LE 26 JANVIER 2016, le conseil des ministres avait pris une série de mesures comme riposte à la conjoncture internationale défavorable à l’économie nationale afin de remonter le moral des chefs d’entreprise, accroître les ressources financières et mettre en œuvre les réformes structurelles à impact rapide. Pour cela, il a fallu définir les actions à mener, déterminer les institutions, les organismes et les services pour les exécuter et fixer le timing de leur mise en œuvre.
Presque trois ans après l’adoption de ces 28 mesures économiques d’urgence, il y a eu certes d’avancées qui ont permis à l’économie de redresser la tête en 2018. Mais ce serait pécher que de dire que la situation est près de l’amélioration et que le but a été atteint.
En effet, il apparaît encore dans l’ensemble des indicateurs économiques du pays, des signaux rouges comme pour illustrer la nécessité d’accélérer sur certains paramètres de transformation économique.
La résilience
Les difficultés de l’économie ont, par conséquent, à plusieurs reprises, contraint le gouvernement à revoir à la baisse, les prévisions de croissance du pays, les réserves officielles de change ; à la hausse, les estimations de plusieurs indicateurs du cadre macroéconomique tels que l’inflation, le taux de change, le taux directeur de la Banque centrale du Congo (BCC), le taux de coefficient des réserves obligatoires des banques commerciales…
Loin de nous l’idée de faire le bilan d’application de ces mesures, cependant il faut souligner que dans le cadre de leur exécution, certaines réformes envisagées sont encore très attendues, notamment dans le secteur financier.
Par exemple, la Mesure n°15 prévoit la création de banques spécialisées, à savoir la Banque de crédit agricole, la Banque de crédit immobilier, la Banque de développement des PME/PMI et le Fonds national d’investissements. Dans la foulée, le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) devra se muer en Banque d’investissement industriel, la Caisse d’épargne du Congo (CADECO) et la Société financière de développement (SOFIDE) recapitalisés.
Comme on peut le constater, aucune de ces structures n’est encore mise en place. Pourtant, le système financier national a besoin de ces chaînons manquants pour la croissance économique et le développement social. L’émergence de la classe moyenne et la diversification de l’économie passent aussi par le financement de l’agriculture et le soutien aux PME/PMI. À partir de 2014, le taux de croissance économique national a dégringolé à la suite de la chute des cours des principales matières premières sur le marché international.
Ce taux est passé de 9,5 % en 2014 à 7,7 % en 2015 avant de chuter à 2,4 % en 2016. Profitant de la remontée des cours sur le marché mondial des matières premières à partir de la seconde moitié de 2017, l’économie nationale essaie de relever la tête. Le taux de croissance est remonté à 3,7 % en 2017, il pourra se situer à 4,1% en 2018 et 5,6 % en 2019 selon les prévisions.
Des signaux positifs
Il est vrai que le Bureau central de coordination (BCECO) recherche une firme internationale de consulting pour l’étude de faisabilité sur la création de la Banque d’investissement industriel, appelée à remplacer l’actuel Fonds de promotion industriel (FPI). Dans l’appel d’offre, le BCECO a précisé que la mission du consultant est de fournir au gouvernement des orientations sur le fonctionnement de la garantie publique.
Les objectifs spécifiques de la création de la Banque d’investissement et de garantie publique sont notamment d’apporter un soutien aux entreprises nationales grâce notamment à aux fonds propres et ceux levés sur les marchés financiers, d’octroyer des garanties requises dans les investissements ainsi que de fournir un accès amélioré au financement pour les entreprises nationales, petites et moyennes ou de grande taille.
Le consultant sélectionné devra préciser le ou les marché(s) ciblé(s) par les lignes de crédit de la banque d’investissement, les potentielles institutions financières partenaires, les potentielles institutions ou personnes pouvant participer au capital de la banque, le niveau optimum de son capital au moment de sa création et les besoins en assistance technique.
Il devra aussi indiquer les mécanismes d’octroi de la ou des ligne(s) de crédit et les règles de gouvernance requises, les mécanismes d’octroi de la garantie publique en faveur des entreprises nationales et les règles de gouvernance requises.