Les jeunes sont incertains sur leur avenir. D’où la nécessité de mener des politiques conséquentes et la mise en œuvre de moyens adéquats dans le cadre d’une bonne gouvernance généralisée.
Avec plus de 48 % des personnes âgées de moins de 15 ans, la République démocratique du Congo a l’une des populations les plus jeunes au monde. La situation de cette classe d’âge reste directement liée à l’éducation. Selon des rapports d’ONG, environ 31 % des enfants de 6 à 14 ans ne fréquentent pas l’école, alors que les données de 2013 font état de plus de 80 % des enfants scolarisés au primaire. La plupart des jeunes ayant achevé leurs études sont mal ou peu préparés à la vie active et occupent des emplois précaires.
Froid au dos
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), sur les quelque 73 millions d’emplois qui ont été créés entre 2008 et 2015 en Afrique, seulement 13 millions concernent les 15-24 ans. Les jeunes sont en situation de sous-emploi permanent dans le secteur informel, où la productivité et la rémunération sont faibles. En République démocratique du Congo, le taux d’activité des jeunes de moins de 25 ans est de 23,9 % en milieu urbain et de 40,4 % en milieu rural. Tout présage une situation pire dans les dix prochaines années. La croissance économique actuelle reste largement dépendante des industries extractives. Sans stratégie active d’utilisation intensive de la main-d’œuvre, la jeunesse, nombreuse et peu qualifiée, se trouve largement exclue.
À moyen terme, cela impose aux responsables économiques de prendre en compte ces jeunes qui arrivent de plus en plus nombreux, souvent sans qualifications, sur le marché de l’emploi. C’est encore loin d’être le cas. À long terme, les enfants d’aujourd’hui doivent être éduqués et qualifiés pour produire, et non seulement faire partie de la classe moyenne des consommateurs. En République démocratique du Congo, les problèmes se révèlent plus complexes que la seule question du chômage. Ils touchent aussi à la restauration de la paix et de la sécurité. Cela impose de renverser les tendances actuelles. Par exemple, investir et transformer les matières premières sur place relèvent de l’urgence. La diversification de l’économie est aussi une réalité évidente. Ce sont des mesures politiques prioritaires pour l’économie, avec une éducation orientée vers la formation du capital humain et des mesures de bonne gouvernance.
Il s’agit de configurer la jeunesse pour qu’elle puisse relever ce défi. La construction de l’avenir dépend de l’implication réelle des partenaires techniques et financiers ou de ceux du développement, en plus du secteur privé, dans la promotion des agro-industries et de l’agriculture. Bref, il faudrait diversifier l’économie pour en assurer la résilience. Le débat sur la diversification économique est souvent focalisé sur la réduction de la dépendance envers les industries extractives ou sur l’augmentation du contenu local et de la valeur intérieure produite par l’extraction minière. Pourtant, une autre opportunité de diversification est moins fréquemment évoquée. Il s’agit de l’encouragement des opérations minières à différentes échelles.
Dans son récent rapport sur la situation économique et financière du Congo (2015), la Banque mondiale souligne la nécessité de formaliser et de développer les petites exploitations minières artisanales. D’après cette institution financière, elles peuvent contribuer à la création de nombreux emplois directs et générer ainsi des revenus pour les ménages, l’État et les collectivités locales. La Banque mondiale estime à environ deux millions le nombre de personnes directement employées dans l’exploitation minière, soit le chiffre le plus élevé en Afrique subsaharienne. La République démocratique du Congo se place devant le Zimbabwe, qui compte 1 million de mineurs artisanaux. Des enquêtes auprès des ménages montrent que 2,5 % de la main-d’œuvre active âgée de 15 à 64 ans, soit plus de 550 000 personnes, travaillent dans le secteur minier, activité principale pour 450 000 d’entre elles. Les femmes représentent 5,5 % des mineurs et constituent environ 40 % d’entre eux dans les zones d’exploitation artisanale. Dans la perspective du développement, l’exploitation minière artisanale offre trois avantages principaux par rapport aux opérations minières industrielles. Premièrement, la facilité d’accès aux ressources minières en fait un secteur d’emploi de plus en plus attractif pour la population rurale active. Deuxièmement, la grande main-d’œuvre perçoit des revenus qui alimentent la demande locale et la consommation dans les zones minières. Troisièmement, l’exploitation minière artisanale peut être une importante source de revenus pour les autorités locales et le gouvernement puisqu’elle est théoriquement assujettie aux mêmes lois et dispositions fiscales que les opérations minières industrielles.
Prise de conscience collective
L’agenda Afrique 2063 de l’Union africaine montre la nécessité d’une vraie prise de conscience collective du potentiel de violence au sein de la jeunesse quand elle est privée de perspectives. Selon les statistiques du travail, les femmes sont plus touchées que les hommes par le chômage. Elles ne sont pas égales aux hommes devant l’accès à l’emploi, ce qui est inacceptable et contraire aux droits humains. Elles se retrouvent aussi, en grande partie, dans le secteur informel parce que les outils et les approches ne prennent pas en compte le travail féminin. Ces outils devraient être changés pour représenter la réalité de la contribution féminine à la richesse nationale. Les deux concepts de chômage et de sous-emploi se complètent pour mesurer le niveau réel de l’emploi dans le pays. Le secteur informel contribue globalement à 55 % du produit intérieur brut (PIB), à 80 % de l’emploi total et à 90 % des nouveaux emplois. Cette situation a des répercussions sur la fiscalité et les autres possibilités de création d’emplois. Elle pose, en plus, d’énormes défis en termes de statistiques.