Le Groupe Nestlé a annoncé la fermeture de son siège social et de son usine de production de cubes de cuisine Maggi « d’ici la fin du mois de janvier 2018 ». Mais il entend « poursuivre le développement de son modèle économique de distribution par des tiers », a annoncé un porte-parole du groupe à l’AFP. La conséquence directe de cette décision est la perte de l’emploi pour la centaine de travailleurs de cette usine implantée dans le quartier industrielle de Kingabwa à Kinshasa. Le groupe suisse propose aux 120 salariés de cette usine « un ensemble de mesures compensatoires plus favorables que prévues par la législation du travail au plan local », a indiqué le même porte-parole.
Selon des sources proches du dossier, l’usine représentant un investissement de 15 millions de francs suisses, inaugurée le 26 septembre 2012, et qui produit également le lait Nido Nutripak fortifié en fer, n’était plus rentable. D’où la décision de sa fermeture. Le Groupe Nestlé avait fondé beaucoup d’espoir sur cet investissement, car la République démocratique du Congo représentait pour lui un « énorme marché ». Les motivations réelles de la fermeture de cette usine procèdent de la situation politique instable dans le pays, expliquent les mêmes sources proches du dossier.
Dans tous les cas, la délocalisation ou la désindustrialisation, c’est selon, de cette usine est un camouflet à l’économie nationale qui cherche à se reprendre après des décennies de désindustrialisation. La décision de Nestlé de fermer son usine de Kinshasa est un pied de nez, au moment où le gouvernement cherche désespérément les investissements directs étrangers et en rajoute à l’image déjà ternie du pays en matière d’assainissement de l’environ des affaires. Avant Nestlé, la Bralima, qui fait partie du groupe international Heineken, a fermé ses usines de Boma (Kongo-Central) et Mbandaka (Équateur).
Pourquoi la plus grande entreprise mondiale de nutrition, de santé et de bien-être, présente en RDC depuis 2009, à travers sa succursale Nestlé/RDC, décide, soudain, de fermer son siège et son usine ? Et dire qu’elle avait annoncé, il y a peu, être à la recherche de nouvelles opportunités. Nestlé/RDC fournit en RDC de nombreux services et produits alimentaires. En effet, depuis de nombreuses années, les produits tels que Nido, Cérélac et Guigoz étaient commercialisés au Congo-Zaïre-RDC. Actuellement, Nestlé/RDC a deux centres de distribution de ses produits (Nido, Nesquik, Nescafé, Maggi, Cérélac et une gamme de laits infantiles), l’un à Kinshasa et l’autre à Lubumbashi.
Le directeur général de Nestlé/RDC, Erkan Konak, déclarait que l’investissement dans la nouvelle ligne de production Nido Essentia Nutripak était « le reflet de la détermination » de sa société de s’installer « durablement » en RDC pour « proposer aux consommateurs des produits plus savoureux et plus nutritifs pour toutes les bourses ». En 2012, en décidant d’implanter une usine en RDC malgré la situation socio-politique instable, le Groupe Nestlé avait foi au train de mesures en faveur de l’amélioration du climat des affaires, notamment l’adhésion de la RDC à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).
Pour Nestlé/RDC, les quelque 70 millions de consommateurs congolais constituaient un énorme marché en Afrique. En effet, le groupe suisse applique le principe de « création de valeur partagée ». Il s’agit de recourir aux matières premières locales et contribuer au développement du pays ciblé. Les ambitions affichées du leader mondial de l’agroalimentaire, c’est de signer un accord de « partenariat public-privé » pour l’exploitation des plantations à l’abandon, notamment la cacaoyère de Bengamisa de 5 000 ha, à 36 km au nord de Kisangani ; ainsi que des terres arables, surtout des cultures de cacao et de café. Nestlé Congo soutient aussi un projet social baptisé « Nouvel Horizon », axé sur le renforcement des compétences des femmes sans revenu, qui gagnent leur vie en revendant les produits Nestlé, tels que Nescafé, Nido et Cérélac.
Vision planétaire
Dynamique et ambitieuse, Nestlé s’est donné une vision planétaire. Nestlé, c’est avant tout l’histoire d’un seul homme, le fondateur de cet empire alimentaire. Immigré allemand issu d’une famille bourgeoise de verriers, Henri Nestlé s’installa à Vevey pour y suivre une formation de commis-pharmacien. Dans cette agglomération, il racheta une entreprise et s’essaya à la fabrication et au développement de divers produits tels que l’eau minérale, les liqueurs, le vinaigre mais aussi les engrais, le ciment et même le gaz liquide.
En 1866, Henri Nestlé inventa les premières farines lactées pour nourrissons afin de combattre la mortalité infantile due à la malnutrition. À l’époque, 15 % à 20 % des nourrissons mouraient avant d’atteindre l’âge d’un an. Sa société connut alors un début fulgurant. Parallèlement à ce succès, un autre entrepreneur local, Daniel Peter, fit une découverte majeure en 1875. Il s’agit du chocolat au lait. Dès 1904, Daniel Peter en fabriquait pour Nestlé avant de fusionner avec celui-ci en 1929. En 1882, un meunier suisse, Julius Maggi, inventa un produit à base de légumes facile à digérer, et les produits Maggi rejoignirent le groupe Nestlé en 1947.
La Deuxième Guerre mondiale a permis à un nouveau produit de Nestlé de se développer. Il s’agit de Nescafé, qui s’imposa comme la boisson chaude fétiche des troupes américaines en campagne en Europe et en Asie. Au sortir de la Guerre mondiale, Nestlé connut une période de croissance sans précédent en diversifiant ses activités dans le secteur agroalimentaire. Aujourd’hui, Nestlé est devenu le plus grand groupe agro-alimentaire de la planète. Et depuis, l’ambition et l’héritage d’Henri Nestlé sont perpétués à travers de nouveaux produits de qualité et de nouvelles expériences innovantes.
Le 150è anniversaire, en 2016, a été d’ailleurs placé sous le signe de repas de famille, de souvenirs d’enfance, de moments de gourmandise et de partage grâce aux marques emblématiques telles que Mousline, Nesquik, Guigoz, Chocapic, Nescafé, Maggi, Ricoré, Nido, Perrier ou encore Herta. D’année en année, Nestlé affiche une seule ambition : bien manger, bien vivre dans le respect des consommateurs à travers le monde. Hélas, son départ de la RDC entraîne la perte d’une centaine d’emplois directs.