Coronavirus : comment le pays fait face au Covid-19 ?

Pour nombre d’analystes, la réponse à apporter devrait être beaucoup plus budgétaire que monétaire pour être efficace. Ailleurs, des plans de plusieurs milliards ont d’ores et déjà été débloqués pour répondre à cette crise sanitaire inédite.

TOUT ce qui peut contribuer à court-circuiter la panique et abaisser le prix de la liquidité est bon à prendre, même si on n’en voit pas tout de suite tous les effets, fait remarquer un économiste chez Oddo BHF. 

Car pour l’heure, le monde reste dans le brouillard. Nul ne sait quand prendront fin les mesures drastiques prises dans de nombreux pays pour endiguer la propagation du virus telles que le confinement de la population, la fermeture des écoles et autres sites ainsi que les annulations des événements professionnels, culturels ou sportifs. 

Pour les analystes, l’équation reste la même: comment va évoluer l’épidémie à l’échelle mondiale, en combien de temps et quel impact économique dans la durée ? Avec des contaminations qui vont croissantes, la psychose prend de l’ampleur et les gouvernements multiplient les mesures, ce qui porte un coup terrible à l’économie.

L’équipe pluridisciplinaire qui s’est réunie à la Banque centrale du Congo (BCC) pour suggérer des actions principalement à charge des pouvoirs publics, estime que « la priorité absolue pour le gouvernement demeure la protection de la santé des personnes, la prise en charge des malades et le ralentissement de la propagation du virus ». 

Vu sous cet angle, « la politique budgétaire devrait privilégier les dépenses de santé et prioriser les mesures de soutien, y compris en matière d’approvisionnement en produits pharmaceutiques et d’acquisition des équipements médicaux ».

Au terme de leur réflexion, les membres de cette équipe pluridisciplinaire ont peaufiné un mémorandum à la bonne attention de Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 1ER Ministre. En guise de mémorandum, c’est un package de « mesures d’urgence pour atténuer les effets négatifs de la pandémie du Covid-19 sur l’économie nationale ». 

Ainsi, pour atténuer l’impact de ce choc, cette sorte de think tank momentané est formel : « Il est impérieux de prendre des mesures exceptionnelles, se rapportant à l’économie (soutien à l’offre), aux ménages (soutien à la demande), à la politique budgétaire, à la politique monétaire et au système financier, ainsi qu’à d’autres domaines, au suivi et à l’évaluation de leur application.

Soutenir l’économie

Comme on peut bien l’imaginer, l’objectif est de soutenir l’économie, éviter la faillite des entreprises et préserver le pouvoir d’achat des ménages et le bien-être de la population. Les membres de ce comité multidisciplinaire et le 1ER Ministre étaient autour d’une table le vendredi 27 mars pour adopter ces mesures d’urgence. Ci-après, quelques mesures sur l’activité économique, en faveur des ménages et de politique budgétaire : L’exonération de tous les impôts, droits, taxes et redevances sur l’importation et la vente des intrants et produits pharmaceutiques ainsi que sur les matériels et équipements médicaux liés à la pandémie pendant la période de 6 mois ;

Enlèvement d’urgence des intrants et produits pharmaceutique actuellement sous douane ;

Suspension, durant trois mois, du paiement de l’impôt sur le revenu locatif à charge des entreprises ;

Soutien, pour la relance des activités des entreprises, au moyen d’un financement du FPI à taux zéro ;

Suspension, durant une période de trois mois, de certaines missions de contrôle fiscal, parafiscal et économique dans les entreprises ;

Suspension, durant une période de trois mois, de l’application des pénalités en cas de retard dans le dédouanement des marchandises de première nécessité (produits de consommation de masse) ;

Renforcement par la Direction générale des douanes et accises (DGDA) de Sydonia ;

Orientation vers le Guichet unique de toutes les perceptions douanières connexes qui s’effectuent encore en dehors de ce guichet ;

Levée des barrières policières et postes de contrôle, à l’intérieur du territoire national, sur les voies d’acheminement de produits de première nécessité ;

Possibilité de recourir à une rotation du personnel en cas notamment d’une baisse d’activité avérée ou de service minimum et interdiction de tout licenciement massif fondé sur les mesures de confinement ;

Suspension, durant une période de trois mois, de certaines perceptions provinciales sur les produits agricoles ;

Octroi, durant une période de deux mois, de la fourniture d’eau et d’électricité à titre gratuit aux ménages, aux hôpitaux ainsi qu’aux MPME frappées par la mesure de fermeture ;

Interdiction du déguerpissement des locataires n’ayant pas pu honorer leurs engagements uniquement de la période de mars à juin 2020 ;

Suspension de la mesure d’imposition à l’impôt professionnel sur le revenu (IPR) au taux de 3 % de la première tranche des revenus allant de CDF 0 à 1 944 000, au taux de 15 % sur les primes ;

Suspension, durant une période de 3 mois, de la perception de la TVA à l’importation sur la production et la vente des produits de première nécessité (produits de consommation de masse) ;

Amélioration de l’allocation des ressources par la reconnaissance de la prééminence des dépenses contraignantes (rémunérations) et prioritaires (santé et relance de l’économie) sur les autres dépenses ; Création d’un fonds de soutien des mesures de riposte et à la crise ;

Mobilisation des appuis budgétaires et à la balance de paiement (Banque mondiale, FMI, BAD, Afrexim) ;

Paiement à la REGIDESO et à la SNEL des arriérés de consommation d’eau et d’électricité par l’Administration publique ;

Négociations avec les partenaires pour le rééchelonnement de la dette extérieure.