Après un mois de novembre historique, les marchés conservent malgré tout une forme d’optimisme

Après quatre semaines consécutives de forte hausse sur fond d’espoirs à propos des vaccins contre le Covid-19, les places financières ont marqué une pause, rattrapées par les incertitudes sur le Brexit et la seconde vague de la pandémie qui devrait nuire à l’économie au quatrième trimestre.

LES REPLIS indiciels se définissent par des mini-retracements sans impact sur la tendance primaire, largement ascendante. Cette forme de consolidation rampante se réalise avec une pondération toujours majoritaire des investissements en valeurs cycliques, prouvant ainsi la volonté des acteurs de perpétuer la prise de risque. La thématique « value » profite, par conséquent, pleinement des espoirs d’un retour à la croissance et de la réduction des incertitudes. Grâce aux interventions des Banques centrales, l’environnement de taux administrés favorise de manière complémentaire ces arbitrages, comme si les institutions monétaires agissaient pour que les marchés restent en lévitation, d’où le fameux « Don’t fight the Fed ! ».

Malgré les inquiétudes sur la distribution des vaccins, alors que Pfizer a fait état des problèmes de production, les grands indices ont néanmoins bien résisté, avec la perspective d’un plan de relance aux États-Unis et un nouveau geste des banquiers centraux.

Indices : sur la semaine dernière, en Asie, le Nikkei a gagné 0.4 % alors que le Hang Seng a perdu 0.4 % et le Shanghai Composite s’est adjugé 1 %. En Europe, le CAC40 a enregistré une perte hebdomadaire de 0.1 %, le Dax a cédé 0.5 % tandis que le Footsie s’est adjugé 2.6 %, à l’approche de la fin de la période de transition. Pour les pays périphériques de la zone euro, l’Italie a reculé de 0.9 %, le Portugal a grimpé de 0.5 % et l’Espagne de 0.8 %.

Outre-Atlantique, les indices ont une fois de plus inscrit de nouveaux records absolus, soutenus par les espoirs de soutiens monétaires et budgétaires ainsi que par la faiblesse du billet vert. Le Dow Jones a progressé de 0.5 % sur la semaine, le S&P500 a engrangé 1.1 % et le Nasdaq100 1.6 %.

Marché actions

Vestas Wind Systems est le leader mondial de la fabrication d’éoliennes. Cette société danoise profite du contexte actuel pour faire partie des grands gagnants de cette année. En effet, de nombreux pays européens se lancent concrètement dans la transition énergétique. Le Royaume-Uni compte construire le plus grand champ éolien mondial après avoir annoncé la fin des véhicules thermiques pour 2030 tandis que le Danemark va arrêter sa production de pétrole en mer du Nord. Ces mesures gouvernementales sont une vraie opportunité pour Vestas qui voit son titre progresser de 77.5 % sur l’année 2020.Le groupe danois est présent dans près de 82 pays et se démarque par une activité renforcée aux États-Unis, avec 28 % de ses installations. Au total, l’entreprise cotée à l’OMX danois a installé plus de 120 GW de puissance éolienne dans le monde grâce à ses plateformes 2 MW et 4 MW.

Cette position solide dans un marché prometteur permet au groupe de voir son chiffre d’affaires augmenter d’année en année : 1.8 % (en 2018) et 19.8 % (en 2019) alors que les analystes s’attendent à une hausse de 20.8 % en 2020. L’entreprise évolue en cette fin d’année sur ses plus hauts, avec un pic à 1275 DKK le mardi 1er décembre.

Marché obligataire : la Réserve fédérale a réagi avec force aux retombées économiques de la pandémie de coronavirus et la perspective d’un gouvernement divisé l’année prochaine pourrait mettre encore plus de poids sur les épaules de la Fed. En attendant, le dollar s’affaiblit mais le rendement du 10 ans américain se stabilise sur 0.91 %. En Europe, le calme se vérifie avec des taux inchangés sur une semaine. Le Bund se situe avec une référence à -0.56 % ainsi que l’OAT française à -0.32 %. 

