Congo Airways en inaugural à Bukavu

La compagnie nationale a annoncé trois nouvelles lignes à destination du chef-lieu du Sud-Kivu. Le pari est en train d’être gagné par les dirigeants de la société qui misent à faire le full sur toutes les grandes villes du pays et sur le régional. 

 

ça y est ! À partir du 26 janvier, Congo Airways (CGA) inaugure la ligne Kinshasa-Bukavu en aller et retour. Deux autres lignes vers la même ville seront également opérationnelles. Il s’agit de Kindu (Maniema)- Bukavu (Sud-Kivu) et de Goma (Nord-Kivu)-Bukavu. C’est dire que les prochains jours seront décisifs pour la compagnie aérienne nationale. L’inauguration de la nouvelle destination intervient au moment où, en marge du 30è sommet des chefs d’État et de gouvernement, l’Union africaine a lancé officiellement le Marché unique africain du transport aérien.

Pour l’Association des compagnies aériennes d’Afrique (AFRAA), c’est un enjeu majeur pour les compagnies nationales publiques.  Moment d’émotion vraie à Addis-Abeba, le 28 janvier, à Addis-Abeba, à l’occasion du lancement officiel du Marché unique africain du transport aérien (SAATM). Pour des observateurs et des professionnels du secteur, c’est un pas décisif que vient de faire le continent africain vers l’inclusion aérienne. Maintenant, estiment-ils, il faut se préparer aux défis de cette inclusion. Le point de départ de l’initiative, c’est la Déclaration ou l’Accord de Yamoussoukro adoptée en 1999 par 11 pays africains (Bénin, Cap Vert, Congo Brazzaville, Côte d’ivoire, Égypte, Éthiopie, Kenya, Nigeria, Rwanda, Afrique du Sud et Zimbabwe). Et ils vont être rejoints par d’autres (Burkina Faso, Ghana, Botswana, Gabon, Guinée, Liberia, Mozambique, Mali, Niger, Sierra Leone Swaziland et Togo).

Un des projets clés de l’UA

Ce  n’est qu’en janvier 2017 que 11pays africains, membres de l’Association des compagnies aériennes d’Afrique (AFRAA), une organisation panafricaine créée en 1964, et également signataires de la Déclaration de Yamoussoukro, ont convenu de l’entrée en vigueur de la décision de libre accès des transporteurs aériens publics et régionaux aux liaisons nationales africaines. Le Marché unique africain du transport aérien ou le SAATM est donc la mise en œuvre effective de la Déclaration de Yamoussoukro. On rappelle que c’est l’un des projets clés de l’Union africaine (UA) dans le cadre de son programme de développement baptisé « Agenda 2063 ». Le pari est non seulement de parvenir à un marché unique et unifié du transport en Afrique, mais aussi de libéraliser l’aviation civile sur le continent africain et de faire avancer le programme d’intégration économique régionale de l’Union africaine.  Le secteur du transport aérien africain est devenu aujourd’hui stratégique au fil des ans, avec près de 8 millions d’emplois créés. Les mêmes observateurs pensent qu’un marché unique et unifié du transport aérien en Afrique va nécessairement contribuer à « stimuler » les opportunités d’affaires, notamment dans le commerce et les investissements transfrontaliers, dans les industries de production et de services. Ils accordent une attention particulière à l’industrie du tourisme qui se développe en Afrique. Ils estiment à au moins 300 000 emplois directs supplémentaires et 2 millions d’emplois indirects qui vont être créés dans ce secteur.

C’est un enjeu majeur pour la région 

Les compagnies aériennes non africaines transportent plus de 82 % du trafic intercontinental vers l’Afrique. Face à cette domination écrasante, le défi pour les dirigeants africains, c’est de trouver une alternative pour les opérateurs publics africains afin de faire face à la concurrence étrangère et d’éviter ainsi de disparaître. Selon des prévisions, le nombre des voyageurs africains va doubler, aidé en cela par l’émergence des classes moyennes africaines. C’est une nouvelle rassurante.

Mais pour gagner ce pari, il faut mettre en place des « partenariats commerciaux stratégiques » pour relifter durablement le secteur aérien africain. La plupart des études montrent que les autorités africaines commencent à se préoccuper de la sécurité, la réglementation, la baisse des coûts et des infrastructures… L’ouverture du ciel africain peut conduire à une baisse des coûts de 40 % à 50 %. C’est pourquoi l’AFRAA responsabilise les transporteurs publics africains, notamment la compagnie Congo Airways (CGA) dans la région ouest et centre de l’Afrique.

C’est en novembre 2015 que la compagnie nationale congolaise d’aviation a fait sa demande d’adhésion à l’Association des compagnies aériennes africaines. Et deux ans plus tard, Congo Airways en est devenue membre et siège même au comité exécutif pour un mandat de trois ans.

Le rôle stratégique de Congo Airways

En effet, le directeur général de CGA, Désiré Balazire Bantu (DBB), a été désigné représentant de la région ouest et centre de l’AFRAA lors de sa 49è assemblée générale à Kigali. Il siège désormais au sein de ce comité exécutif de l’AFRAA aux côtés du président-directeur général de Tunisair, Ilyes Mnakbi, pour la région nord et du président d’Air Zimbabwe, Joseph Makonise, pour la région australe. L’élection de DBB au comité exécutif de l’AFRAA vient renforcer le rôle stratégique de Congo Airways sur l’échiquier africain. Le comité exécutif de l’AFRAA joue le rôle du superviseur de la politique de l’association et de l’artisanat, ainsi que de la mise en œuvre des projets et programmes de l’AFRAA. Qui travaille avec l’UA, l’IATA (évaluation de la sécurité standard) et avec un parterre de partenaires industriels.

La mission principale de l’AFRAA est d’encourager les compagnies aériennes à développer leurs services de transport aérien, d’œuvrer à l’inter-connectivité régionale. En appliquant l’Accord de Yamoussoukro, les avions des compagnies nationales membres de l’AFRAA (une quarantaine) peuvent atterrir dans les États membres, exemptés de taxes locales. La Déclaration de Yamoussoukro prévoit un libre accès des transporteurs aériens publics et régionaux aux liaisons africaines. L’objectif ultime est de développer le transport aérien interafricain et de réaliser des objectifs économiques et sociaux de l’aviation. Il devient crucial de protéger l’industrie du transport aérien en Afrique contre les pratiques commerciales déloyales et restrictives des transporteurs étrangers.

Le secteur aérien africain ne représente que 3 % du trafic mondial. On pense que les nouveaux partenariats commerciaux et la formation des grands groupes vont contribuer à refaire le retard du continent africain.

Congo Airways fonctionne actuellement avec quatre avions, dont 2 Bombardiers Q400 et 2 Airbus A320. La compagnie compte acquérir 2 autres avions en location (leasing), dont un Airbus A319 qui est déjà au pays, pour renforcer la flotte en prévision de nouveaux vols domestiques et régionaux.

Cet avion basé à Lubumbashi assure, dans un premier temps, les liaisons entre les villes du pays. CGA dessert déjà 12 villes à travers le pays. Bukavu vient de s’ajouter sur cette liste. La compagnie nationale envisage déjà son déploiement sur le réseau africain au cours de ce premier trimestre de 2018. La sécurité est la première préoccupation des dirigeants de la compagnie qui mettent tout en œuvre pour le maintien des standards internationaux. D’ici à 2012, Congo Airways compte avoir dans sa flotte 10 avions.