Cette année, le panier de l’écolier pèse entre 400 et 2 000 dollars

Jusqu’à la veille de la rentrée des classes, les magasins étaient clairsemés, des écoles continuaient à inscrire... Pour un observateur, c’est un signe évident que l’achat des fournitures scolaires et le paiement de la scolarité sont devenus un véritable cauchemar financier pour les parents. 

Marie, 55 ans, commerçante a ces mots : « L’éducation de nos enfants n’a pas de prix, et les parents sont contraints de dépenser sans compter pour leur scolarité ». Voilà qui est dit et reflète le sentiment général dans le pays. Les parents, qu’ils soient nantis ou de condition modeste, ont un seul souci : mettre leur progéniture dans les « bonnes écoles ». 

Chez nous, on le sait, les bonnes écoles, ça ne court pas les rues. Ce sont souvent les écoles catholiques et les écoles privées, du moins quelques-unes. Les établissements privés ont la réputation d’être cher. Si la question ne se pose pas pour les riches, c’est quasi un sacrifice que font les parents moins nantis pour envoyer leurs enfants dans les bonnes écoles. Ils n’ont pas le choix car il s’agit de mettre toutes les chances de réussite sociale dans la balance du côté de l’enfant. « Les enfants d’abord », souligne Louise, mère des quatre enfants. 

Nombre de parents se prennent souvent à la dernière minute quand arrive la rentrée scolaire. « Ce n’est pas de gaîté de cœur qu’ils le font », explique Alfred Batouala, sociologue. « Face aux achats de rentrée scolaire, il y a souvent deux types de personnes. Les plus organisées, qui s’y prennent à l’avance… Et les autres. Pour ces malheureux retardataires, les courses de rentrée peuvent vite se transformer en un véritable cauchemar », fait-il remarquer. 

De l’avis même des parents, les achats de rentrée (cahiers, baskets, uniforme, tenue de gym, cartable…) pèsent lourd sur leur porte-monnaie. Avec un coût moyen entre 80 et 150 dollars par enfant. Ces dépenses peuvent représenter jusqu’à trois mois de salaire pour les fonctionnaires et agents de l’État. Pour contourner les dépenses exorbitantes, des parents avec deux ou plusieurs enfants à scolariser prennent le temps de faire l’inventaire des fournitures non utilisées ou encore en état d’être réutilisées, surtout les manuels scolaires. Certains établissements scolaires proposent en début d’année un achat groupé de certains types de fournitures (manuels, syllabus, voire cahiers, feuilles, crayons…) et de tenue vestimentaire (uniforme et tenue de gym). Cependant, confient des parents, acheter à l’école n’est pas souvent bénéfique et cela provoque l’ire des vendeurs de fournitures scolaires.

Billet de vacances

Dans tous les cas, acheter à l’école ou dans le commerce, les parents sont strictement tenus à la liste (billet de vacances) fournie par l’établissement de l’enfant dès la fin de l’année scolaire. Le billet de vacances détaille les fournitures scolaires essentielles pour l’année scolaire. Ailleurs, cette tâche incombe au ministère de l’Éducation sur base de demandes raisonnables des enseignants. Le but est réduire le coût de la rentrée et le poids du cartable.

Un expert explique que la demande de manuels scolaires doit rester exceptionnelle et les écoles (enseignants) veiller à rester raisonnables en étalant les requêtes de façon échelonnée sur l’année. En effet, les manuels scolaires coûtent en moyenne 10 dollars. Les établissements scolaires demandent au moins un manuel pour chaque enseignement dispensé. La liste comporte le matériel de base commune aux élèves du primaire, du secondaire et des humanités et d’autres, plus spécifiques, selon le niveau d’enseignement. « Avec l’instabilité de la monnaie nationale, le coût de la rentrée n’est jamais en baisse », évoque Maurice, 52 ans, père de 5 enfants. Cartables, crayons, cahiers, manuels, tenue vestimentaire…, globalement, il a dépensé 600 dollars pour ses cinq enfants dont deux sont en primaire, contre 400 dollars en 2016 et 550 dollars en 2017. « Les enfants exigent les articles de qualité, donc de marque, mais nous faisons en sorte pour ne pas céder à leurs volontés excessives parce que nous n’en avons tout simplement pas les moyens », fait remarquer Maurice. En d’autres termes, les parents privilégient notamment la réutilisation de vêtements, cartables, baskets acquis l’an dernier, du fait de la perte du pouvoir d’achat et de la hausse du coût de la vie des familles. 

