À ce jour, HSBC a confirmé le transfert d’une centaine d’employés vers Paris. Goldman Sachs, qui emploie 6 000 personnes à Londres, prévoit d’en déplacer plusieurs centaines réparties entre Paris et Francfort. JP Morgan a évoqué 4 000 emplois sur 19 000 au Royaume-Uni, sans préciser la destination pour l’instant. L’assureur américain AIG va quant à lui installer une filiale au Luxembourg. Francfort semble tenir la corde pour attirer ces délocalisations, devant Dublin, Paris et Luxembourg.
Au lendemain du déclenchement du Brexit, le géant de l’assurance britannique Lloyd’sannonce l’ouverture d’une filiale dans la capitale européenne pour préserver son activité sur le continent. Une centaine de salariés devrait être transférée. Il n’a pas fallu attendre longtemps. Au lendemain même de la notification formelle de la sortie britannique de l’Union européenne, l’un des fleurons de la City annonce un transfert d’activité vers Bruxelles. Le géant de l’assurance Lloyd’s of London va ouvrir une filiale dans la capitale européenne à l’horizon 2019, l’année de l’entrée en vigueur du Brexit. C’est un symbole fort. Lloyds, avec son immeuble emblématique construit par l’architecte anglais Richard Rogers, est un fleuron de la City. Cette place de marché de l’assurance, la première au monde, existe sur les bords de la Tamise depuis plus de trois siècles. Fondée en 1688, c’était à l’origine un petit bar où les propriétaires de bateaux venaient assurer leur cargaison avant de lever les voiles. Le marché de l’assurance dépend en grande partie de l’environnement réglementaire européen. Le contient représente 11% des revenus de Lloyds. Une centaine de ses 600 employés de Londres devraient être transférés dans la nouvelle filiale belge. Le siège restera dans la City.
Importance du « passeport » financier européen
Le président de Lloyds John Nelson et sa directrice générale Inga Beale s’étaient mobilisés dans la campagne contre le Brexit. Depuis le référendum de juin 2016, ils ont fait du lobbying auprès du gouvernement de Theresa May sur l’importance du « passeport » financier européen pour leur activité. Mais la sortie annoncée de la Grande-Bretagne du marché unique privilégiée par Londres ne garantit pas la pérennité de cette facilité qui permet de vendre indifféremment des produits financiers dans toute l’Europe. Lloyds a choisi Bruxelles parmi cinq à six dossiers d’autres capitales européennes étudiés. Il justifie ce choix par l’environnement réglementaire belge et le vivier de main d’œuvre qualifiée. Mais aussi par la volonté « d’être au cœur même de l’Union européenne », a expliqué John Nelson à Bloomberg.
Theresa May jusqu’au-boutiste
Pour rappel, un référendum – un vote dans lequel tout le monde (ou presque tout le monde) en âge de voter peut prendre part – a eu lieu le 23 juin 2016, pour décider si le Royaume-Uni devait quitter ou rester dans l’Union européenne. 51,9 % des Britanniques contre 48,1 % s’étaient prononcés en faveur de la sortie de l’UE, d’où le BREXIT. Le taux de participation référendaire était de 71,8 %, avec plus de 30 millions de personnes votant. À la suite de ce referendum, le 1ER Ministre, David Cameron, a démissionné et a été remplacé à ce poste par Theresa May. L’ancienne ministre de l’Intérieur était contre le Brexit, mais elle n’a joué qu’un rôle très discret dans la campagne.
Le message clé de Theresa May est que « Brexit signifie Brexit » et elle s’est engagée à déclencher le processus de deux ans de quitter l’UE. David Cameron, son chancelier George Osborne et bien d’autres personnalités qui voulaient rester dans l’Union européenne prédisaient une crise économique immédiate si le Royaume-Uni votait pour la sortie de l’UE. Les prix des maisons baisseraient, il y aurait une récession avec une forte hausse du chômage – et un budget d’urgence serait nécessaire pour apporter les importantes réductions des dépenses qui seraient indispensables. La livre a chuté le lendemain du référendum – et reste à environ 15 % de moins par rapport au dollar et 10 % par rapport à l’euro – mais les prédictions de malheur immédiat ne sont pas confirmées. L’économie britannique a connu une croissance de 1,8 % en 2016, venant en deuxième position après l’Allemagne avec seulement une croissance de 1,9 % parmi les pays du G7 ou les pays les plus industrialisés du monde. L’inflation a augmenté de 2,3 % en février, soit le taux le plus élevé depuis trois ans et demi, mais le chômage a continué à baisser, de se tenir au plus bas de 11 ans à 4,8 %. Les prix des maisons ont chuté de 9,4 % en juin 2016, selon les chiffres officiels de l’ONS.
L’Union européenne est un partenariat économique et politique impliquant 28 pays européens. Elle a été créée après la Deuxième Guerre mondiale pour favoriser la coopération économique, avec l’idée que les pays qui commercent ensemble sont plus susceptibles d’éviter la guerre les uns aux autres. Elle a depuis grandi pour devenir un « marché unique » permettant aux personnes et aux biens de se déplacer, essentiellement comme si les États membres étaient un pays. Elle a sa propre monnaie, l’euro, qui est utilisé par 19 des pays membres, son propre parlement et fixe désormais les règles dans un large éventail de domaines – y compris sur l’environnement, les transports, les droits des consommateurs et même des choses telles que le mobile des charges.
Pour matérialiser sa sortie de l’UE, le Royaume-Uni doit activer l’article 50 du traité de Lisbonne, qui donne deux ans aux parties pour convenir des termes de la séparation. Theresa May a déclenché ce processus le 29 mars, ce qui signifie que le Brexit du Royaume-Uni sera effectif en 2019, selon le calendrier précis convenu lors des négociations. Le gouvernement britannique devra adopter également une loi qui mettra fin à la primauté du droit communautaire au Royaume-Uni. Cette loi devrait intégrer toute la législation européenne dans le droit britannique, après quoi le gouvernement décidera sur une période de temps les parties à conserver, modifier ou supprimer.
L’article 50 est un plan pour tout pays qui souhaite quitter l’UE. Il a été créé dans le cadre du traité de Lisbonne – un accord signé par tous les États de l’UE qui a été promulguée en 2009. Avant ce traité, il n’y avait pas de mécanisme formel pour un pays de quitter l’UE. Il est assez court, seulement cinq paragraphes qui énoncent que tout État membre de l’UE peut décider de quitter l’Union, qu’il doit notifier au Conseil européen et négocier son retrait avec l’UE, qu’il y a deux ans pour parvenir à un accord – à moins que tout le monde accepte de l’’étendre – et que l’État sortant ne peut pas prendre part à des discussions internes de l’UE au sujet de son départ.