Des efforts restent à faire pour densifier le capital étranger

Selon la Société financière internationale (SFI), des signaux sont au vert pour séduire les investisseurs potentiels. Mais à l’Agence nationale pour la promotion des investissements, on estime que quelques facteurs handicapent encore le développement industriel du pays.

Le Congo n’était plus fréquentable pour nombre d’investisseurs. C’est à partir des capitaux chinois, apportés en masse, qu’une tendance nouvelle a commencé à se dessiner en matière d’accueil des capitaux étrangers. Attirer les entreprises étrangères est devenu un leitmotiv pour les dirigeants politiques, qui considèrent l’arrivée massive du capital étranger comme l’une des solutions efficaces aux difficultés macroéconomiques. C’est le cas de l’insuffisance de l’épargne intérieure ; du chômage de masse ; de la grande pauvreté… Le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, s’est fixé un objectif : faire entrer, à l’horizon 2030, le Congo dans le cercle restreint des pays africains (Maroc, Algérie, Tunisie et Égypte) cités en exemple en matière d’attractivité des capitaux étrangers.

Un concept complexe

L’attractivité est une question complexe, comme le souligne Léonard Mpungwe, cadre à l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI) et spécialiste des questions d’attractivité industrielle. « Avant de s’implanter dans un pays, un investisseur étranger prend soin de se renseigner. Il cherche des informations sur la qualité et le coût de la main-d’œuvre ; la taille du marché et son degré d’ouverture ; la qualité des infrastructures et des institutions. Il se renseigne aussi sur la productivité du travail et le coût du transport ; la politique fiscale et de change ; et également sur le respect des droits de propriété », précise-t-il.

L’apport des investisseurs étrangers est apprécié à l’ANAPI dont la mission est de recevoir les projets d’investissement et de les agréer dans le cadre du code des investissements. Cependant, le capital étranger ne suffit pas encore pour soutenir la croissance et diversifier l’économie, fait remarquer Léonard Mpungwe. Tout d’abord, les investissements directs étrangers (IDE) à destination d’un pays sont très dépendants de certaines opérations, comme la privatisation et les mesures d’incitation fiscale et financière qui sont irrégulières, volatiles et non durables. « Ces caractéristiques bien qu’essentielles, ne sont pas suffisantes au décollage économique. On devrait accroître le niveau d’IDE au-delà des simples privatisations d’entreprises publiques ».

Quant aux autres facteurs d’attractivité, Léonard Mpungwe précise que le faible coût du travail a un effet positif sur le potentiel d’attractivité. En plus, la présence d’une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée est également un facteur d’investissement, notamment dans les industries à haute intensité technologique. Pour les entreprises étrangères exportatrices, la réduction des coûts de transport et l’ouverture de l’économie sont des atouts d’implantation considérables. Une monnaie forte est aussi un avantage pour ces entreprises. Par ailleurs, les entreprises étrangères investiront plus sur le marché local et le pouvoir d’achat augmentera. La densité industrielle qui se définit par l’existence de grands groupes multinationaux, semble également jouer un rôle majeur pour le renforcement de l’attractivité.

Infrastructures de qualité

En outre, les entrepreneurs sont également très sensibles à la qualité de l’infrastructure. Par exemple, les coupures d’électricité et la cherté des coûts de l’énergie sont souvent citées comme des facteurs qui entravent le développement du tissu industriel et économique. Au-delà de ces facteurs sectoriels, la mauvaise qualité des institutions, les difficultés d’accès au foncier et la complexité des procédures représentent un frein aux IDE. Les études ont montré qu’une économie de rente corrompue, fermée et mal gerée est caractérisée par des coûts administratifs plus élevés, réduisant inévitablement son attractivité. D’après Léonard Mpungwe, la bureaucratie est un handicap majeur qui nuit à l’attractivité. La multiplication des tribunaux de commerce ou des guichets uniques pourrait aboutir à l’amélioration du classement mondial du Congo.