Véhicule électrique : rapide, féroce… et vert

La pression réglementaire veut faire respecter l’Accord de Paris pour le climat par l’abandon progressif des moteurs à combustion d’ici à 2050. Le but est-il déjà atteint? En toute honnêteté, pas encore. Nous sommes pris dans un embouteillage, entourés de 91 millions de nouveaux véhicules mis en circulation rien qu’en 2019, dont environ 2,3 millions de véhicules électriques.

DES ESTIMATIONS prudentes prévoient qu’en 2030 1,4 milliard de véhicules de tourisme rouleront dans le monde, dont seulement 8 % des véhicules électriques (VE). Les ventes de véhicules électriques progressent pour passer de 0,6 % des ventes de véhicule au niveau mondial en 2015 à 2,5 % en 2019. Cependant, le marché en pleine croissance et la pression environnementale pourraient porter ce chiffre à plus de 32 % des ventes de véhicules neufs en 2030. 

L’essor des véhicules électriques a été rapide et, de manière plus importante encore, vert. Il devrait se poursuivre au cours des années qui viennent malgré le ralentissement économique lié au Covid-19. Les véhicules électriques sont essentiels à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Différentes considérations politiques ont contribué à augmenter la part de marché des véhicules électriques : la pression réglementaire visant à faire respecter l’Accord de Paris pour le climat par l’abandon progressif des moyens de transport à moteur à combustion d’ici à 2050.

La variable carbone

L’intensification de la circulation routière qui entraîne une hausse de la pollution de l’air et des émissions de CO2 ainsi que la décongestion des centres urbains qui s’accompagnera des politiques relatives aux droits d’accès des véhicules à faibles émissions.

D’après un rapport du Parlement européen, le secteur des transports représente 30 % des émissions de CO2, dont 72 % sont générées par le transport routier. La décarbonisation du secteur des transports doit donc impérativement démarrer. Les véhicules électriques sont essentiels à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone: non seulement ils ne produisent aucune émission, mais la chaîne de valeur automobile va elle aussi devenir plus neutre en carbone.

Les voitures dégagent environ 333 millions de tonnes de monoxyde de carbone par an dans l’atmosphère, ce qui représente 20 % du total mondial. Il s’agit d’un gaz toxique qui peut entraîner des problèmes de santé car il empêche le sang d’acheminer l’oxygène vers les organes vitaux. Différentes politiques ont été mises en place dans le monde, en particulier l’interdiction pure et simple d’autoriser la mise en circulation des véhicules diesel ou essence.

Actuellement, les véhicules électriques sont plus chers. Cependant d’ici à 2025, ils atteindront, dans certaines régions, le même niveau de prix que les véhicules thermiques. Le tarif des batteries au lithium-ion a baissé de plus de 85% de 2010 à 2019. En outre, ceci ne tient pas compte de la faiblesse des coûts de ravitaillement et des coûts d’entretien relativement peu élevés des véhicules électriques.

La durée d’utilité des batteries des véhicules électriques ne représente plus une préoccupation importante car les fabricants limitent la jauge susceptible d’être entièrement chargée, ce qui permet de réduire le nombre de cycles de chargement. En outre, on peut désormais compter sur les améliorations technologiques et d’ingénierie. Même si la durée d’utilité des batteries s’est améliorée, la recyclabilité reste une question écologique essentielle. L’impact écologique est dû aux déchets nocifs de la batterie, à l’extraction de matières premières telles que le cobalt et aux processus énergivores visant à récupérer les composants ainsi qu’aux coûts qui leur sont liés.

Recyclabilité

Les décideurs politiques sont déjà en train de s’emparer de la question de la recyclabilité. L’Union européenne a établi l’European Battery Alliance (EBA) pour gérer l’urgence à mettre en place un secteur des batteries durable. D’ici à 2040, les véhicules électriques représenteront 9 % de la demande mondiale totale en électricité. L’empreinte en CO2 d’une automobile électrique dépend de l’énergie utilisée pour produire l’électricité. L’empreinte des véhicules électriques sur le climat dépend de la quantité utilisée pour recharger les batteries. En particulier, si l’énergie renouvelable est utilisée, l’empreinte des émissions est significativement inférieure en comparaison avec les véhicules à essence ou diesel et, en supposant un mix de production électrique moyen pour l’UE, les émissions restent moins élevées car il n’y a aucune émission de CO2 polluante.

Pour conclure, les investisseurs peuvent bénéficier de la forte hausse tendancielle des véhicules électriques en misant sur différents secteurs, des équipementiers automobiles pure player dans l’électrique et usines de cellules de batterie aux semi-conducteurs ou à l’énergie distribuée, en passant par la numérisation industrielle, la mobilité intelligente, les métaux, les satellites et le stockage de l’énergie.

Les investisseurs obligataires ont vu plusieurs acteurs du secteur automobile faire leur entrée sur le marché en émettant des obligations vertes. En septembre dernier, les manufacturiers automobiles allemands ont émis un volume important d’obligations vertes, 2 milliards d’euros pour Volkswagen et 1 milliard d’euros pour Daimler, le propriétaire de Mercedes-Benz. Cette levée de fonds est principalement destinée à financer la conception, le développement et la fabrication de véhicules électriques ainsi que l’infrastructure de recharge.