Après un début de semaine très positif, les places financières ont légèrement rechuté

Outre-Atlantique, les commandes de biens durables, le PIB, les dépenses et les revenus des ménages, ainsi que l’indice de confiance du Michigan seront dévoilés cette semaine. En Europe, par contre, les statistiques seront peu nombreuses : en Allemagne, IFO, indice CPI et prix à l’importation. Le PIB français est attendu en baisse de 5.8 % et l’indice CPI de la zone euro sera dévoilé vendredi 29 mai.

AU GRÉ des paris pris par les investisseurs, les indices forment des configurations en forme de zig-zag. Néanmoins, force est de constater que les différents éléments d’inquiétude demeurent plutôt digestes pour les marchés, situation confirmée par la forte baisse des indicateurs de volatilité. En effet, les fondamentaux apparaissent profondément détériorés avec des PMI, même si les derniers affichent une maigre hausse, qui se situent encore à des niveaux très bas. En parallèle, la résurgence de la dégradation des relations politiques entre les deux plus grandes puissances mondiales ne pourra durablement exister avec la préservation des liens commerciaux. Dans un tel contexte d’incertitude, la difficulté à baliser le chemin économique reste flagrante. Les politiques monétaires et les relances budgétaires doivent donc en faire toujours plus.

Après un début de semaine très positif, sur fond d’espoirs d’un remède au Covid-19 et d’un redémarrage progressif de l’activité économique, les places financières ont légèrement rechuté. Les opérateurs ont procédé à quelques dégagements, rattrapés par les craintes d’une seconde vague de contaminations et la montée des tensions entre Pékin et Washington. Les nouvelles mesures protectionnistes laissent craindre de futures sanctions douanières.

Sur la semaine écoulée, les indices ont pour la plupart progressé. En Asie, le Nikkei a gagné 1.7 % tandis que le Shanghai composite a perdu 1.9 % et le Hang Seng 3.7 %, la Chine souhaitant imposer de nouvelles lois de sécurité nationale à Hong Kong. En Europe, le CAC40 a enregistré une performance hebdomadaire de 4.3 %, le Dax s’est adjugé 5.9 % et le Footsie 3.1 %. Pour les pays périphériques de la zone euro, le Portugal a engrangé 6 %, l’Espagne 3.3 % et l’Italie 2.4 %. Aux États-Unis, le Dow Jones s’est adjugé 2.9 %, récupérant ses pertes de la semaine d’avant. Le S&P500 a progressé de 2.8 % et le Nasdaq100 de 2.5 %.

Matières premières

Le brut du pétrole s’est stabilisé la semaine dernière sur son plus haut niveau depuis le 10 mars, continuant de profiter des espoirs de baisse de la production et d’amélioration de la demande mondiale. La nouvelle baisse des stocks US a aussi rassuré le marché, soucieux de voir le déséquilibre offre/demande se résorber. Le Brent s’est négocié ainsi autour de 34 dollars le baril tandis que le WTI a évolué à proximité de 32 dollars. 

Après avoir inscrit un nouveau record annuel à 1 765 dollars, l’once d’or s’est stabilisée autour de 1 730 dollars. L’argent, quant à lui, a réalisé une performance hebdomadaire quasi-nulle en terminant la semaine dernière proche de 17 dollars. Le compartiment des métaux industriels a enregistré des gains importants sur les cinq derniers jours, en partie soutenu par de bonnes données provenant de Chine. Le cuivre a progressé à 5 387 dollars la tonne métrique, tout comme l’aluminium et le nickel à respectivement 1 487 dollars et 1 2762 dollars.

