DEPUIS le 18 juillet, CMA-CGM a ramené son tarif à 100/20’ dollars et 175/40’ dollars. Visiblement, le port de Matadi rapporte gros au groupe marseillais, créé il y a seulement 40 ans. Nommé en février 2017 directeur général, puis président-directeur général en novembre 2017, Rodolphe Saadé, le fils de Jacques Saadé, le président fondateur, table sur de très bonnes performances pour 2018, au regard des recettes de l’exercice 2017. « L’année a été bonne pour le secteur, et CMA-CGM affiche les meilleurs résultats de l’industrie », a-t-il confié à la presse française (« Échos »).
Comparé au danois Maersk (l’italo-suisse MSC ne publie pas ses comptes) qui, pour un chiffre d’affaires de 30,9 milliards de dollars, en hausse de 8,5 % sur un an, a dégagé un résultat opérationnel de 641 millions, contre 245 millions de dollars un an plus tôt ; le groupe français a lui vu son chiffre d’affaires bondir de 32 %, à 21,1 milliards, et son résultat opérationnel s’afficher à 1,6 milliard.
Volumes en hausse
L’intégration sur un an du singapourien Nol, acquis en juin 2016, n’y est évidemment pas pour rien. Sa filiale APL, sur les lignes transpacifiques, contribue désormais à hauteur de 340 millions de dollars au résultat opérationnel. « Cela conforte notre stratégie visant à faire de CMA-CGM un véritable opérateur global, avec une flotte capable de desservir tous les marchés du monde », se félicite Rodolphe Saadé. L’Ocean Alliance, conclue avec le chinois Cosco, le taïwanais Evergreen et le hongkongais Orient Overseas, et opérationnelle depuis avril 2017, a également fait bouger les lignes. Globalement, sur l’année, les volumes transportés ont augmenté de 21 %, contre 3,6 % pour Maersk Line.
Mais, pour celui qui a conduit ces deux opérations, le numéro trois mondial du transport maritime des conteneurs (selon le classement Alphaliner au 17 mars 2018) doit aller plus loin. « Je souhaite faire de CMA-CGM un groupe de transport et de logistique proposant des solutions de bout en bout », explique le PDG du groupe. Et d’ajouter : « Pour créer de la valeur et sécuriser le business de nos clients, nous voulons maîtriser toute la chaîne logistique. »
Le dirigeant n’exclut pas des acquisitions, « on regarde », dit-il, mais compte aussi sur des développements internes. Comme, par exemple, l’investissement annoncé en février dans la construction d’une plate-forme logistique réfrigérée au DP World London Gateway, à l’embouchure de la Tamise. Alors même qu’il fête ses quarante ans cette année, l’armateur marseillais entend enfin être à la pointe de l’innovation.
Les premiers d’une commande de neufs porte-conteneurs géants propulsés au gaz (GNL) seront livrés fin 2020. Pour l’année en cours, Rodolphe Saadé se dit « optimiste », avec des volumes au rendez-vous. Reste l’inconnue de l’impact des mesures protectionnistes, prises notamment par les États-Unis, sur le commerce mondial, dont la croissance attendue en 2018 devrait être d’environ 4 %.