Cent grandes entreprises sont responsables des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre depuis 1988, a conclu l’ONG environnementale Carbon Disclosure Project dans un nouveau rapport paru lundi 10 juillet. Ces particules sont en grande partie à l’origine du réchauffement climatique. Ces méga-pollueurs viennent principalement de Chine, d’Iran, d’Arabie saoudite ou encore des États-Unis et de la Russie. Ils s’appellent Gazprom, Saudi Aramco ou encore ExxonMobil et jouent tous dans la même cour : celle de l’exploitation des énergies fossiles. Le seul Français du lot, Total, se classe dans le top 25 des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. Un club encore plus sélect qui est responsable de plus de la moitié de ces émissions.
Les États sur le banc des accusés aussi
« L’industrie des énergies fossiles a doublé sa contribution au réchauffement climatique en émettant autant de gaz à effet de serre en 28 ans (1988-2016) qu’en 237 ans auparavant », ont constaté les auteurs de l’étude qui se sont basés uniquement sur des données publiques. Si Carbon Disclosure Project pointe clairement un doigt accusateur sur ces entités, l’ONG n’en oublie pas moins les États qui ont bien souvent investi dans le développement de ces grands groupes. Saudi Aramco (Arabie saoudite), CNPC (Chine) ou encore National Iranian Oil sont tous des groupes publics. D’autres, comme Gazprom en Russie, sont étroitement liés à l’État.
Ces géants soutenus par la puissance publique se classent dans les 10 principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Pour Carbon Disclosure Project, les États concernés démontrent ainsi leur double langage entre des engagements publics pour lutter contre le réchauffement climatique et leur participation aux conseils d’administration de certains des principaux responsables de la situation climatique actuelle.
Environnement et économie
Le risque de continuer à soutenir financièrement ces mastodontes du pétrole ou du gaz est certes environnemental avant tout. Si Exxon, BP, Total et les autres continuent à extraire ces énergies fossiles au même rythme que ces derniers 28 ans, la hausse de la température dépassera les 4°C d’ici 2100, très loin de l’objectif d’une hausse inférieure à 2°C fixé par l’accord de Paris sur le climat. D’après un rapport de la Banque mondiale en 2012, une telle différence de température entraînerait des inondations à répétition dans les villes côtières, une baisse de la production de certains aliments (céréales, riz) potentiellement mortelle dans les régions les plus pauvres et l’extinction d’une part non négligeable de la faune et de la flore.
Mais ce risque a aussi une dimension économique. Le rythme de développement des énergies renouvelables menace la survie même de ces grands fauves à un horizon de dix ans, d’après les auteurs du rapport. Entre les géants de la Tech, comme Apple ou Facebook, qui ont majoritairement recours à des énergies renouvelables et certains constructeurs automobiles, comme Volvo, qui veulent se convertir dans les années qui viennent au tout électrique ou à l’hybride, les signes d’un déclin du fossile se multiplient. Carbon Disclosure Project appelle ces groupes à changer radicalement de modèle économique, s’ils ne veulent pas prendre le risque de voir les investisseurs s’en aller les uns après les autres.