Comparé à 2017, il s’observe un accroissement prévisionnel de 1500%, preuve que le secteur de construction et de réparation des bateaux connaît une croissance et une demande considérables. Le transport lacustre sur les lacs Tanganyika et Kivu enregistre, en effet, d’intenses trafics, et la demande en navires commerçants demeure insatiable, selon la direction des Marines et voies navigables du ministère des Transports et des Voies de communication.
Le lac préféré à la route.
Dans les grandes agglomérations de l’Est, partant de Kalemie à Goma en passant par Uvira et Bukavu, le transport par voie d’eau est de plus en plus préféré à la route de moins en moins sûre du fait de l’activisme des groupes armés et autres coupeurs des routes. Des transporteurs routiers sont contraints de passer par des villes voisines rwandaises pour joindre Goma à Bukavu. Ce qui passe, dans l’opinion comme une servitude inacceptable d’autant plus que la police frontalière et la douane rwandaises opèrent des confiscations de certains biens des voyageurs r-dcongolais pourtant en transit. Longtemps monopole de la SNCC, Société nationale de chemins de fer du Congo aujourd’hui en difficulté, le transport lacustre est quasiment passé entre les mains des privés. Et des sociétés de constructions navales champignonnent, en effet, dans l’Est du pays, notamment dans les villes de Goma et Bukavu.
Made in DRC.
Il est des entreprises qui font à la fois la construction et le voyage. Il s’agit notamment de l’établissement Silimu qui compte à son actif sept navires construits dans ses chantiers navals de Bukavu et de Goma avec une main-d’œuvre 100% R-dcongolais, se vante-on à Silimu, designers, ajusteurs, mécaniciens, électriciens…Il n’y a que les moteurs et autres accessoires de construction qui sont importés. Le dernier navire de la série mesure 58 mètres de longueur et 12 mètres de largeur. Il a nécessité au bas mot 2 millions de dollars. Ce bateau a, en effet, été débaptisé Emmanuel IV en souvenir de Semanyenzi Munyunzangabo Emmanuel qui, en 1979 déjà, s’était lancé, en autodidacte, dans le chantier naval à Bukavu. La société SILIMU est, en effet, tenu par ses héritiers. Elle emploie 1200 personnes au Nord et Sud Kivu.
Et chaque jour, quatre navires font l’aller-retour Goma-Bukavu en raison de deux navires alignés au départ de chaque ville. Quelque 1500 passagers prennent les navires Silimu au quotidien. Un autre navire, un cargo, assure le trafic entre les villes r-dcongolaises riveraines du lac Tanganyika dont Kalemie, Nyunzu, Moba, Manono, Kavumu, etc., Uvira. Les constructeurs des navires comptent, à ce jour, parmi les plus gros contribuables des provinces de Nord et Sud Kivu ainsi que du Tanganyika.
Fiscalité…de pirates.
Mais ils déplorent des tracasseries des services pourtant illégaux qui opèrent dans différents ports lacustres ainsi que des impôts et taxes montés de toutes pièces par les administrations fiscales provinciales. Parmi les taxes et autres droits qui empoisonnent le climat des affaires, des constructeurs des navires et des armateurs déplorent, par exemple, les droits pour prestations particulières effectuées à la demande du conducteur ou d’autres personnes intéressées exigés par la Police fluviale et lacustre ou encore les droits pour prestations particulières effectuées à la demande du capitaine, du consul, du conducteur ou d’autres personnes intéressées. Cet armateur qui s’est confié à la presse locale, crie haro sur des taxes qui ont tout l’air des rançons exigées par des pirates. Selon nos sources, en 2016, plus de 500 millions de FC ont été versés par des auxiliaires de transport maritime, fluvial et lacustre, mais 42 millions seulement ont été officiellement enregistrés par la DGRAD. Pour l’exercice 2018, la taxe d’agrément inhérente aux services publics et professions d’auxiliaires précités est estimée à plus de 610 millions de FC. En 2016, les armateurs ont versé plus de 100 millions de FC au trésor au titre des droits fixes de police fluviale et lacustre pour le transport des marchandises et des personnes, mais la DGRAD n’a signalé que 88,1 millions de FC. La Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et des participations escompte percevoir plus de 365 millions de FC sur cet impôt indirect en 2018. Et la taxe sur la construction d’un bateau ou d’une embarcation devrait rapporter 60 millions de FC au moins, selon les projections 2018 du ministère des Transports. Dans le pan Ouest du pays, la plupart des chantiers sont soit à l’abandon soit en marasme faute de marchés. Il s’agit notamment du chantier naval de la Société commerciale des transports et des ports, SCTP ex-ONATRA ou encore celui de l’entreprise parapublique, Chanimétal. Ce constructeur naval a, il sied de le rappeler, initié une procédure judiciaire en référé devant le tribunal de Grande instance, TGI de la Gombe, sous le RRE 91/2017 en annulation de l’attribution du marché « Europe AID/135950/IH/SUP/CD/Bateaux multifonctions/Lot 1 et lot 2, relatif à la conception, fabrication, fourniture et livraison des bateaux multifonctions à la Régie des voies fluviales (RVF) » par la Cellule d’appui à l’ordonnateur national du fonds européen de développement (COFED) à la société JGH Marine. L’action est pendante depuis septembre 2017 devant le TGI de la Gombe.