UN CENTRE d’appel pour le Covid-19 a été mis en place par le secrétariat technique du Comité multisectoriel de la riposte à la pandémie au Covid-19 (ST/CMR-Covid-19). Il est supposé opérationnel depuis le dimanche 29 mars et joignable en composant seulement le 101 à partir des réseaux de téléphonie mobile Vodacom et Orange. Ce Call Center qui fonctionne de 8 heures à 18 heures, reçoit les alertes des personnes malades et renseigne sur les contacts à même de fournir des plus amples orientations sur les questions liées au Covid-19 en République démocratique du Congo.
En attendant d’autres mesures de prévention, individuelle et collective, les recommandations de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président de la République, sur le Covid-19 sont de stricte observance. Pour l’accès au territoire congolais, suspension jusqu’à nouvel ordre, dès le 20 mars 2020, de tous les vols en provenance des pays à risque et des pays de transit.
Seuls les avions et les navires cargos et autres moyens de transport du fret sont autorisés à accéder au territoire national et leurs personnels soumis aux contrôles. Outre le report des voyages à destination de la RDC de tous les passagers résidant dans les pays à risque jusqu’à nouvel ordre, tous les passagers, à leur arrivée aux frontières nationales, doivent remplir une fiche de renseignements et se soumettre, sans exception, à l’obligation de lavage des mains et du prélèvement de la température.
Par ailleurs, toute personne suspectée à l’issue du test de température sera mise en quarantaine de 14 jours maximum pour un examen approfondi et au besoin internée dans les hôpitaux prévus à cet effet.
Tous les postes d’entrée maritime, fluviale, lacustre et terrestre du territoire national devraient être dotés du même dispositif de surveillance pour renforcer le contrôle des passagers en provenance de l’étranger.
De même, les personnes en partance de Kinshasa vers les différentes provinces de la RDC devraient être soumises systématiquement aux mesures de contrôle dans le but d’éviter la propagation de cette pandémie sur le reste du pays.
Pour les rassemblements des personnes, les mesures d’interdiction des réunions, célébrations de plus de 20 personnes sur les lieux publics en dehors du domicile familial ; de fermeture des écoles, des universités, des instituts supérieurs officiels et privés sur l’ensemble du territoire national à partir du 19 mars 2020 pour une durée de 4 semaines sont encore d’actualité.
Tout comme celles de suspension de tous les cultes, des activités sportives dans les stades et autres lieux de regroupement sportif ; d’interdiction de l’ouverture des discothèques, bars, cafés, terrasses et restaurants ; d’interdiction de l’organisation des deuils dans les salles et les domiciles jusqu’à nouvel ordre.
Dépistage et diagnostic
Le gouvernement s’est engagé à prendre en charge les frais de tous les cas testés positifs sur l’ensemble du territoire.
Cependant, le nombre de cas pourrait être beaucoup plus élevé dans les prochains jours car le test diagnostic est essentiellement réservé aux personnes présentant les symptômes les plus graves.
Un médecin joint au téléphone explique que « le pays n’est pas en capacité de tester l’ensemble des patients ». Que faire face à cette situation ?
À ce propos, le récit de Vidiye Tshimanga Tshipanda, le conseiller spécial du chef de l’État en matière stratégique, digne d’un journal intime et largement partagé dans les réseaux sociaux, est édifiant. Testé positif au coronavirus, son récit captivant est révélateur de la situation sur le plan de la prise en charge médicale. Il souligne qu’il est nécessaire de « comprendre les enjeux de cette maladie ainsi que ses conséquences si une communication adéquate n’est pas mise en place à temps ».
Il témoigne que « cette maladie sournoise n’est curable que lorsque l’on s’y prend à temps pour la contrer ». Satisfait de sa décision malgré tout ce que cette pandémie peut amener comme questionnement quand on est un patient testé positif. D’après lui, « c’est le manque d’information qui entraîne ce genre de psychose et de panique ».
Et d’ajouter : « C’est ce même manque d’information qui entraîne que le corps médical, sous-informé et certainement sous-équipé, n’arrive pas à répondre avec sérénité à cette crise qui selon toute vraisemblance, prendra encore de l’ampleur. Nous ne devons pas craindre ce virus qui ne tue que moins de 5 % de ses malades, mais, par contre, nous devons nous en préserver au maximum par des gestes simples, tel que tous ceux qui sont annoncés par le ministère de la Santé en collaboration avec l’OMS. »
L’épidémie gagne de plus en plus du terrain. Le professeur Jean-Jacques Muyembe Tamfutu, coordonnateur de la riposte au Covid-19, a annoncé que la RDC fait partie des pays désignés pour l’essai d’un vaccin contre le Covid-19 en juillet prochain. Ce vaccin viendra des États-Unis. Interviewé par Jeune Afrique, le professeur Muyembe a laissé entendre que cette semaine sera la plus difficile pour Kinshasa, épicentre de la pandémie dans le pays. Il y a déjà un nombre assez important d’infections locales et cela va engendrer une nouvelle vague de cas dans les jours à venir, pronostique-t-il. Les chiffres vont rapidement doubler, voire tripler.
Que va-t-il arriver à la population. En scientifique éprouvé par les épidémies dont la fièvre à virus d’Ebola, le professeur Muyembe n’écarte pas l’hypothèse de confinement de la ville de Kinshasa. C’est même devenu « une obligation », dit-il, car toutes les autorités sont désormais d’accord sur ce point. La question qui se pose désormais est de savoir quand et comment procéder. D’après lui, il faut procéder par étapes, et commencer en effet par confiner Gombe, puis étendre cette mesure à d’autres communes, à d’autres zones.
Confinement incontournable
C’est dire que le confinement est devenu incontournable. C’est cela qui a sauvé la Chine. Il n’y a pas, à ce jour, d’autre solution qui ait prouvé son efficacité, a fait remarquer Dr Muyembe désormais sous les feux de l’actualité. Les Kinois en particulier doivent apprendre à se préparer pour faire face à la situation.
Rassurant tout de même, sur la centaine de cas actuellement, 80 % guériront. Beaucoup de cas sont bénins, et les patients concernés vont surmonter cette maladie naturellement, foi de Muyembe. Qui refuse de cautionner l’automédication à la chloroquine car les scientifiques n’ont pas encore eu de preuves formelles de l’efficacité de ce médicament sur cette maladie.
L’équipe de Muyembe a élaboré un plan stratégique, dont le budget s’élève à 135 millions de dollars. Elle est à la recherche des financements. Et un fonds spécial pour recevoir les contributions a été mis en place. Le problème aujourd’hui, explique Muyembe, c’est la qualité des infrastructures hospitalières en général. Elle est relativement faible en RDC et il faut tout faire pour l’améliorer. Ces derniers jours, Eteni Longondo, le ministre de la Santé, insiste sur l’observance de gestes simples de protection individuelle et collective, à domicile et en public, car l’État n’a pas pour l’instant les gros moyens de faire face à l’épidémie. Désormais, explique-t-il, le gouvernement paraît se satisfaire d’un meilleur partage de l’information, ainsi que d’une hausse des capacités. Concrètement, 20 respirateurs ont été commandés, 500 lits ont été également commandés en plus de 250 lits déjà disponibilisés dans les hôpitaux. En cas de débordement, des tentes seront montées pour recevoir les patients Covid-19. Par ailleurs, le gouvernement a commandé 50 000 cures de chloroquine, en plus de 23 000 autres cures qui seront fournies localement par la Pharmakina.