Cacao : la RDC titille le top 50 des grands producteurs mondiaux

Une année, après le premier forum national sur le café et le cacao organisé par la FEC, on parle de la croissance de la production de 700 %, au premier semestre de cette année par rapport à la même période en 2018.

LA RDC A PRODUIT 13 665 tonnes de cacao au premier semestre 2019, selon les données statistiques de la Banque centrale du Congo (BCC), datées de mi-août 2019. La production du cacao a donc enregistré un bond de plus de 699,7 % comparativement à la récolte du premier semestre 2018, qui n’était que 1 953 tonnes. La production totale de la campagne 2018 est, en effet, de 15 474 tonnes. Il se trouve donc que la République démocratique du Congo a, au cours de six premiers mois de l’exercice 2019, déjà atteint 88,3 % de la récolte de 2018. Ainsi, le pays s’approcherait donc du top 50 des pays producteurs de cacao. En 1959, le Congo-Belge comptait encore parmi les grands exportateurs mondiaux de cacao et ses revenus représentaient 45 % du budget de la colonie. Les analystes ne s’accordent pas, pour autant, sur le lien de cause à effet, à propos de cette production record par rapport aux recommandations du Forum café-cacao. 

Desiderata inassouvis

La seule réponse efficiente de l’État demeure la mise à disposition des agriculteurs de plus 100 000 ha supplémentaires dans le Haut-Uélé, fait comprendre un agro-industriel dans la région. 

Le gouvernement s’est engagé à créer un cadre national incitatif de la filière café-cacao pour le développement du tissu agro-industriel susceptible de booster l’éclosion économique de la RDC, lit-on dans un récent document du ministère du Commerce extérieur. Le document reste plutôt évasif sur les préoccupations récurrentes de la FEC notamment sur la parafiscalité. 

Il y a, en effet, un peu plus d’une  année, du 18 au 20 juin 2018, la Fédération des entreprises du Congo avait organisé le premier Forum Expo Café-Cacao à Kinshasa, lequel a accouché d’un chapelet de recommandations parmi lesquelles la réduction de tiers du taux des taxes (taxe rémunératoire annuelle, taxe de pollution et taxe d’implantation) perçues par les services de l’Environnement ou encore la révision à la baisse du taux d’impôt minimum sur les sociétés à vocation agricole. 

Fraude à la frontière Est

Le principal patronat de la RDC a, par exemple, sollicité la suppression de toutes les autres perceptions illégales exigées par les services autres que ceux habilités à prester aux postes frontaliers. La FEC a aussi demandé que soit amendé l’article 16 de la loi portant sur les principes fondamentaux relatifs à l’agriculture et que soient adoptées les mesures d’application y afférentes. Les participants au forum avaient également proposé la création d’un comité de suivi et la mise à sa disposition des moyens financiers, sécuritaires et logistiques conséquents. Ils ont aussi sollicité du gouvernement, notamment la budgétisation dans la loi de finances des ressources dudit comité de suivi. Tout comme la relance du financement des campagnes agricoles, le bannissement des tracasseries administratives en respectant les dispositions légales en la matière, la lutte contre la fraude en identifiant tous les postes frontaliers et frontières qui favorisent ladite fraude, l’implantation des tribunaux de commerce et d’autres structures de facilitation et d’encadrement des investisseurs et des investissements dans les aires de production des café et cacao, ainsi que l’allocation au secteur agricole des fonds de contrepartie issus des aides alimentaires. 

Hélas, les agro-industriels vont devoir encore attendre malgré les efforts louables de la filière café-cacao et le défi qu’ils se sont assigné de produire et d’exporter plus que le numéro un mondial, la Côte d’ivoire, selon Albert Yuma Mulimbi, le président de la FEC. « Il est évident, a-t-il fait comprendre, que les prélèvements des frais et taxes illégaux sur les exportations dans les provinces frontalières notamment au Kivu et en Ituri, rendent moins compétitifs les exportateurs au niveau d’achat auprès des planteurs par rapport à ceux d’autres pays  dont les frais à l’exportation de café ne dépassent pas 1 % FOB et ayant des infrastructures qui leur facilitent l’exploitation. Les énormes disparités à ces points favorisent la contrebande massive du café et du cacao de la RDC. » 

Les exportations officielles, déplore la FEC, souffrent des frais très élevées par rapport au pays voisins dans les domaines de transport, de banque et de l’assurance. Sur les 38 000 tonnes de café produits en 2016, seules 9 000 tonnes ont été exportées officiellement. Et sur 4 500 tonnes de cacao produites la même année, seules 1 400 tonnes sont sorties de la RDC par des voies légales. 

Collaboration avec l’INERA

Pour Emmanuel Rwakagara, le président du Comité des exportateurs de café-cacao à la FEC, la stratégie de relance des filières café-cacao en RDC couvre l’ensemble des composantes de la chaîne de valeur, à savoir la recherche, la vulgarisation, l’encadrement, la production, la transformation, l’usinage, la commercialisation, la torréfaction et l’exportation. Cette stratégie, a-t-il ajouté, permettra de générer des recettes en milieu rural mais également tout au long de la chaîne de valeur. Elle permettra, par conséquent, la création de nombreux emplois à tous les niveaux des filières. 

Le Forum Expo café-cacao, il sied de le rappeler, a notamment recommandé une « coopération plus active » entre la filière et l’Institut national d’études et de recherches agricoles (INERA) pour la multiplication des pépinières de proximité, le recensement des plantations existantes et leurs propriétaires, la création de nouvelles plantations par l’usage du matériel végétal de multiplication à haut rendement, le préfinancement des campagnes de café et de cacao, l’entretien des routes de desserte agricole.