Avec l’AE-RDC, il est désormais possible de faire le commerce avec les États-Unis

Actuellement, les échanges entre la RDC et les USA sont quasi nuls. Pour le conseiller économique de l’ambassade us à Kinshasa, une augmentation de leur volume profiterait économiquement et culturellement aux deux pays. Et selon lui, un « grand pas » est posé vers des liens économiques plus étroits.

 

Pour un coup d’essai, c’est véritablement un coup de maître ! L’ONG Association des entrepreneurs de la République démocratique du Congo (AE-RDC) a fait salle comble, vendredi 27 avril, lors de la conférence de présentation de son projet Easy commerce à l’hôtel Sultani de Kinshasa. Apparemment, entrepreneurs, hommes d’affaires, banquiers, fonctionnaires, journalistes…, venus en nombre, avaient en tête une seule préoccupation : quelle garantie leur donnent les ténors de l’AE-RDC que cette initiative ne va pas ressembler à d’autres initiatives, qui ont vu le jour bien avant et qui sont restées sans lendemains ? 

Il faut dire que la présence du conseiller économique à l’ambassade des États-Unis en RDC, Dovas Saulys, et du consul américain, Mrs Lisa, à cet événement aura été une sorte de « caution morale » pour rassurer l’auditoire dubitatif, avouons-le, de ce jour-là. D’ailleurs, comment il pouvait en être autrement, quand le conseiller économique, lui-même s’est dit « très heureux d’assister à cet événement », a déclaré que c’est « le premier événement », à sa connaissance, à « se concentrer sur le commerce entre la RDC et les États-Unis ». En tout cas, depuis qu’il est en poste à Kinshasa.

C’est dire l’importance de cet événement car le commerce entre la RDC et les États-Unis est à ce jour quasi inexistant. Selon les dernières statistiques évoquées par Dovas Saulys, celles de 2011, la RDC a exporté vers les États-Unis pour 150 millions de dollars de marchandises tandis que les États-Unis ont expédié vers la RDC des marchandises d’une valeur de 137 millions de dollars. D’après le diplomate américain, ces chiffres sont « si faibles » qu’ils sont inférieurs à la moyenne internationale. Sans état d’âme, Dovas Saulys pense que les deux pays ont tout à gagner « économiquement et culturellement », s’ils augmentent le volume de leurs échanges commerciaux. Vu sous cet angle, la conférence organisée par l’AE-RDC, a-t-il souligné, est un « grand pas vers les liens économiques plus étroits entre la RDC et les États-Unis ».

En effet, le commerce international présente aujourd’hui plusieurs avantages pour les nations du monde. Toutes les économies avancées du monde y participent. D’après Dovas Saulys, aujourd’hui, le commerce international veut dire « croissance économique, efficacité et progrès technologique ». Plus encore, « il améliore généralement la qualité de vie des citoyens dans le pays ». Grâce au commerce, a-t-il dit, les pays peuvent importer des marchandises qui ne se trouvent pas à l’intérieur de leurs frontières, les fabricants peuvent importer des matières premières et des intrants, les prix intérieurs peuvent être réduits du fait de la concurrence qui oblige les grands producteurs nationaux à être compétitifs… Compte tenu de leur succès économique au cours de cette dernière décennie en termes d’augmentation substantielle du niveau de vie de la population, certains pays s’ouvrent au monde. Et aussi grâce au commerce international, des grandes nations, comme la Chine, l’Allemagne, les États-Unis et le Japon, ont pu renforcer leurs économies à travers le monde.

Carte commerciale us

D’après Dovas Saulys, les États-Unis sont le premier pays importateur et le deuxième pays exportateur au monde. Par exemple, les agriculteurs et les éleveurs américains dépendent des exportations. Près de la moitié des cultures, comme le blé, est vendue à l’étranger. Les États-Unis sont aussi le pays plus grand exportateur mondial de services (services bancaires, télécommunications, services énergétiques, livraison express, nouvelles technologies de l’information et de la communication, assurances…) Pour lui, l’amélioration des relations extérieures est aussi le fait du libre-échange. Les pays en voie de développement sont souvent soumis à des pressions internationales et les relations commerciales stratégiques avec les pays plus puissants peuvent leur fournir protection contre ces pressions. Plus généralement, le commerce international favorise la paix internationale. L’échange de marchandises s’accompagne parfois avec celui d’idées, ce qui favorise la compréhension internationale. Comme l’a écrit un auteur, aucun des deux pays ayant d’excellentes relations commerciales n’est allé en guerre contre l’autre. Les pays ayant de solides accords commerciaux se font rarement la guerre parce que le coût économique d’une telle guerre est dévastateur. C’est dire que le commerce international est facteur d’interdépendance économique et une incitation à trouver des « solutions pacifiques et diplomatiques aux conflits internationaux ».

Enfin, le commerce international pourrait apporter de nombreux avantages à l’économie congolaise. Actuellement, la plupart des exportations de la RDC dans le monde concernent les matières premières : les minerais et le pétrole. Or, estime le diplomate américain, « l’avenir économique de la RDC dépend en partie de sa capacité à ajouter de la valeur à ses immenses ressources naturelles et produits agricoles ». La RDC bénéficierait également de la diversification de son économie qui passerait alors des minerais vers d’autres secteurs, notamment l’agriculture, les énergies, le tourisme, l’industrie manufacturière… Cette transformation nécessitera des « politiques gouvernementales efficaces et une bonne gouvernance ». 

Toutefois, pense-t-il, des biens et services de haute qualité en provenance des États-Unis peuvent également contribuer à cette transformation. En effet, ce pays est le plus exportateur de produits agroalimentaires dans le monde : « Un hectare sur trois dans les fermes américaines est destiné à l’exportateur ». Par ailleurs, les États-Unis sont une « véritable référence » en matière de machines et technologies agricoles ainsi qu’en matière de semences, engrais et produits chimiques. Parmi les semences, on trouve des variétés de haute technologie qui résistent à la sécheresse et aux insectes.

Les États-Unis sont aussi le chef de file dans le domaine des technologies énergétiques. Il s’agit notamment du système modulaire au diesel, au gaz naturel et à l’énergie solaire qui peuvent alimenter de petites mines, des usines de transformation des aliments et l’industrie manufacturière dans les provinces et les grandes villes. La diversification de l’économie congolaise nécessitera également une amélioration des infrastructures, souligne-t-il. « Les fabricants américains fournissent des machines de brousse pour la construction et l’entretien des routes et des ponts. En outre, les NTIC américaines sont développées dans le monde entier ».

Pour tout cela, les entreprises américaines peuvent être des « partenaires précieux » dans la diversification de l’économie nationale. Cette diversification permettra au pays de diversifier également ses exportations. De nouveaux marchés pour les biens et services congolais pourraient inclure les pays de la région, de l’Europe et les États-Unis.  

Pour sa part, la consul Mrs Lisa a expliqué les conditions d’octroi de visa d’affaires pour les États-Unis. À l’en croire, il n’y a pas de mystère autour de ça pourvu que le demandeur satisfasse aux conditions. Et le visa est accordé.