Curage des rivières, le ventre mou de l’OVD

Les Kinois font encore le bilan des dernières pluies diluviennes qui se sont  abattues sur la capitale. Les dégâts humains et matériels sont importants au point que des observateurs mettent en cause l’inefficacité de la voirie dans la gestion des rivières et des ouvrages de canalisation des eaux. 

 

Le réchauffement climatique et l’urbanisation sauvage de Kinshasa ne suffisent pas pour justifier les dégâts humains et matériels subis par de nombreux foyers dans la capitale, particulièrement dans les communes de Barumbu, Bandalungwa, Limete et Ngaliema. Ces communes sont traversées par de nombreux rivières et ruisseaux qui sont sortis de leurs lits. De l’avis des observateurs, le gouvernement ne fait pas assez dans le curage des cours d’eau de la capitale.

Plutôt les ITPR que l’Environnement

Le budget consacré à la gestion des eaux usées et l’assainissement pour 2018 est de 5 760 807 106 francs. Une goutte d’eau dans un océan des soucis environnementaux, déplorent des experts. D’après le ministère de l’Environnement, ce budget représente près de 13 % de l’enveloppe globale consacrée par le gouvernement à la protection de l’environnement en 2018, soit 76 017 762 295 francs. Mais des experts rappellent que la construction et l’entretien des ouvrages annexes de drainage des eaux fluviales et de lutte anti érosive relèvent des attributions du ministère des Infrastructures, des Travaux publics et de la Reconstruction (ITPR) telles que détaillées dans l’ordonnance n° 17/ 025 du 10 juillet 2017 fixant les attributions des ministères. Et que l’Office des voiries et drainages (OVD) compte parmi les établissements publics à caractère administratif et les entreprises publiques concourant à la politique du ministère des ITPR.

Fin décembre 2017, l’OVD a notamment entrepris le curage de la rivière Mososo dans la commune de Limete. Mais les travaux se sont limités à dégager les détritus essentiellement des bouteilles en plastique sous le pont jeté sur le boulevard Lumumba au niveau de la 1ère Rue. L’OVD, a-t-on appris, avait présenté un projet de curage de 18 rivières dans la capitale.

Coupes budgétaires

Hélas, les moyens n’ont pas suivi. À fin octobre 2017, le taux d’exécution du budget des ITPR est resté faible, soit 5,4 % sur une enveloppe 1 565 095 695 068 francs. Le ministre Thomas Luhaka Lossendjola, n’a d’ailleurs alloué que, pour 2018, 0,3 % de son budget, soit 402 045 884 276 francs, aux organismes auxiliaires dont le Bureau d’études et d’aménagement urbain (BEAU), l’Office des routes (OR), l’OVD et le Bureau technique de contrôle (BTC).

Et l’OVD a besoin de 270 millions de dollars pour exécuter son projet de curage de 18 rivières à Kinshasa et de réhabilitation de 10 km de voirie de la capitale ainsi que 5 km dans les chefs-lieux de 25 provinces de la RDC. Or, en traduisant les crédits prévus dans la rubrique investissement sur le transfert aux provinces (106 554 056 288 francs), il se dégage un coût de 58 772 231,81 dollars, soit quatre fois inférieur au coût sollicité par l’OVD. Ce qui de ne devrait pas permettre d’améliorer les voiries urbaines ni se prémunir des inondations et de sortie des cours d’eau de leur lit lors de grandes précipitations.

Selon des experts des ITPR, les besoins financiers sollicités par le ministère lors des conférences budgétaires ont été ramenés à 42 %, soit de 951 948 440 499 francs à 402 045 884 276, soit 221 757 244,44 dollars. Le budget des ITPR ne représente que 4,5 % par rapport au budget général de 2018. Il était de 14 % en 2017. Des experts relèvent, en effet, que le budget 2018 des ITPR est à 52 % financé par les partenaires extérieurs, notamment la Banque mondiale. Voilà qui suscite des inquiétudes en cas de non-exécution par les partenaires de leurs engagements. Le taux d’exécution de la rubrique investissement sur ressources extérieures est resté faible, soit 2,6 % en 2017.

Il sied de noter que la Côte d’Ivoire a alloué sur un budget global de 8 723,5 milliards de FCFA un montant de 2 043 milliards de FCFA,  soit 30 % du budget global. Le Cameroun alloue sur un budget global de 4 513 5 milliards un montant de 325 969 millions de FCFA, soit 7,2 %. Et le Rwanda accorde sur un budget global de 2,5 milliards de dollars un montant de 170 millions, soit 6,8 %.