LES CHOSES sont allées vite. « En consultation avec le Comité d’éthique du Conseil d’administration, j’ai décidé de quitter provisoirement mes fonctions de DG (directrice générale) du FMI durant la période de nomination », a annoncé Christine Lagarde, la patronne du Fonds monétaire international (FMI) dans un tweet le mardi 2 juillet. À l’issue d’une réunion du comité de direction du FMI ce même mardi, l’Américain David Lipton, le numéro 2 du FMI, a été désigné pour la remplacer provisoirement.
« Nous acceptons la décision de Mme Lagarde de renoncer temporairement à ses responsabilités au sein du FMI pendant la période de nomination (de la présidence de la BCE). Nous avons pleinement confiance en David Lipton, directeur général par intérim du FMI », a indiqué l’institution de Washington dans un communiqué. David Lipton, 65 ans, occupait les fonctions de 1ER Directeur général adjoint depuis le 1er septembre 2011. Avant de rejoindre le FMI, il était assistant spécial du président Obama et avait occupé les fonctions de directeur principal des Affaires économiques internationales au Conseil national économique et au Conseil national de sécurité à la Maison Blanche. Auparavant, David Lipton avait notamment été directeur général du groupe bancaire Citigroup, où il dirigeait la division de la gestion des risques mondiaux. Il a de plus travaillé au Trésor américain sous l’administration Clinton, de 1993 à 1998. Lipton a un doctorat et une maîtrise de l’université Harvard.
Deux femmes aux postes-clés
Les dirigeants européens s’étaient entendus plus tôt mardi 2 juillet sur leur casting pour diriger l’Union européenne, qui verra deux femmes aux postes-clés: une ministre allemande, Ursula von der Leyen, à la Commission, et la Française Christine Lagarde à la BCE.
Première femme à piloter le prestigieux cabinet d’avocats d’affaires Baker McKenzie et à occuper le poste de ministre français de l’Économie et des Finances (2007-2011) sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Christine Lagarde avait été nommée directrice générale du FMI en 2011 avant d’être reconduite dans ses fonctions en juillet 2016. Son second mandat devait s’achever en 2021. « Elle a été une ambassadrice extraordinaire du Fonds, une excellente vendeuse, une très bonne communicante », a estimé Mark Sobel, ancien responsable du Trésor américain et président du Forum des institutions monétaires et financières.
Selon une tradition héritée de l’après-guerre, un Européen a toujours dirigé le FMI tandis qu’un Américain a toujours présidé la Banque mondiale. Parmi les noms circulant déjà pour succéder à Christine Lagarde, figure celui de, François Villeroy de Galhau, l’actuel gouverneur de la Banque de France.
Amélie de Montchalin, la secrétaire d’État française aux Affaires européennes, a qualifié de « procès d’intention » les critiques soulevées par la nomination de Christine Lagarde à la Banque centrale européenne (BCE), un poste hautement sensible attribué au terme de longues tractations entre dirigeants européens. L’intronisation de la directrice générale du FMI a provoqué des réactions dubitatives de certains observateurs, relayées par la presse, soulignant son manque d’expérience de banquière centrale et, partant, un supposé déficit de crédit face aux marchés financiers. Durant la crise de la zone euro, Christine Lagarde, alors à Bercy, « était l’une des ministres les plus influentes et a permis à l’époque à Jean-Claude Trichet puis à Mario Draghi (ndlr, qui se sont succédé à la BCE) de faire beaucoup de choses », a jugé Amélie de Montchalin.
« Quand elle résout des crises dans le monde, c’est avec les banquiers centraux », l’a-t-elle défendue. « J’ai toute confiance et je pense qu’elle surprendra beaucoup de monde justement en étant capable de porter aussi une voix, qui certes est de la politique monétaire mais c’est aussi de la politique économique et c’est extrêmement politique », a-t-elle ajouté.
Emmanuel Macron, le président français, a salué les « compétences » de Christine Lagarde, reconnues selon lui à « l’unanimité » par les chefs d’État et de gouvernement européens. L’ex-ministre des Finances fait partie d’un quatuor de personnalités de compromis choisies pour diriger les grandes institutions européennes.