Les pays méditerranéens se rapprochent de la ligne du zéro symbolique. Le Portugal rémunère sa dette avec un petit 0.02 %, tout comme l’Espagne avec un taux de 0.06 %. La Grèce (0.60 %) et l’Italie (0.50 %) profitent pleinement de cette conjoncture durable de taux administrés par la Banque centrale européenne (BCE) pour voir le coût de leur dette se réduire de semaine en semaine.

Marché des changes

L’optimisme engendré par un probable plan de relance américain, les paris sur un déploiement réussi des vaccins et le rebond économique de la Chine animent le marché des devises. Un gagnant, le yuan, qui se distingue une fois de plus, en établissant un nouveau record à 6.54 CNY. En face, le dollar est perdant car la principale monnaie de réserve mondiale apparaît pour les cambistes comme pouvant subir un cycle baissier. La devise américaine reste donc sous pression alors que les signes positifs pour une reprise globale se précisent. 

En Europe, la monnaie unique profite de l’appétit au risque et s’envole pour rejoindre son plus haut niveau depuis le printemps 2018, à l’approche des 1.22 dollar. L’euro se bonifie aussi face aux devises refuges. Le couple EUR/JPY s’est négocié avec un gain de 250 points sur la semaine à 123.50 JPY, alors que le franc suisse a reculé également contre la monnaie européenne à 1.09 CHF. 

De son côté, la livre sterling continue d’émettre des écarts erratiques, après que le ministre des Affaires étrangères britannique a indiqué des progrès dans les négociations afin de parvenir à un accord sur le Brexit. Le câble se traite sur une base de 1.34 dollar. Le fait marquant provient de la parité USD/CHF qui se négocie sur un plus bas de 5 ans (période où la BNS avait laissé flamber le franc suisse). Il faut 0.90 franc suisse pour acheter un dollar (voir graphique).

Dans l’hémisphère sud, les devises pro-cycliques, comme l’AUD et le NZD, avancent de manière coordonnée. Le dollar australien se négocie à 0.74 dollar, un plus haut de deux ans, tout comme le kiwi qui se traite sur une base de 0.71 dollar.

Statistiques économiques : l’activité manufacturière et celle des services ont une nouvelle fois accéléré à la hausse en Chine, dépassant les attentes, aussi bien pour les indices officiels ou Caixin. Les indices PMI manufacturier et services sont ressortis à respectivement 52.1 et 56.4 (54.9 et 57.8 pour les indices Caixin). En Allemagne, l’indice CPI a reculé de 0.8 % (consensus -0.7 % et +0.1 % le mois dernier) mais les ventes au détail rebondissent de 2.6 % (consensus 1.3 %) et les commandes industrielles de 2.9 %. 

Pour la zone euro, les indices PMI manufacturier et services étaient légèrement meilleurs que prévu (53.8 et 41.7). L’activité des services continue néanmoins à se contracter, l’indice restant largement sous le seuil des 50. L’indice CPI a reculé de 0.3 % tandis que l’indice PPI reste comme le mois précédent à +0.4 %, et le taux de chômage se maintient à 8.4 %. Les ventes au détail ont, en revanche, dépassé les attentes à +1.5 % (0.7 % attendu et -1.7 % le mois dernier).

Aux États-Unis, beaucoup de chiffres ont déçu, confortant le sentiment que la Fed devrait agir davantage pour soutenir l’économie. Les promesses de ventes de logements ont reculé de 1.1 %, l’indice PMI de Chicago rate le consensus, à 58.2. L’ISM manufacturier retombe à 57.5 (59.3 précédemment) et l’ISM services à 55.9 (56.6 le mois dernier). Concernant les données sur l’emploi, l’enquête ADP a fait état de seulement 307K créations de postes dans le secteur privé, là où le marché attendait 433K (404K le mois dernier). Le rapport mensuel a mis en évidence un taux de chômage meilleur que prévu à 6.7 % (6.9 % précédemment), mais avec seulement 245K créations d’emplois (consensus 480K) et un salaire horaire en hausse de 0.3 %. La balance commerciale s’améliore à -63.1B et les commandes industrielles progressent de 1 % (consensus +0.8 %).