Les frais de scolarité

Les frais de scolarité varient d’une école à une autre et d’un secteur (public) à un autre (privé), d’un milieu à un autre. Nos équipes d’enquête se sont intéressées à quelques cas. De leur étude, il ressort que la plupart des écoles ont reconduit les frais payés l’an dernier. 

Dans les classes de la maternelle, par exemple, le complexe scolaire Bon départ (sites de Limete et Lemba), une école privée, les parents doivent payer le minerval : 450 dollars, répartis en trois tranches ou trimestres (200-150-100), en plus des autres frais connexes : environ 40 dollars. À l’école La source de vie (Gombe), il faut débourser : les frais d’inscription (10 dollars) les frais du test (10 dollars), les frais d’administration c’est-à-dire fournitures scolaires, uniforme, livres, tenue de gym… (80 dollars), les frais de scolarité (1 450 dollars en trois tranches, soit 450-500-500). Le tout : 1 550 dollars pat élève. 

Dans les classes du primaire, les chefs d’établissement du secteur public (écoles officielles) sont dans l’attente de « la décision de l’autorité compétente de l’EPSP », a laissé entendre une directrice d’école à Lingwala (EP Lufungula). Entretemps, les parents sont tenus de payer 120 000 de nos francs (environ 75 dollars), répartis comme suit : 50 000 FC (1er trimestre), 35 000 FC (2è trimestre) et 35 000 FC (3è trimestre), comme l’an dernier. Sans compter les autres frais.

Au complexe scolaire cardinal Malula à Limete, une école catholique, de la 1ère à la 4è : 590 dollars en trois tranches (255-250-90), la 5è : 590 dollars (260-250-90), la 6è : 625 dollars (335-250-50). Sans compter les autres frais. Au Bon départ, les frais de scolarité exigés sont de 520 dollars, payables sur trois trimestres. Dans les écoles de la maternelle et du primaire du révérend Kim :  frais du test (10 dollars), frais d’administration (90 dollars), frais de scolarité (720 dollars en trois tranches, soit 380-240-100). Le tout : 820 dollars par un enfant. 

Dans les classes du secondaire, l’école privée Vidéo dans la commune de Barumbu demande : inscription (5 dollars), test d’admission (5 000 FC), frais annexes ou uniforme, fournitures scolaires (65 dollars), carnet de santé (5 000 FC), frais de scolarité (350 dollars au primaire, soit 200-100). Le total : 427 dollars. Au secondaire : inscription (10 dollars), test (5 dollars), frais de scolarité (300 dollars en deux tranches, soit 200-100 dollars). Le total : 315 dollars par enfant. 

Les dépenses en enseignement professionnel sont plus importantes que les dépenses en enseignement général. Tout simplement car les élèves ont besoin d’équipements spécifiques coûtant cher. 

Et le transport 

Le coût de transports scolaire fait également partie du budget consacré au panier de l’écolier. C’est une dépense importante au même titre que le casse-croûte quotidien. En moyenne, les parents dépenseront quotidiennement en moyenne 1000 FC par enfant.

Ainsi, par exemple, les parents d’un élève du primaire dans une école publique devront débourser entre 120 000 et 200 000 de nos francs, soit environ 125 dollars, plus les autres frais liés (fournitures scolaires, transport, casse-croûte…). Le coût du panier de l’écolier est d’environ 425 dollars pour l’année, selon le sondage minute de la rédaction. Pour un enfant de la maternelle au CS Malula, la totalité des frais est évaluée à 640 dollars, ajoutés à cela les autres frais, le coût du panier est d’environ 1 000 dollars. Au secondaire et aux humanités, le coût est encore très significatif. Dans certaines écoles, notamment privées, ce coût peut atteindre 1 500 dollars, voire plus, par enfant.

Selon l’UNICEF, dans la plupart des pays d’Afrique, la part des ménagers dans la scolarisation des enfants est très importante, soit 77 % des dépenses totales d’éducation. Or la plupart de ces ménages n’ont pas toujours les moyens pour supporter les dépenses de la rentrée scolaire