Marchés actions. L’action Mercadolibre a réalisé un parcours boursier exceptionnel. Les statistiques sont pharaoniques en termes de performance, 44 % en 2020, cumulant ainsi 1 680 % sur dix ans. La société créée en Argentine, héberge le plus grand écosystème de l’e-commerce (ventes aux enchères) et de paiements en ligne d’Amérique latine. La compagnie est présente dans 18 pays, dont le Brésil (60 %), l’Argentine (20 %), le Mexique, la Colombie, le Chili, le Venezuela et le Pérou et se positionne en leader du marché dans chacun de ces pays. Les résultats du premier trimestre sont robustes: chiffre d’affaires de 652 millions de dollars en hausse de 70 % par rapport à la même période même si la bottom-line reste négative. Le président reste très optimiste sur les perspectives. Il précise : « Bien que moins affectée que d’autres, notre entreprise a enregistré cet impact, principalement au cours des premières semaines des blocages imposés, avec un rebond tout au long du mois d’avril. Nous restons déterminés à faire notre part, en donnant à nos commerçants les moyens de poursuivre leurs activités et en assurant la livraison des biens dont les ménages ont besoin. Nous pensons que MercadoLibre a la possibilité de sortir de cette situation plus fort et avec un sens encore plus aigu de ses objectifs ».

Marché obligataire

Les taux à 10 ans étaient relativement stables la semaine dernière, marqués par un déconfinement progressif des économies et les espoirs d’un vaccin. Une légère baisse a ainsi pu être constatée dans de nombreux pays. Les acteurs du marché semblent partagés entre les signaux positifs émanant de la levée progressive des mesures de quarantaine et les craintes d’une seconde vague d’infections. 

En Europe, les perspectives d’une mutualisation de la dette ont profité aux pays les plus touchés. Le BTP italien a abandonné ainsi 24 points de base à 1,62 %. En Espagne (0.63 %) et au Portugal (0,73 %), le bilan est sensiblement le même, avec des taux à 10 ans qui se contractent de manière plus minime. L’OAT s’est traité sur un rendement de -0.052 %. La décision n’a néanmoins pas été vue du même œil en Allemagne, où le Bund est remonté à -0.502 % (contre -0.528 %). En marge, la Suisse a profité toujours de conditions exceptionnelles de financement avec un rendement de -0.56 %. 

Outre-Atlantique, le retour des tensions sino-américaines avait provoqué un léger rebond sur le 10 ans américain en début de semaine. Cependant, le discours de Jerome Powell, ainsi que les avancées dans le développement d’un vaccin ont permis de calmer les marchés, laissant le T-Note revenir presque à l’équilibre, à 0.649 %. À Hong-Kong, en revanche, les chiffres du chômage avaient provoqué une légère tension sur les taux. La décision de la Chine concernant la loi de sécurité nationale n’a rien fait pour améliorer la situation, laissant ces derniers atteindre 0.687 % (contre 0.497 % lundi 18 mai).

Marché des changes. Les cambistes ont délaissé momentanément les devises refuges, ce qui a profité à la monnaie unique. L’euro a, en effet, retrouvé un élan acheteur suite à l’annonce commune franco-allemande pour la constitution d’un fonds de 500 milliards d’euros. La monnaie unique a grimpé contre le yen à 118 JPY (+300 points de base) et face au franc suisse (+100 points) à 1.06 CHF. 

Cette configuration s’est dupliquée versus le billet vert, même si la parité s’est trouvée enfermée entre deux bornes bien identifiée. Les récents mouvements techniques sont ressortis haussiers sur la livre sterling. Malgré la faiblesse des chiffres de l’emploi, la devise utilisée au Royaume-Uni s’est traitée sur une base de 1.22 face au billet vert et 0.895 contre l’euro. 

Le retour des turbulences à Hong Kong a interféré sur le comportement du dollar australien, valeur très sensible à l’actualité économique chinoise. L’Aussie a cédé 80 points de base face au dollar à 0.652 dollar, ce qui peut être considéré comme un repli légitime face à la hausse de ces dernières semaines, initiée depuis le point bas à 0.574 dollar. Du coté des émergents, le peso argentin a poursuivi sa chute libre pour se négocier à 68 contre le billet vert. En début d’année, il fallait 60 unités monétaires pour acquérir un dollar. Le gouvernement argentin a prolongé pour la seconde fois le délai qu’il avait fixé pour la restructuration de sa dette de 66 milliards de dollars.