L’apparition du coronavirus a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Il fait désormais la une de tous les journaux et flash d’information 24 heures sur 24. Pourtant, il y a encore trois semaines, la plupart d’entre nous considéraient que cette actualité se limiterait à une région éloignée en Chine et qu’il n’y avait donc aucune raison de s’inquiéter ici en France. Or la maladie s’est déjà propagée à des milliers de kilomètres, en Australie, en Europe et aux Etats-Unis.
Menace planétaire
Le coronavirus rappelle brutalement combien dans notre monde toujours plus interconnecté, l’apparition d’un foyer de maladie à n’importe quel endroit du globe ne tarde pas à constituer une menace planétaire. En seulement quelques jours, voire quelques heures, un problème survenu à l’autre bout du monde touche notre voisinage immédiat.
Des mesures ont rapidement été prises. La Coalition pour l’Innovation en matière de préparation aux épidémies (Cepi*), financée notamment par la Fondation Bill & Melinda Gates, la fondation Wellcome et plusieurs pays, s’est positionnée pour mettre au point un nouveau vaccin.
Détection précoce
La Cepi a annoncé qu’elle assurerait le financement de trois programmes pour amener des vaccins contre le coronavirus à l’étape des essais cliniques dès le mois de juin – soit un dixième du temps qu’il a fallu pour développer un vaccin contre le virus Ebola, selon le Pdg de CEPI, Richard Hatchett.
Toutefois, aussi rapide que soit ce processus, il faudra attendre plusieurs mois avant que le vaccin ne soit disponible, durant lesquels la propagation de la maladie pourrait s’étendre. En attendant, la principale menace pour nous tous est que la maladie atteigne des pays qui ne disposent pas d’infrastructures de santé suffisantes pour détecter et traiter le virus, comme c’est encore le cas dans beaucoup de pays d’Afrique.
Epidémie : en Chine, des villages se barricadent contre le virus
Notre Fondation soutient les efforts visant à assurer la détection précoce et le confinement de la maladie par le financement et le soutien à la mise en place d’infrastructures sanitaires essentielles, enjeu crucial pour assurer notre sécurité à tous.
La France fait figure de chef de file dans le renforcement de l’infrastructure sanitaire mondiale et a accueilli avec succès en octobre dernier la 6e conférence de reconstitution du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. La communauté internationale se doit de réagir face aux épidémies mondiales à travers des investissements efficaces.
Impact de la vaccination
Prenons le cas de la polio : son éradication totale représenterait une économie de 40 à 50 milliards de dollars pour le monde entier et les pays affectés. C’est cette infrastructure sanitaire qui est au coeur de la demande des pays les plus touchés.
Bill Gates a souvent affirmé que le soutien le plus efficace qu’il ait jamais apporté était celui consacré à la vaccination infantile. De fait, depuis sa création, Gavi (l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation) a vacciné 760 millions d’enfants et sauvé 13 millions de vies, ce qui a contribué à la protection d’une génération tout entière. Son action a été décisive dans la réduction de moitié de la mortalité infantile observée depuis 1990. Sur Ebola, Gavi a permis l’accélération du développement du vaccin qui a été déployé en 2018 en République démocratique du Congo et a soutenu les infrastructures de santé pour prévenir les conséquences dévastatrices de l’épidémie qu’avait connue l’Afrique de l’Ouest de 2013 à 2015.
Pour l’heure, la Fondation Gates continuera de travailler avec ses partenaires chinois et de soutenir les efforts visant à renforcer la surveillance et la détection dans les pays de l’Union africaine pour empêcher la propagation de la maladie sur ce continent. À l’avenir, toutefois, pour assurer notre protection à tous contre le coronavirus, Ebola ainsi que tout nouveau virus, nous devrons éradiquer ces problèmes à la racine et continuer à investir ensemble dans des organisations telles que Gavi et CEPI.
*Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (Cepi)
Anja Langenbucher, Béatrice Néré