LE conseil d’administration de la Banque mondiale a approuvé une première série d’opérations de soutien d’urgence en faveur des pays en développement. Il a à cet effet activé un mécanisme d’aide accélérée pour faire face à la pandémie de Covid-19. Il s’agit d’un premier groupe de projets d’un montant global de 1,9 milliard de dollars, destiné à accompagner 25 pays à travers le monde. Par ailleurs, de nouvelles opérations mises en place selon ces mêmes procédures de décaissement rapide sont en cours de préparation dans plus de 40 pays.
Dans l’ensemble, la Banque mondiale s’emploie à redéployer des ressources dans ses projets en cours, pour un montant global de 1,7 milliard de dollars, à travers des processus de restructuration, d’activation des composantes d’intervention d’urgence conditionnelle et de déclenchement des dispositifs de financement à option de tirage différé en cas de catastrophe. La Banque mondiale prévoit en outre de déployer jusqu’à 160 milliards de dollars au cours des 15 prochains mois en vue de soutenir l’adoption de mesures qui aideront les pays à affronter les conséquences immédiates de la pandémie de Covid-19 et favoriser le redressement de l’économie. Ce programme économique plus large aura pour objectifs d’accélérer le rétablissement des pays, créer les conditions propices à la croissance, soutenir les petites et moyennes entreprises et protéger les populations les plus pauvres et vulnérables. Il s’attachera en priorité à la lutte contre la pauvreté, l’accent étant mis sur les financements à l’appui de réformes et sur la protection des ménages les plus démunis et de l’environnement. « Le Groupe de la Banque mondiale a lancé une action globale et rapide pour freiner la propagation du coronavirus, avec des opérations de riposte à la crise sanitaire déjà en place ou en phase de finalisation dans plus de 65 pays, déclare David Malpass, le président du Groupe de la Banque mondiale. Nous mettons tout en œuvre pour renforcer les capacités des pays en développement à affronter la pandémie de Covid-19 et leur permettre d’accélérer leur redressement économique et social. Les pays les plus pauvres et vulnérables risquent d’être les plus durement touchés, et nos équipes à travers le monde ont pour priorité d’apporter des solutions nationales et régionales à la crise en cours. »
En réaction à la désorganisation généralisée dans les chaînes d’approvisionnement, la Banque mondiale aide aussi les pays à accéder à des fournitures médicales essentielles en intervenant auprès des fournisseurs pour le compte des gouvernements. Elle encourage également les autres organisations internationales à apporter un soutien financier aux pays en développement afin d’organiser une réponse sanitaire adaptée à la pandémie de Covid-19. « Cet appui rapide, qui permettra de sauver des vies, aidera nos pays clients à dépister, prévenir et faire face au coronavirus, souligne Axel van Trotsenburg, le directeur général des opérations de la Banque mondiale. Nos interventions dans les pays seront coordonnées à l’échelle mondiale pour veiller au partage rapide des meilleures pratiques, notamment en ce qui concerne le renforcement des systèmes de santé nationaux et leur préparation pour pouvoir affronter les éventuelles nouvelles vagues de propagation de ce virus dévastateur. »
Allègement de la dette
La République démocratique du Congo fait partie des pays africains qui vont bénéficier de projets déjà approuvés. Il s’agit d’un projet de 47 millions de dollars destiné à soutenir le déploiement immédiat de stratégies de confinement, la formation du personnel médical et la fourniture d’équipement pour organiser un dépistage rapide et le suivi des contacts.
Les ministres africains des Finances font fort dans la revendication. Ils réclament une aide d’urgence de 100 milliards de dollars et un allègement de la dette. Ils ont annoncé des mesures pour atténuer l’impact économique du coronavirus sur le continent africain, à l’issue d’une deuxième visioconférence relative à la crise sanitaire, le 30 mars dernier. Expliquant les risques auxquels sont confrontés les États africains, les ministres des Finances ont indiqué que l’économie africaine est confrontée à un ralentissement profond et synchronisé et ne pourra s’en remettre qu’au bout de trois ans. Les mesures nécessaires pour endiguer cette pandémie s’articulent autour de 3 axes essentiels, préconisent-ils. Il s’agit notamment de l’allègement de la dette, l’assistance au secteur privé, ainsi que de l’appui aux secteurs des transports et de l’hôtellerie. Les ministres des Finances ont appelé à l’allègement de la dette envers les partenaires bilatéraux, multilatéraux et commerciaux, avec le soutien des institutions financières multilatérales et bilatérales telles que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Union européenne (UE), afin de permettre aux pays africains de disposer de l’espace budgétaire nécessaire pour faire face à la crise du Covid-19. Concernant l’assistance au secteur privé, ils ont fait remarquer qu’il est important de mettre en place des facilités de liquidité, de refinancement et de garanties. La nécessité d’encourager une production continentale de produits pharmaceutiques, capable de garantir l’approvisionnement en médicaments essentiels pendant la crise a été également évoquée. En ce qui concerne l’appui aux secteurs des transports et de l’hôtellerie, ils ont invité à la protection et à la préservation des compagnies aériennes africaines, de la logistique et de l’industrie du tourisme. Les ministres ont fait savoir que cela passait nécessairement par le report du paiement des intérêts, des baux et de la dette.