Covid et fermeture des écoles : quand les parents seront-ils entendus ?

Face à la crise sanitaire qui touche aussi les écoles, les parents d’élèves ne devraient pas être dépossédés de leur pouvoir de décision et de leur droit légitime à participer au débat public sur les mesures adaptées à la gestion de l’épidémie. Sans quoi les décisions ne peuvent être qu’arbitraires et autoritaires.

Association de parents d’élèves la plus représentative, la FCPE est interpellée par la communauté éducative et les médias sur la question de la gestion de la crise sanitaire, et plus particulièrement sur celle de la fermeture éventuelle des établissements scolaires. Sur ces sujets, beaucoup aimeraient faire entendre la voix des parents et des élèves.

En tant que représentants, nous recueillons la parole des parents d’élèves par des questionnaires, des échanges à distance ou lors des mobilisations que nous parvenons encore à maintenir dans ce contexte si particulier. Nos prises de position publiques, parisiennes aussi bien que nationales, sont les fruits de ces échanges, de nos réflexions et de nos débats internes, dans le respect de la diversité des points de vue.

Pourtant, il nous est difficile de résumer ces propos par un discours univoque tant les avis sont divergents. Si l’on peut dire que les parents sont très majoritairement favorables à ce que les établissements scolaires restent ouverts, ils n’en sont pas moins inquiets des risques de contamination pour leurs enfants et leur entourage familial, et redoutent une aggravation de l’épidémie à laquelle nous ne serions pas collectivement préparés.

Les effets du premier confinement

S’ajoutent à cette préoccupation sanitaire strictement liée au virus toutes les autres, liées à la gestion de l’épidémie et à ses conséquences. Les effets du premier confinement sur la scolarité des élèves se font encore sentir et la crainte d’une reprise de «l’école à la maison» est source d’angoisse pour les parents comme pour les élèves. Les besoins des enfants et adolescents d’entretenir des relations avec leurs pairs, d’avoir une activité physique régulière ou simplement de s’épanouir intellectuellement et culturellement sont mis à mal. 

Comme les adultes, les enfants vivent dans une grande insécurité psychique en raison de l’incertitude permanente sur les mesures restrictives des libertés qui pourraient être annoncées (fermetures de certains lieux, interdiction de certaines activités, couvre-feu, confinement). Les élèves préparant leur diplôme, en particulier ceux préparant le baccalauréat, ne peuvent bénéficier de l’accompagnement dont ils auraient besoin et doivent s’adapter à des changements brutaux qui auront des conséquences sur leur avenir. Ils souffrent du sentiment d’être les oubliés de la crise et de voir qu’aucun plan d’urgence n’est prévu pour l’Education nationale, contrairement à d’autres secteurs de la vie sociale et économique française.

Au contraire, l’Education nationale fait face à des coupes budgétaires qui nuisent toujours plus à la qualité d’accueil et d’enseignement, comme l’illustrent actuellement les annonces de diminutions de dotation horaire dans les collèges et lycées. L’académie de Paris connaissant d’ailleurs la baisse de dotation horaire globale (DHG) la plus élevée de France, alors même qu’elle demeure la plus inégalitaire et ségréguée.

Face à ces préoccupations, nous devons nous interroger sur notre rôle de parents d’élèves et de citoyens. Que pouvons-nous faire, chacun à notre place (et souvent, chacun chez soi…), pour que notre voix soit entendue, que nos droits soient respectés et que l’avenir de nos enfants soit assuré, aussi bien sur le plan sanitaire et psychologique qu’éducatif ? Quelle peut être notre marge de manœuvre pour peser sur les prises de décisions ?

Car c’est là tout le cœur du problème, et la grande difficulté de la période actuelle : nous ne devrions pas être dépossédés de notre pouvoir de décision et de notre droit légitime à participer au débat public sur les mesures adaptées à la gestion de l’épidémie.

Réhabiliter l’expression démocratique

Bien que l’urgence sanitaire nous incite à nous en remettre aux médecins et aux scientifiques pour nous éclairer sur les risques et leurs remèdes, il nous faut garder en tête que le temps de la science n’est pas celui de l’action politique et que les scientifiques ne peuvent se substituer aux citoyens et à leurs représentants lorsqu’il s’agit de prendre des décisions politiques, comme l’a d’ailleurs rappelé le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, devant les parlementaires.

Or, lorsque l’on décide de restreindre la liberté de circulation, de demander aux élèves et enseignants de porter des masques, de se distancier, de se faire tester, vacciner ou confiner, et encore plus lorsque l’on envisage de fermer les écoles, il s’agit de politique. Et il n’existe en la matière aucune vérité, mais seulement des choix et des alternatives.