aux émergents et de doubler les ressources du fonds. Sans feu vert américain, point de réforme possible, juste quelques mesures transitoires de rééquilibrage. Elles doivent être approuvées d’ici au 30 juin prochain. Parmi les pistes évoquées et envisageables : l’augmentation des quotas et des droits de vote des seuls pays émergents sur les 28 membres que compte l’institution, en préservant le droit de véto américain.
Banque des Brics et BAII
La Banque mondiale et le FMI ne sont plus seuls en leur logis. Las – peut-être – d’attendre plus de place, les émergents ont pris les devants et ont créé leurs propres structures à Fortaleza au Brésil pour la banque des Brics, c’était en 2014, et à Pékin en Chine pour la BAII. La banque asiatique pour l’investissement dans les infrastructures née en octobre 2013 compte une vingtaine de membres fondateurs, dont l’Italie, l’Allemagne ou la France. Elle est dotée d’un capital de 50 milliards de dollars, tout comme la banque de développement des Brics basée à Shanghai. Deux institutions nouvelles qui pourraient un jour, si ce n’est concurrencer, du moins faire de l’ombre au FMI et à la Banque mondiale.